Ne tombons pas dans le piège !

Les Etats-Unis et le Sénégal sont deux pays amis, liés par une longue tradition de coopération et de respect mutuel. Dès l’époque coloniale, les Etats-Unis avaient ouvert, dans notre pays, une antenne diplomatique, signe de l’intérêt qu’ils lui portent.

De l’indépendance à l’An 2000, cette tradition de fraternité s’est confortée. Après 2000, nos relations se sont élargies, diversifiées et consolidées. Les Etats-Unis comptent parmi les pays que le président Wade a le plus visités. Les Etats-Unis le lui rendent bien.

En choisissant le Sénégal, pour accueillir un don de 270 milliards de francs, dans le cadre du Mca, alors que de très nombreux Etats, dans le monde, se battaient pour bénéficier d’une pareille faveur, les Etats-Unis ont prouvé, au monde entier, qu’ils considéraient le Sénégal et son leader, qu’ils les soutenaient et qu’ils appréciaient, fortement, le régime politique en vigueur, sa stabilité, son respect des droits humains et son attachement à la démocratie.

En nous annonçant notre éligibilité au Mca, alors que le Sénégal, en bute aux inondations, était le siège d’une tension sociale latente, les Etats-Unis cherchaient à conforter notre leadership, à un moment où nous en avions le plus besoin.

Dans un pays où rien ne se fait au hasard, cet acte avait une valeur symbolique très forte. Il était un signe d’encouragement et une marque de sympathie aux yeux du peuple sénégalais et du monde entier.

L’annonce des 270 milliards du Mca a, indubitablement, suscité l’espoir dans la conjoncture de l’époque, calmé les esprits et restauré la confiance.

Evidemment, tout cela n’a pas été vu du bon œil par tous ceux qui combattent le régime de l’Alternance.

Ils étaient aux aguets de la moindre occasion, pour créer une tension artificielle entre les Etats-Unis et le Sénégal, alors que le président Wade a salué l’arrivée de Barack Obama au pouvoir et ne cesse de le présenter comme un modèle, pour la communauté des leaders modernes.

La lettre publiée dans la presse, au nom de l’ambassadeur des Etats-Unis, a fait l’objet de certains commentaires, si excessifs et, quelquefois, si incendiaires, dans quelques organes de presse, qu’ils ont pu blesser, sans le vouloir, l’honneur et la dignité d’un pays dont l’âme est macérée dans les valeurs de « Jom », de « Fulla » et de « Fayda ».

Ces commentaires visaient à se moquer du Gouvernement de l’Alternance, à chatouiller son amour propre et son sens de la fierté, afin de desservir les bonnes relations entre les Etats-Unis et le Sénégal.

La situation était telle que notre pays ne pouvait ne pas réagir, pour ne pas perdre la face.

En réagissant comme il l’a fait, le président de la République a tenu à rappeler que notre pays restait attaché à sa dignité et au respect réciproque, dans ses relations internationales. Quoi de plus normal ?

Cette mise au point faite, la page devait être définitivement tournée.

Pourquoi s’acharne-t-on, contre toute attente, à entretenir une tension artificielle qui ne vise, ostensiblement, qu’à compliquer nos relations avec un allié privilégié ?

Il ne faut pas que le peuple du Sopi tombe dans le piège.

Autant notre Opposition et tous ceux qui la soutiennent feront tout pour créer un incident diplomatique que rien ne justifie, entre les Etats-Unis et le Sénégal, autant l’Alternance et l’écrasante majorité du peuple sénégalais doivent tout entreprendre pour apaiser les esprits, tourner la page et regarder vers l’avenir, avenir riche de promesses et d’amitié, qui permettra aux deux Etats d’écrire de belles et nouvelles pages d’une coopération, à tous égards, exemplaire.

Un ami, responsable de l’Opposition, me confiait, au retour de vacances du président Wade, l’année passée : « Avec les investissements du Mca, dans notre pays, l’Alliance Sopi allait consolider son partenariat avec les populations sénégalaises ».

Il ajoutait : « L’élection de 2012 pourrait n’être, pour vous, qu’une promenade de santé, si toutes les infrastructures routières, agricoles, sociales et autres, financées par le Mca voyaient le jour ».

Il avait, parfaitement, raison.

Ne faisons donc pas le jeu de nos adversaires, au moment où certains mouvements citoyens se livrent à un activisme malsain, pour assombrir nos relations avec les Etats-Unis, dans le secret espoir d’y semer le doute, la crispation, la frustration et le désaccord.

Il y a quelques jours, un journaliste français s’est demandé pourquoi les Etats-Unis continuaient-ils à aider des pays ayant une coopération avec l’Iran, en oubliant que ce que le Sénégal, le Brésil, la Turquie et la Syrie, par exemple, ont obtenu du pays de l’Ayatollah Khomeyni, en termes de paix, de modération et de disponibilité au dialogue, est, à tous égards, incommensurable ?

Encore, une fois, après les mises au point qui ont été faites, nous devons, d’autant plus, savoir raison garder, que notre politique contre la corruption est sincère et déterminée et parce que nous partageons avec les Etats-Unis, qui évoquent cette thématique, la même foi dans la bonne gouvernance.

Les Etats-Unis sont un allié, je dirai, même, un allié de tout premier choix des peuples africains, au profit desquels, il a conçu l’Agoa et le Mca qui sont, incontestablement, deux des concepts de développement les plus performants dans le monde, pour aider les pays pauvres à sortir de leur arriération et de leur dépendance, aux fins de les libérer du mépris culturel et de la marginalisation dans lesquels on les tenait jusque-là.

Il y a entre le président Barack Obama et le président Abdoulaye Wade, entre le Parti démocrate et le Pds, entre le Grand Peuple américain et le Grand Peuple sénégalais, tant de points communs et de valeurs partagées qu’un simple incident de parcours ne devrait pas compromettre.