Le docteur Babacar Diop, maire de Thiès, a tenu au West African Research Center (WARC) une conférence autour du thème « Abraham Lincoln, un héros de la démocratie ». L’économiste Khadim Bamba Diagne, qui a pris part à cette rencontre, a demandé au conférencier pourquoi parler aujourd’hui d’Abraham Lincoln ?
Insistant sur la pertinence du choix du thème, il se demande : « Est-ce ce qui se passe aujourd’hui aux États-Unis qui nous inspire ce sujet ou est-ce plutôt ce que nous avons vécu récemment au Sénégal ? », lance-t-il. Pour lui, le contexte géopolitique mondial a profondément changé, remettant en question les figures et références classiques de la démocratie. « Les États-Unis, longtemps modèle en matière de démocratie, semblent désormais se replier sur eux-mêmes », observe l’économiste. Il cite la montée du nationalisme américain, le recul de l’ouverture économique et même un désengagement progressif vis-à-vis des principes de la mondialisation. « C’est la Chine, aujourd’hui, qui pousse les États-Unis à respecter les règles de l’OMC et à s’ouvrir davantage », note-t-il.
Khadim Bamba Diagne juge pertinent de revisiter la notion de démocratie. « De 2021 à 2024, notre pays a connu des moments très difficiles. Arrestations, tensions, incertitudes institutionnelles… Autant d’épisodes qui nous poussent à réfléchir à notre propre modèle démocratique », affirme-t-il.
Et d’ajouter : « Peut-on encore se contenter de modèles du XIXe siècle pour penser la démocratie contemporaine ? » Il se demande en outre : « Quel est le profil du président dont le Sénégal et plus largement le monde a besoin aujourd’hui ? »
Pour lui, au-delà des discours historiques, c’est la capacité des dirigeants à incarner les valeurs humaines, dans un monde bouleversé par les crises migratoires, les replis identitaires et les intérêts géopolitiques, qui doit guider la réflexion.
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