NETTALI.NET- Les analystes politiques Yoro Dia et Babacar Justin Ndiaye ont commenté l’actualité politique de la semaine avec en toile de fond, la formation du gouvernement de Souleymane Ndéné Ndiaye et l’entrée de Karim Wade au gouvernement. C’était au cours de l’émission Remue-ménage diffusée par la radio privée Futurs Médias.
« C’est un gouvernement extrêmement politique. Ce que l’on constate c’est qu’en neuf ans de pouvoir, les libéraux ont eu plus de premier ministre que les socialistes en 40 ans de pouvoir. Cela dénote une instabilité politique », commente Yoro Dia.
Babacar Justin Ndiaye a quant à lui, analysé les résultats des élections locales : « lorsque vous perdez des capitales provinciales, vous ne pouvez pas récuser des termes comme bérézina. Les libéraux ont une lecture erronée des résultats des élections locales. Ce gouvernement ressemble à une barque qu’on veut utiliser pour arriver en 2012, mais, gare au triangle des Bermudes ».
Dénonçant la nomination de Karim Wade comme ministre d’Etat, Yoro Dia explique : « Karim Wade a une posture exceptionnelle. Fils de chef d’Etat, ambitieux politiquement, il est un personnage à part au Pds. Même les prérogatives dont il a la charge, posent problème. Son ministère pose un problème administratif. Si on applique la logique politique, Karim Wade ne devait pas être ministre. C’est la première fois dans l’histoire que quelqu’un entre dans un gouvernement avec le titre de ministre d’Etat. C’est de l’empressement.
Le tiers du gouvernement, note Yoro Dia, est composé de ministres d’Etat. « Quand on dit ministre d’Etat dans une République, c’est un titre qui consacre une carrière impressionnante. Il faut s’attendre à avoir avec Wade, un gouvernement essentiellement composé de ministres d’Etat », souligne-t-il par ailleurs.
Sur la même question, M. Ndiaye affirme : « on veut rectifier de grosses erreurs par de petites erreurs. La première voie empruntée par Karim Wade pour arriver au pouvoir a été bouchée. Le président a une capacité de manœuvre, mais, il n’a plus le temps de la manœuvre. Karim Wade aurait dû emprunter le même parcours que Jean Colin. On lui a taillé un ministère sur mesure. Karim Wade va contrôler l’espace aérien et l’espace terrestre. Il aura l’opportunité de multiplier les inaugurations et être en contact avec les populations. Le style de Wade est extrêmement politicien. Si ces gens avaient convoqué l’histoire, Karim Wade aurait été initié très tôt. Lorsqu’on peut faire tout ce que l’on veut, il devient difficile de faire ce qu’on doit ».
Et de préciser : « le développement est le cadet des soucis de Wade. La formation de ce gouvernement révèle les préoccupations éminemment politiques ou électoralistes. On a un gouvernement obscurément politique. L’orthodoxie républicaine est piétinée. Quand on regarde ce gouvernement, on constate une cohorte de ministres d’Etat. C’est un titre qui récompense une légitimité politique et une performance remarquable. Wade a dévalué le titre de ministre d’Etat »
« On n’a pas besoin d’un vice-président », juge Yoro Dia qui, ajoute : « on ne se préoccupe pas du véritable débat qu’est la finance publique. La gestion des finances publiques est une insulte à l’Etat que nous a laissé Senghor ».
En ce qui concerne la volte face de Wade sur le projet Kawsara, Yoro Dia s’interroge : « pourquoi les gens viendraient investir dans un pays où, le président peut arrêter un projet en Conseil des ministres ? »
0 Commentaires
Participer à la Discussion