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Me El Hadj Diouf,14 ans après le 23 juin : « La démocratie a plus que jamais reculé au sein de l’Assemblée »

Auteur: Yandé Diop

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Le combat de 2011 n’a pas porté les fruits escomptés sur le long terme. « Aujourd’hui plus que jamais, la démocratie a reculé au sein de l’Assemblée »,  selon Me El Hadj Diouf qui alerte sur une détérioration profonde de la démocratie parlementaire au Sénégal. Ceci, quatorze ans après avoir activement participé à la contestation contre le projet de loi du 23 juin 2011 et en de la commémoration de cette date symbolique dans le cadre d’un panel organisé par le mouvement Y en a marre. 
L’ancien député estime que « si nous laissons se banaliser le dévoiement des institutions, nous remettons en cause l’héritage du 23 juin. Il est de notre devoir de maintenir la vigilance et d’exiger une Assemblée qui représente réellement le peuple et non les intérêts d’une élite »,  dit-il, pointant une série de dérives institutionnelles. 
Il fustige les privilèges jugés indus du président de l’Assemblée, dont les avantages cumulés pourraient, selon lui, « financer plusieurs députés ». Il dénonce également un affaiblissement de la représentativité malgré la loi sur la parité, une marginalisation de certaines voix et un déséquilibre dans la répartition du pouvoir au sein de l’hémicycle. 
« Saviez-vous que le Pastef, qui n’a pas respecté la loi sur la parité, a aussi confisqué le poste de vice-président qui revenait à l’opposition ? Cela sur la seule base qu’ils ont proposé un homme », se désole l’avocat, qui fustige, en outre, la loi portant interprétation de la loi d’amnistie qui est pour lui un véritable recul démocratique.
Face à ce constat, Me Diouf appelle à une refondation des institutions, à commencer par le système judiciaire. Il propose la création d’un Conseil supérieur de la justice, distinct du Conseil supérieur de la magistrature, et plus ouvert à l’ensemble des acteurs du système judiciaire : avocats, greffiers, huissiers, magistrats. 
Une telle réforme, estime-t-il, permettrait de restaurer la confiance dans la justice et d’éviter que le droit soit instrumentalisé à des fins politiques.
Revenant sur la journée du 23 juin 2011, l’avocat et député a rappelé avec fermeté son opposition à l’époque, alors qu’il appartenait pourtant à la majorité présidentielle. Membre de la commission des lois, il avait été l’un des rares à dire non, dès les premiers débats, au projet de ticket présidentiel président - vice-président, perçu comme une manœuvre visant à installer une monarchie républicaine.
Refusant d’être, selon ses mots, « un mouton de Panurge », Me Diouf dit avoir mobilisé tous les instruments parlementaires pour faire obstacle à l’adoption du texte : questions préalables, exigences de corrections, retards procéduraux... Pendant ce temps, la pression de la rue montait, avec des citoyens en masse devant l’Assemblée nationale. Il se remémore avoir lancé des appels à la mobilisation sur les plateaux de télévision et à la radio. 
Finalement, face à la contestation généralisée, le président Abdoulaye Wade avait dû retirer le projet.
Auteur: Yandé Diop

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