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Politique

MAMADOU DIOP LEADER DU BLOC POUR LA DéMOCRATIE ET LA SOLIDARITé (BDS) ANCIEN MAIRE DE DAKAR : « Pourquoi je ne m’ identifie pas au Front siggil Sénégal »

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MAMADOU DIOP LEADER DU BLOC POUR LA DéMOCRATIE ET LA SOLIDARITé (BDS) ANCIEN MAIRE DE DAKAR : « Pourquoi je ne m’ identifie pas au Front siggil Sénégal »

En visite à Thiès dans le cadre de l’installation des cellules locales de son nouveau parti, le président fondateur du BDS maire de Yoff et ex-maire de Dakar a parlé de ses rapports avec l’opposition la plus significative incarnée par le Front siggil Sénégal, ses démêlés avec les socialistes, mais aussi, les couacs de la politique de décentralisation au Sénégal, en tant qu’expert en la matière.
 
Le Matin : Les élections locales sont reportées au 22 mars 2009. Cela va certainement vous plaire puisque votre parti aura ainsi le temps de se faire connaître davantage des populations.

M. Mamadou Diop : Je suis contre le report des élections. Le Sénégal est un pays démocratique qui a une longue expérience d’élections. Donc pour consolider cet acquis, le pouvoir en place doit arrêter de reporter les élections selon les circonstances. Mais puisqu’ils ont décidé du report avec la majorité qu’ils ont à l’Assemblée nationale, on ne peut que respecter cela. Nous allons donc nous préparer pour les échéances à venir tout en déplorant ce report. 

Qu’est-ce qui motive votre participation aux locales ?

J’ai eu la chance d’évoluer dans la sphère locale étant maire de Dakar pendant 17 ans et actuellement je suis maire de Yoff depuis cinq ans. Donc cela fait presque 22 ans. J’ai même été conseiller municipal. Vous comprenez  donc que depuis une trentaine d’années, j’évolue dans la sphère locale. C’est une motivation. Ensuite, je suis professeur à l’université où j’enseigne le droit local. J’ai également écris un ouvrage sur le droit local que je vis quotidiennement. À travers mon expérience, j’ai tiré un certain nombre d’enseignements. Par ailleurs, le Sénégal a une longue tradition de démocratie locale. La ville de Dakar a été créée en 1857 et depuis  1872, il existe des communes que sont Rufisque, Saint-Louis, Gorée et Dakar par la suite en 1887. Autres motivations, il y a eu des réformes qui ont renforcé l’autonomie locale et particulièrement celle de 1996 que je considère comme la réforme du siècle. Par cette réforme,  l’Etat a non seulement érigé la région en collectivité mais il a donné de nouveaux pouvoirs aux élus locaux, ce qui est très important. Par conséquent, un véritable pouvoir local a émergé et ce pouvoir doit être consolidé. Cela est nécessaire pour l’équilibre démocratique de notre pays puisque qu’il n’y a pas de démocratie véritable sans décentralisation et il n’y a pas de décentralisation sans démocratie, les deux sont intimement liées. Nous vivons donc une expérience très importante et c’est ce qui fait l’importance des élections locales. Et nous voulons donc renforcer cela.

Donc, selon vous, la réforme de 1996 n’a pas abouti ?

Oui ! Il fallait renforcer la décentralisation et le pouvoir local en leur dotant de moyens mais on ne l’a pas fait et je le déplore. C’est pour cela que j’insiste sur la réforme des finances locales qui est une condition essentielle pour la réussite de l’expérience de la décentralisation. On a donné des pouvoirs aux élus locaux : maires, présidents de régions et de communautés rurales mais sans leur donner des moyens parce qu’on n’a pas touché aux finances locales en 1996. On avait renvoyé cette partie de la réforme à des études ultérieures mais jusqu’à présent l’Etat n’a pas osé réformer la fiscalité locale alors que celle-ci aurait permis de renforcer les finances locales. Nous allons donc nous battre, soulever les difficultés que nous rencontrerons pour compléter ces réformes.

Comment comptez-vous vous y prendre pour réussir ce pari ?

Je suis un acteur politique et j’ai créé un parti pour accéder au pouvoir. Et une fois au pouvoir, je compte mettre en branle toute cette expérience au service des populations. C’est ce qui motive d’ailleurs notre participation aux élections locales. Nous voulons aller à la rencontre des populations à travers les différentes localités du Sénégal et leur exposer tout cela. Mais j’ai également écrit un livre sur le droit local comme j’ai eu à le dire tout à l’heure et cela pourra servir aux futurs dirigeants de ce pays dans ce domaine.     

Etes-vous en train de justifier l’échec de la plupart des élus locaux ?

Je dois reconnaître qu’avec la réforme de 1996 on a fait un grand pas en dotant  les élus locaux d’importants pouvoirs mais on ne peut pas travailler en tant que maire d’une commune par exemple si on n’a pas une autonomie financière, c’est une chose très difficile. Cependant, les élus doivent savoir qu’ils sont élus par les populations, par conséquent ils doivent faire de sorte que leurs programmes prennent en compte les besoins de ces dernières. Et pour cela, il faut s’atteler à la réalisation d’infrastructures routières, écolières, hospitalières avec la construction de dispensaires et l’accès à l’eau entre autres. C’est cela qu’il faut faire. En ce qui me concerne, je me suis toujours attelé à cela et avec les 17 années que j’ai passées à la tête de la municipalité de Dakar, j’ai réalisé un bilan positif.

Vous misez alors sur cette expérience que vous considérez comme un atout ?

L’expérience est une bonne chose mais l’atout majeur que j’ai, c’est mon bilan en tant que maire de Dakar mais également à travers tout le pays. Dans presque toutes les régions du Sénégal, j’ai réalisé quelque chose et les populations le savent. C’est pour cela que nous avons osé former un parti politique pour briguer le suffrage des Sénégalais lors des élections locales. Et en plus, j’ai remarqué que partout où nous sommes allés dans le cadre de cette tournée, on a été bien reçu par les populations.

Vous avez quitté le Parti socialiste pour créer le Bds, où vous situez-vous dans le jeu politique, du côté du pouvoir ou du Front siggil Sénégal ?

Notre parti n’est pas membre de la mouvance  présidentielle et nous ne nous identifions pas non plus au combat de l’opposition groupée autour de Siggil. J’estime qu’après les élections de février de 2007, le problème de la reconnaissance du Président ne devait pas se poser d’autant plus qu’ils ont tous participé aux élections et par la suite ils ont utilisé tous les moyens de recours à leur disposition. Et dès lors que le Conseil constitutionnel s’est prononcé pour valider l’élection, je ne vois pas pourquoi le problème de reconnaissance du président élu se pose. À ce niveau, je ne suis pas d’accord avec le front siggil. Ensuite sur le boycott, je n’ai jamais été d’accord alors que j’étais au Parti socialiste. Donc je ne m’identifie pas au front siggil.

Vous êtes centriste, alors ?

Centriste, ça n’existe pas ! Nous sommes là pour dire la vérité pour qu’une démocratie apaisée puisse se construire au Sénégal. Et c’est pour cela que j’appelle aussi bien le pouvoir que l’opposition à se retrouver pour discuter, trouver un terrain d’entente et mettre fin aux affrontements pour l’intérêt du Sénégal.

Mais vous êtes beaucoup plus proche des socialistes ?

Cela fait trente-cinq ans que je ne suis pas d’accord avec la façon dont le parti est dirigé actuellement. Je ne suis pas d’accord et je l’ai dit. Il y avait une gestion opaque, et c’est pour cela d’ailleurs que j’avais créé un courant à l’époque avec Robert Sagna quand je me suis rendu compte qu’on ne m’écoutait pas….

Et pourquoi vous ne vous êtes pas retrouvés avec Robert Sagna ?

Non ! Parce que Robert est parti avant et je voulais encore me donner la chance parce que le parti c’est une partie de moi-même (il frappe la paume de main sur la poitrine). Mon père a aidé Senghor à fonder le Bloc pour la démocratie et le socialisme Bds qui est devenu le Ps donc, c’est une partie de moi-même et je l’ai quitté à contrecœur. Mais comme le parti était mal dirigé, il y avait plus de démocratie et celui qui le dirige fait ce qu’il veut. J’ai donc abandonné cette barque pour créer ma propre barque qui continue toujours dans la mouvance socialiste. J’ai grandi sous l’ombre du Bds de Senghor, c’est pour cela qu’aujourd’hui, j’ai choisi le BDS comme le nom de parti pour dire que je suis toujours sur la ligne qu’avait tracée Senghor. Donc, j’ai le droit de dire mon opposition à la façon dont le PS est géré, j’ai le droit de créer un nouveau parti et de dire que moi Mamadou Diop je suis socialiste. N’est-ce pas ?       



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