Conquête collective du pouvoir :La Cpa évite le clash

"L'après-Wade ne sera pas un chaos". Les partis membres de la Coalition populaire pour l'alternative (Cpa) ont dû verser beaucoup d'eau dans leur vin pour arriver à cette garantie théorique, donnée hier par Madior Diouf. Mais leur "consensus", est-il vraiment d'acier ?
C'était hier le jeudi de toutes les possibilités pour les partis membres de la Coalition populaire pour l'alternative (Cpa). Car, bien avant leur rencontre, tenue comme à l'accoutumée au domicile de Amath Dansokho, chef de file du Parti de l'indépendance et du travail (Pit), tous les responsablesprésents savaient qu'il y avait une réelle pomme de discorde, qui pouvait faire sauter une commune volonté d'affronter l'actuel tenant du pouvoir, Me Abdoulaye Wade : "la clef de répartition des rôles et pouvoirs", s'ils prennent le dessus sur leur adversaire libéral en 2007. Et justement à son propos, leurs deux "poids lourds", le Parti socialiste (Ps) et l'Alliance des forces de progrès (Afp) ne parlaient pas le même langage : pour la première formation, la Cpa étant fondamentalement (et obligatoirement) favorable à un régime "parlementaire", c'est l'Assemblée nationale qui devrait en conséquence désigner le Premier ministre. Contrairement aux amis de Ousmane Tanor Dieng, ceux de Moustapha Niasse estimaient que le chef du gouvernement devrait être désigné par le chef de l'État élu par les Sénégalais ; même si les pouvoirs et prérogatives de ce dernier étaient à vraiment repasser au peigne fin. Mais à l'arraché, à en croire leur porte-parole du jour, Madior Diouf du Rassemblement national démocratique (Rnd), un "consensus" a été trouvé. Il porte sur "l'orientation sur la gestion du pays". Cependant, des questions pratiques persistent. Parmi elles, qui de M. Niasse et de M. Dieng sera le président ? Qui sera le Premier ministre ? Probablement que la réponse tombera la semaine prochaine : le Ps ayant déclaré, par son porte-parole Abdoulaye Élimane Kane, que leur formation politique se prononcera sur la candidature unique de la Cpa le 31 octobre prochain. Une question quand même embarrassante, pour qui sait que M. Niasse, avancent d'aucuns, a devant lui sa dernière chance de devenir chef de l'État. Ousmane Tanor Dieng, talonné par des camarades ambitieux comme Robert Sagna, n'est-il pas également dans le même cas ; pour qui sait que dans cinq ans, d'autres longues dents pourraient s'affirmer dans son parti ? Un autre problème pourrait aussi basculer l'échafaudage : la remise en question, par les autres composantes de la Cpa , de l'alignement derrière Moustapha Niasse et Ousmane Tanor Dieng. Car, Amath Dansokho du Pit et Abdoulaye Bathily, secrétaire général de la Ligue démocratique, ont combattu tout leur militantisme durant le régime socialiste ; qui a donné politiquement naissance à Moustapha Niasse. Mais voilà, la Cpa semble sereine. Elle a également assuré, au sortir de sa réunion hebdomadaire d'hier, que la "nomination aux fonctions civiles et militaires", autre pomme de discorde, a fait l'objet d'un consensus. Pour l'heure, a ajouté Madior Diouf, leur travail a démontré la "détermination de la Cpa ". Le dirigeant du Rnd a encore scandé que "l'après-Wade ne sera pas un chaos". Quels sont les termes de leur "accord" avec l'ancien Premier ministre, Idrissa Seck, qui veut également la place de son ancien mentor, Me Wade ? Sur ce point comme les précités, M. Diouf n'a pas versé dans les détails. En tout cas, demain il pourrait bien faire jour.