L’enseignement mène à tout. Voilà le genre de propos dont les éducateurs se plaisaient à répéter. Et c’était une façon, sans doute, de vanter les qualités du maître. Cette vérité-là n’est plus de mise. En effet, depuis le dernier Conseil des ministres, le président Wade aurait, selon une bonne source, demandé au ministre des Collectivités locales, Ousmane Masseck Ndiaye, de mettre fin à la nomination des enseignants dans l’administration territoriale. Dans la longue liste publiée par Le Soleil du samedi dernier, aucun enseignant n’a été promu au poste de sous-préfet ou d’adjoint. Le président Wade a fait le plein de secrétaires d’administration dans les sous-préfectures. Il s’agit de fonctionnaires sortants du cycle B de l’Ecole nationale d’administration (Ena) après deux ans de formation. Leur option est bien l’administration territoriale.
Une façon pour le chef de l’Etat de mettre l’homme qu’il faut à la place qu’il faut ? On pourrait bien répondre par l’affirmative. Mais, en réalité, Wade a cédé à la complainte de ces fonctionnaires dont, semble-t-il, une soixantaine s’ennuyait dans les bureaux de la Direction de l’administration générale et des affaires (Dagat) et ailleurs dans l’administration. A coup sûr, ces secrétaires d’administration ont dû s’en ouvrir au président de la République qui a répondu favorablement à leur requête. Ils ne sont, d’ailleurs, pas les seuls sortants de l’Ena à tourner en rond dans les bureaux ‘vides’ de la Dagat ou ailleurs. Des énarques du prestigieux cycle A sont dans la même galère. Pour s’en sortir, il faut activer, semble-t-il, des réseaux. C’est, à l’apparence, un verrou qui saute pour ces sortants de l’Ena avec le dernier Conseil des ministres. Quelque quatre instituteurs et un médiateur pédagogique ont été nommés, mais il s’agit de redéploiement.
La porte du commandement territorial est donc, désormais fermée aux instit’ et autres profs. Le mythe de l’instituteur qui sait tout faire s’est brisé. Jadis, sortants des Ecoles normales régionales (Enr) après quatre ans, le maître était bien préparé pour s’acquitter des tâches administratives dévolues au sous-préfet. D’autant qu’au terme de sa formation, l’instituteur démarrait sa carrière dans un village où il était pour les populations le médecin, le policier, l’administrateur, etc. Cette race d’instituteurs ne court plus…les écoles. Depuis 1994, ces Enr sont supplantées par les Ecoles de formation des instituteurs (Efi) au profil largement en-deçà de leurs collègues normaliens. La situation s’est empirée aux yeux de l’opinion avec l’arrivée du corps des volontaires, des enseignants recrutés à partir du diplôme de la troisième des collèges. Voilà, sans doute, des raisons qui ont dû ruiner la chance des instituteurs de passer dans le commandement territorial. Naturellement, d’autres issues leur sont ouvertes. Il leur faut faire le concours professionnel du cycle A ou B de l’Ena. Et il y en a qui s’en tirent à bon compte.
Une porte se ferme donc pour les enseignants, tout comme pour les politiciens. Eux qui parrainent leur candidature dans l’administration territoriale. Car, il est vrai que les postulants constituaient un dossier, mais ceux qui y vont sans l’appui du député ou du ministre du terroir seront toujours déçus. Un fonds de commerce politique s’est, ainsi, tari pour les responsables qui espéraient pouvoir satisfaire le bon militant du terroir. Wade en a ainsi décidé sous la pression des vrais ayants droit. Lui qui se plaît à magnifier les cadres qui l’entourent et à flageller le niveau intellectuel des leaders de l’opposition.
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