La première motion de censure de l’histoire politique du Sénégal a conduit à la destitution du Président du Conseil de gouvernement, Mamadou Dia le 17 décembre 1962, suite à son vote. Par contre, la deuxième qui concerne Abdoul Mbaye, ancien premier Ministre sous le magistère du Président Macky Sall a été rejetée par le 26 décembre 2012. Aujourd’hui, comme 1962, le contexte est chargé et il y a presque un équilibre en termes de voix entre les formations politiques pour ne pas dire entre les camps. Si nous prenons en compte, les indécis au sein de la mouvance présidentielle, on peut dire, parier que tout peut arriver.
Jusque-là, le Sénégal a connu deux motions de censure. La première est passée comme une lettre à la poste. Elle a été sanctionnée par la destitution de Mamadou Dia, Président du conseil du gouvernement en 1962. Elle est survenue, seulement deux ans après les indépendances. Il a fallu environ 60 ans pour une autre procédure de ce genre. Et, c’est autour de Abdoul Mbaye de faire face aux députés du Parti démocratique sénégalais et des non-inscrits. Ces derniers lui reprochaient d’avoir blanchi l’argent du Président tchadien Habré. Les parlementaires ne faisaient pas le poids même si la motion avait été jugée recevable par l’Assemblée Nationale. Aujourd’hui, c’est au tour de l’actuel Premier Ministre de se soumettre au même exercice, ce jeudi alors qu’il venait de faire la Déclaration de politique générale (DPG), lundi, devant l’Assemblée nationale.
Son gouvernement fait l’objet d’une motion de censure déposée le même jour, à la pause, par le président du groupe parlementaire Yewwi (opposition), Birame Souleye Diop. L’Assemblée nationale peut provoquer la démission du Gouvernement par le vote d’une motion de censure selon l'article 89 du règlement intérieur de l'Assemblée nationale.
La motion de censure doit rassembler la majorité absolue au sein de l'Assemblée Nationale, soit 83 voix. Si celle-ci est atteinte, le Premier Ministre sera tenu démissionné emportant du coup son gouvernement. Dans un contexte très différent au regard du nombre de député de la mouvance présidentielle et de l'opposition, peut-on croire que Amadou Bâ aura la chance de Abdoul Mbaye ?
Mamadou Dia en 1962, une arrestation dans la douleur
Le 17 décembre 1962, le Sénégal a connu une dualité au sommet de l’Etat. Le Président du Conseil, Mamadou DIA, s’opposait au vote d’une motion de censure par l’Assemblée nationale en faisant investir les lieux par les forces de l’ordre.
Peine perdue. Des députés avaient manifesté la volonté de voter dans l’après-midi, la motion de censure. Elle était déposée quarante-huit heures plus tôt comme le veut la Constitution. Mamadou Dia, Président du Conseil de gouvernement, avait fait recours aux forces de la gendarmerie pour empêcher ce vote. Quatre personnalités de l’Assemblée, accusées d’être les leaders de l’opposition à son gouvernement ont été arrêtées. Il s’agissait de Ousmane Ngom, secrétaire de l’Union Progressiste Sénégalais (UPS), second vice-président de l’Assemblée, président de la haute cour de justice, Abdoulaye Fofana, secrétaire administratif de l’UPS et ancien ministre, des députés Magatte Lô et Moustapha Cissé.
Malgré les protestations du président Lamine Guèye, les forces de gendarmerie, obéissant aux ordres du Président du Conseil, appréhendent, non sans peine, les députés que leurs collègues tentaient de défendre. Les députés Demba Diop et André Guillabert ont été roués de coups en tentant de s’interposer. C’est par la suite que les députés se sont repliés au domicile de Maître Lamine Guèye. Une séance s’est tenue dans le salon du premier étage. Ils avaient été rejoints par plusieurs ministres qui se désolidarisant ainsi d’un gouvernement qui, à leurs yeux, empêchait le fonctionnement légal des institutions. Il s'agissait de Maître Doudou Thiam, ministre de la Justice, M. Karim Gaye, ministre de la Fonction publique et du Travail, M. Amadou Cissé Dia, ministre de la Coopération technique, M. André Guillabert, ministre des Affaires étrangères, M. Emile Badiane, ministre de l’Enseignement technique et de la Formation des cadres, M. André Peytavin, ministre des Travaux Publics et M. Alioune Badara Mbengue, ministre de l’Industrie et du Tourisme.
La décision de Senghor
Lamine Guèye demande au Chef de l’Etat l’autorisation de siéger légalement pour voter à l’heure fixée la motion de censure. Cette autorisation lui ayant été accordée. L’Assemblée adoptait à la majorité absolue de 47 voix des 47 députés présents la motion de censure destituant le gouvernement. Dès lors, le gouvernement n’avait plus aucune existence légale. Mais bien que le Building administratif eût été encerclé et son accès interdit par les parachutistes, M. Mamadou Dia refusait de s’incliner devant la loi. Mamadou Dia sera arrêté le lendemain, 18 décembre 1962 à 18 heures. Certains ministres du gouvernement déchu subiront le même sort. Il s’agit de MM. Waldiodio Ndiaye, Alioune Tall, Joseph Mbaye et Ibrahima Sarr.
Abdoul Mbaye et l’affaire Habré
Le Premier chef du Gouvernement sous le Président Macky Sall sera le deuxième à faire l’objet d’une motion de censure après Mamadou Dia. Presque 60 ans après, les députés de l'ancien parti au pouvoir au Sénégal, le Parti démocratique sénégalais (PDS), appuyés par plusieurs députés non-inscrits, ont déposé une motion de censure contre le Premier ministre Abdoul Mbaye. L’ancien banquier a reconnu implicitement, début novembre, avoir blanchi une partie de l’argent de l’ancien Président tchadien Hissène Habré à son arrivée au Sénégal. La motion a été jugée recevable par le bureau de l’Assemblée nationale. Elle sera examinée en plénière le 26 décembre 2012.
L’Assemblée nationale du Sénégal a rejeté la motion de censure déposée par le groupe Libéraux et démocrates contre le Gouvernement du Premier ministre Abdoul Mbaye. Seuls 14 députés se sont prononcés en faveur de cette motion. « L’Assemblée nationale n’a pas adopté la motion de censure », a déclaré Moustapha Niass, Président de l’institution parlementaire. Selon lui, il fallait 76 voix favorables au texte présenté par les députés membres du Parti démocratique sénégalais (PDS, opposition).
Des députés non-inscrits ont soutenu cette proposition. Mais la majorité parlementaire était contre l’initiative. Le règlement intérieur de l’Assemblée nationale n’autorise pas la publication des voix qui ont rejeté la motion de censure.
3 Commentaires
Jamm Rek
En Décembre, 2022 (12:12 PM)Participer à la Discussion