Autant le candidat Me Wade déclaré gagnant de l’élection de présidentielle de dimanche dernier par les résultats encore provisoires s’est emmuré dans un silence bavard, autant ses adversaires politiques ont subitement perdu la voix. Dans les états-majors, comme dans les directoires de campagne, c’est le silence radio. La surprise née des résultats inattendus qui sont sortis des urnes en est sûrement la cause. L’opposition qui croyait, au moins, à un deuxième tour, a eu la surprise de se faire coiffer au poteau par le président de la République sortant. Avec un écart irrationnel. Voire déraisonnable.
Et pour trouver une explication ou avoir une lecture de leur naufrage électoral de dimanche dernier, les candidats deviennent subitement aphones, eux qui avaient l’habitude de se faire entendre pour des évènements de moindre envergure. Si le Parti socialiste se convainc d’une «fraude à grande échelle» pour justifier la performance (?) de Me Wade, un des alliés de la coalition Alternative 2007, Amath Dansokho, se garde de faire un commentaire. Du moins, pour le moment. Joint au téléphone, l’irréductible adversaire de Me Wade, alors prompt à dénoncer les errements et les dérapages, se veut prudent. «Nous n’avons pas encore fait l’évaluation des résultats au niveau de la coalition. Nous attendons samedi pour tirer les leçons», souffle-t-il au bout du fil. Les résultats ont-ils douché froidement le secrétaire général du Parti de l’indépendance et du travail (Pit) au point qu’il perde sa voix ? En tout cas, Amath Dansokho laisse entendre sa déception. L’air dérouté, il crache : «C’est tellement grossier que je ne veux pas faire de commentaires à titre personnel.»
Si l’allié de Moustapha Niasse a été avare en mots, ce n’est pas le cas du côté de la coalition Jubbanti Sénégal porté par le candidat Abdoulaye Bathily. Les maintes tentatives d’entrer en contact avec lui sont restées vaines. Ce mutisme noté dans les états-majors politiques peut s’expliquer par la désillusion de ceux-ci, née des résultats provisoires. Tout comme la majorité des Sénégalais, l’opposition, partant des dérives notées durant le septennat de Me Wade et de la vague de protestations, ne pouvait croire à une victoire du Président sortant. En effet, les espoirs d’un vote-sanction du peuple à qui le régime a imposé une vie d’enfer se sont fondus un soir du 25 février. Hypothéquant ainsi le rêve de succéder à Me Wade. Cette défaite de l’opposition est d’autant plus dure que la plupart des candidats sont au crépuscule de leur vie politique, compte tenu de leur âge. Attendre encore cinq ans pour briguer un mandat paraît impossible surtout que leur score ne leur prédit pas des lendemains plus radieux.
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