Autant le gouvernement se montre volubile sur sa volonté de doter le monde rural de semences de bonne qualité, autant sur le terrain, il peine parfois à satisfaire le désir des paysans. Ainsi, dans le département de Linguère, cinquante-deux villages qui refusent de vendanger leurs chances lors des prochaines récoltes, ont purement et simplement décidé de boycotter les graines d’arachides mises à leur disposition. Estimant que les semences sont de « mauvaise qualité parce que pleines de vers et autres parasites capables d’hypothéquer une bonne campagne agricole », les travailleurs de la terre du Ferlo exigent de l’Etat d’autres semences.
L’hivernage s’annonce difficile pour les paysans de cinquante-deux villages du département de Linguère qui espéraient avoir des semences de qualité. En effet, les paysans vivant dans la communauté rurale de Thiamène-Pass qui s’étaient donné rendez-vous, hier, dans la commune de Dahra Djolof, ont tout simplement décidé de boycotter la distribution des graines d’arachides entamée depuis hier. Debout comme un seul homme, les paysans du Ferlo ont catégoriquement préféré ne pas prendre le produit qu’ils qualifient de semences pourries ». Réunis autour de leur président, Mbaye Penda Thiane, les chefs de villages refusent de vendanger leurs prochaines récoltes, car, disent-ils, « les graines contiennent des vers et autres parasites, qui, à coup sûr, hypothéqueront les rendements, lors de la saison des pluies qui pointe à l’horizon ».
Très remontés contre l’Etat, ils exigent de ce dernier de retourner les graines qui dorment dans le hangar de la ville et de les échanger avec d’autres semences de bonne qualité. Pour eux, « le gouvernement n’éprouve aucun attrait vis-à-vis du département de Linguère qui est toujours jeté à la poubelle comme de vieilles chaussettes, dès qu’il s’agit de la distribution des semences ». Car, de l’avis de Tapha Thiane, « chaque année, soit la qualité des graines fait défaut, soit l’insuffisance du tonnage alloué au Ferlo dépasse les règles élémentaires d’un traitement équitable ». Et d’ajouter : « trop, c’est trop ! Si les autorités ne peuvent pas nous traiter sur le même pied d’égalité avec tous les autres acteurs du monde rural, elles n’ont qu’à venir ramasser leurs graines et aller voir ailleurs ».
Ce vent de contestation qui souffle sur le monde paysan n’échappe pas la gent féminine et les jeunes du Djolof. Tous dénoncent, avec la dernière énergie, leur absence dans la composition de la commission chargée de la distribution des arachides. « Nous demandons que les autorités corrigent cette injustice, car, cette discrimination est contraire aux lois et règlements qui sous-tendent le fonctionnement normal de la commission composée essentiellement des personnes du troisième âge », martèle El Hadj Mbaye Sylla.
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