FONCTIONNEMENT - Consulat général du Sénégal à Paris : Léopold Faye étale les difficultés de ses services

Sur la liste des difficultés liées aux conditions de vie des Sénégalais en France, la question de la lenteur dans la fabrication des passeports est certes la plus récurrente. Mais, il faut dire que nos ressortissants, étudiants, surtout, se plaignent également de «l’incapacité» du Consulat à résoudre leurs problèmes d’ordre social, communicationnel, etc. C’est pour trouver une solution que le Consul général, Léopold Faye, et son équipe ont reçu, samedi dernier, une délégation d’étudiants.

Chez les Sénégalais de Paris, étudiants surtout, le Consulat général n’a pas bonne presse. Accueil qui laisse à désirer, manque d’informations, absence d’assistances aux compatriotes en difficultés, «collaboration» avec l’Administration française dans l’expulsion de «compatriotes», précarité des étudiants, etc. C’est généralement ces genres de plaintes qui pèsent sur l’administration consulaire. Samedi, lors d’une rencontre avec les responsables des différentes associations d’étudiants sénégalais en Ile de France, ces questions sont souvent revenues dans les débats.

DEFAILLANCE DE L’ACCUEIL

Les étudiants ont, notamment, insisté sur la défaillance de l’accueil. En effet, pour avoir un renseignement, vous êtes obligés de vous déplacer jusqu’à la rue Hamelin, dans le XVIe arrondissement. Aucune possibilité d’être renseigné par téléphone : le local qui fait office d’«Accueil» est vide. Et si l’on sait combien le temps est précieux ici, c’est dire tout le préjudice que cela porte aux ressortissants sénégalais, qui travaillent à longueur de journée et qui, dans la plupart des cas, habitent à des heures de train. Sans compter les étudiants de Provence qui n’ont pas à monter jusqu’à Paris pour uniquement un renseignement. Cette situation indispose les compatriotes.

Au Consul général, les étudiants ont rappelé cette vieille doléance. Léopold Faye reconnaît que c’est pénible. Pour M. Faye, «le problème, c’est que les moyens qu’il faut nous ne les avons pas ni sur les plans budgétaire et financier, ni sur le plan des ressources humaines. Vous avez parlé du téléphone, mais c’est le mal que j’ai trouvé ici. Comment voulez-vous qu’un consulat ne dispose pas d’une standardiste et d’une réceptionniste ? Vous imaginez, c’est une difficulté majeure. Un standard qui dit pour tel service appuyez sur tel numéro, alors que la personne a besoin d’avoir des informations : si je veux déposer mon passeport, qu’est-ce qu’il faut comme documents avant de me déplacer. Mais, ce sont là des problèmes qui sont liés aux moyens qu’on nous a donnés. Ça ne veut pas dire que nous ne sommes pas conscients, nous sommes biens conscients et nous nous battons pour que ce handicap soit comblé».

«NOUS NOUS COTISONS POUR…»

Et le consul de faire dans la confidence : «Nous espérons (une amélioration), parce qu’on nous a promis quatre postes. Mais, avec les nouvelles mesures qui viennent d’être annoncées, nous continuons toujours à espérer.» L’assistance aux Sénégalais est l’autre mal qui gangrène le consulat. Pour cette question aussi, le consul livre la même réponse : «Ce qu’il faut comprendre, l’assistance sociale n’a pas de budget. Quand il s’agit d’un Sénégalais qui n’a plus d’attache, plus de ressource, nous essayons de trouver quelqu’un pour l’héberger. Nous nous cotisons nous-mêmes pour l’aider financièrement. Je ne vous le cache pas. Et nous demandons au ministère des Sénégalais de l’extérieur, qui dispose d’un budget social, de financer, s’il désire retourner, son billet. Nous n’avons même pas ces moyens-là.»

«Donc, il faut comprendre que l’assistance sociale est là pour accompagner, identifier les problèmes et trouver des solutions administratives à ces problèmes, lorsqu’il s’agit de démarches auprès de préfectures ou lorsqu’il s’agit de démarches auprès de l’administration sénégalaise. Nous sommes conscients qu’il faut des moyens pour l’assistance sociale. Je pense que mes prédécesseurs l’ont toujours demandé. Et, j’ai encore demandé qu’il faille que notre assistance sociale soit dotée de moyens. Parce qu’il y a beaucoup qui sont dans des conditions difficiles, ils viennent nous voir, mais nous n’avons pas les moyens de les aider», explique encore M. Faye.

EN LUTTE CONTRE LES FAUSSAIRES

Sur la question des bourses, le directeur du Service de gestion des étudiants sénégalais à l’étranger, Ousmane Thimbo, a apporté des précisions aux attestations. En effet, nombreux sont les étudiants non-boursiers à qui on établissait des attestations pour leur permettre de justifier leurs ressources. Mais, certains en abusaient jusqu’à revendiquer une bourse qui ne leur a «jamais été attribuée». «Nous, on a compris le comportement de certains étudiants. C’est pourquoi, maintenant, on ne délivre plus d’attestation qui n’entre pas dans les normes. Si vous avez une bourse, vous aurez une attestation de bourse, et si vous avez une aide, vous aurez une attestation d’aide.»

Au cours de cette réunion, les autorités consulaires ont informé les délégués des étudiants de la mise en place d’une base de données qui recense les doctorants. «La raison de ce recensement est que nous préparons leur réinsertion future au Sénégal», explique le consul.