Il y a de cela 3 ans, le Président Macky Sall lançant les travaux du Train express régional s'était montré très enthousiaste. "Nous sommes le mercredi 14 décembre 2016. Je donne rendez-vous aux entreprises partenaires le lundi 14 janvier 2019 pour inaugurer la ligne et faire le premier trajet Dakar-Diamniadio en TER", disait-il dans son discours.
Non seulement le Ter n'a pas fonctionné à partir de janvier, mais la date de juin fixée par la suite pour l'exploitation commerciale n'a pas été tenue. Le gouvernement a alors donné un nouveau délai, en novembre. Sur le terrain, il est déjà évident que la date ne peut pas être respectée. D'où l'aveu, dimanche dernier, du ministre Abdou Karim Fofana.
"Il faut dire la vérité, je ne pense pas que le Ter va démarrer ses activités en fin novembre. La date du 30 novembre ce n'est plus possible. Il faut s'en rendre compte. Quelques fois, on annonce des choses, on a la volonté de le faire, et à date échue, ça n'arrive pas. Il faut avoir de la tolérance. Nous ne sommes pas superman. Nous avons des politiques publiques et des projets complexes avec beaucoup de prestataires. C'est la première fois qu'on a un projet de cette taille-là", a-t-il déclaré.
Stade olympique de football de 50 000 places
En réalité, le régime de Macky Sall n'a jamais été "superman" dans le respect des délais de livraison des chantiers. Le chef de l'État le sait tellement bien que, lançant le Ter, il avait promis de mettre la pression sur les entreprises.
"J'exhorte toutes les entreprises partenaires et toutes les autorités impliquées à différents niveaux dans la réalisation du projet à faire preuve de la même diligence dans l'exécution des travaux. Ensemble, nous avons pris des engagements, ensemble respectons nos engagements. Alors, au travail et en avant pour les autres étapes. Et croyez-moi, je ferai souvent des visites de chantier sans prévenir !", avertissait "Super-Macky". A l'arrivé, c'est déjà un an de retard, sans que l'on sache réellement quand est-ce que le train va siffler pour de bon.
Le 8 août 2018, inaugurant Dakar Arena, Macky Sall avait promis un autre stade dans le pôle urbain de Diamniadio. "Je suis heureux de vous dire que je vous donne rendez-vous en 2020 pour l'inauguration d'un stade olympique de football de 50 000 places", jubilait-il.
Port de Kaolack : un an après, rien
Face à la presse, il y a quelques jours, le directeur des infrastructures au ministère des Sports croyait avoir livré une exclusivité à la presse. "Dans les semaines à venir, les autorités vous feront parvenir l'information. Un stade de 50 000 places sera lancé à Diamniadio", déclare Cheikh Ahmeth Tidiane Sarr. C'est dire donc que cette date est perdue d'avance.
Dans cette même période préélectorale, Matar Ba avait annoncé un montant de 40 milliards pour réhabiliter les stades : 20 milliards pour Léopold Sédar Senghor (d'aucuns se demandaient si c'est une "reconstruction" complète) et les 20 autres milliards pour les stades de Kaolack, Ziguinchor et Diourbel. Hier encore, son collaborateur Cheikh Ahmeth Tidiane Sarr a tout conjugué au futur. "Nous prévoyons la reconstruction du stade Me Babacar Sèye de Saint-Louis. (…) A Diourbel, il y aura un centre d'accueil…", déclare-t-il.
Le 20 janvier 2019, Macky Sall lançait les travaux du dragage du port de Kaolack. Au mois d'août dernier, soit 8 mois plus tard, rien de concret sur le terrain. Et pour toute explication, l'adjoint du gouverneur de Kaolack, Thierno Sow expliquait que les techniciens étudiaient la faisabilité des travaux. Ce qui, d'après lui, explique les lenteurs. Pourtant, le dragage a été promis par Macky Sall lui-même en 2012, lors d'un conseil des ministres décentralisé dans la capitale du Saloum. La réalité est la même pour la réalisation du marché central de Kaolack, toujours promis, jamais réalisé.
Cité de l'émergence, université Amadou Makhtar Mbow
Autre chantier ayant connu un retard de livraison : la cité de l'émergence. Le 23 septembre 2014, Macky Sall posait la première pierre de cette infrastructure dont le marché a été gagné par les Marocains du groupe Addoha. 17 tours de 10 étages chacune, soit 648 logements toutes catégories confondues à livrer en 24 mois pour un coût total de 21 milliards. 5 ans plus tard, le chantier n'est toujours pas livré.
En outre, si le gouvernement a orienté des bacheliers dans le privé, c'est que les chantiers du ministère de l'Enseignement supérieur peinent à voir le jour. Lancée en janvier 2015, l'Université Amadou Makhtar Mbow de Diamniadio devait accueillir sa première promotion durant l'année académique 2016-2017.
Dans un premier temps, le gouvernement a été réduit à exiger la signature du contrat avec l'entreprise avant fin 2015. L'ouverture a été renvoyée par la suite à l'année 2017-2018. Nouvel échec. Aujourd'hui encore en 2019-2020, l'État ne sait toujours pas si l'université pourra abriter sa première promotion ou pas. Quant à l'université El Hadji Ibrahima Niass du Sine Saloum, elle a fini par emprunter des locaux, faute d'infrastructure.
S'agissant du building administratif, certes il a été livré, mais les travaux ont accusé presque 3 ans de retard, sans compter un montant qui est passé du simple à plus du double (de 17 milliards à 40 milliards).
Malgré tous ces manquements sur les dates de livraison, Macky Sall demande à l'entreprise chinoise Crbc de réduire le délai contractuel du Bus rapid transit (Brt) de 30 mois à 25 mois.
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