LE PRÉSIDENT ABDOULAYE WADE SUR « FRANCE 24 » : « Je veux laisser une image d’un grand bâtisseur ! »

Le président de la République était, la semaine dernière, l’invité du « Débat de France 24 », la nouvelle chaîne francophone internationale. Me Wade a fait confidence de son ambition pour le Sénégal, s’est exprimé sur la situation au Darfour et est également revenu sur ses déclarations à l’endroit de Nicolas Sarkozy sur son concept d’immigration choisie.

Paris (France) - L’ambition du président Abdoulaye Wade, c’est de laisser aux Sénégalais et au reste du monde le souvenir « d’un grand bâtisseur », père de grandes réalisations pour son pays, « avec peu de moyens ». Le chef de l’État a fait la révélation, la semaine dernière, sur la chaîne de télévision « France 24 » où il était invité dans l’émission « Le Débat de France 24 ». Me Abdoulaye Wade est également revenu sur ses échanges avec Nicolas Sarkozy qui « a voulu nous imposer son concept d’immigration choisie ». Le chef de l’État a de ce fait rappelé les relations historiques entre le Sénégal et la France, refusant que notre pays soit traité de la même manière que d’autres États africains ou du monde. « Il faut bien comprendre que nous sommes en rapport avec la France depuis trois siècles. Nous avons les mêmes formations intellectuelles, sommes sortis des mêmes universités avec les mêmes enseignements. Il faut alors nous parler comme un interlocuteur qui a les mêmes compétences, et la même intelligence », a affirmé le Président Abdoulaye Wade.

Le chef de l’État d’ajouter sur l’immigration choisie : « Dès l’instant où on choisit, on ne laisse pas de liberté à l’autre, et c’est ça que j’ai voulu faire comprendre à Nicolas Sarkozy ». Le message semble être bien entendu puisque « nous avons signé un accord sur l’immigration des Sénégalais en France ». Une fois de plus, le chef de l’État a martelé son opposition à l’émigration, affirmant qu’il a « besoin de cette main d’œuvre pour construire le Sénégal ». Il a aussi donné l’exemple de l’Espagne, un bon allié avec qui « les choses sont allées très vite » pour gérer les flux migratoires. Il semblerait, toutefois, que l’Espagne serait désormais devant la France en matière d’investissements au Sénégal. Me Abdoulaye Wade a dit être mis au courant par le Premier ministre espagnol José Luis Rodriguez Zapatéro. Si cela s’avère vrai, « c’est quand même déplorable pour la France », a affirmé le chef de l’État.

Parlant de l’exploration du marché africain par la Chine, le président Wade a reconnu un « changement dans l’évolution des rapports internationaux ». À son avis, « la Chine est une grande puissance qui produit, (qui) a besoin de faire du commerce et, surtout, a défini une nouvelle stratégie de coopération tout à fait intéressante », notamment pour l’Afrique. Enfin, le président Abdoulaye Wade a déploré la situation qui prévaut au Darfour où des milliers d’innocents sont victimes d’un conflit armé qui perdure. À ce sujet, le président de la République s’est dit favorable au « droit d’ingérence ». « Lorsque les droits de l’homme sont menacés dans un pays, je suis tout à fait d’accord qu’une grande puissance y aille pour rétablir les choses », estime-t-il. Le président Wade est le premier chef d’État africain invité sur le plateau de « France 24 », la nouvelle chaîne de télévision française qui est le pendant de Cnn internationale et de la Bbc World, née le 7 décembre dernier et visible par satellite, via Internet et sur le câble.