OUSMANE TANOR DIENG PREMIER SECRETAIRE DU PARTI SOCIALISTE (PS): « Le Sénégal vit au-dessus de ses moyens »

Selon Ousmane Tanor Dieng qui était l’invité de l’émission politique dominicale de Sud Fm « Dianobi », les fondamentaux de l’économie sont très mal en point. « Le Sénégal vit au dessus de ses moyens. Je le dis en connaissance de cause », déclare-t-il. Ajoutant « tous les observateurs le constatent avec moi. La preuve, c’est que la dette intérieure que nous avions épongée a été reconstituée et elle est estimée à 200 milliards. Les prestataires de services et fournisseurs de l’Etat ne sont plus payés depuis quelques temps. La croissance a régressé de 6% à 3%, cette année. La masse salariale a dépassé les critères fixés par l’Uemoa. Il y a le déficit de la balance commerciale. Bref, tous les fondamentaux de l’économie sont déséquilibrés", estime Ousmane Tanor Dieng. Poursuivant, il cite Mamadou Lamine Loum, dernier Premier ministre du régime Diouf qui disait que dans un pays quand le ministère de l’Economie a des problèmes, il y a danger ». Ousmane Tanor Dieng évoque aussi le coût de la vie devenu exorbitant, il récuse les explications du gouvernement qui voudrait lier la cherté de la vie au Sénégal à la seule conjoncture internationale. "Notre Super est plus cher ue le Super malien alors qu’on a le Port. Cela veut dire qu’il y a problème", croit-il savoir. Pour lui, l’Etat a constamment besoin d’argent. Et la dernière campagne menée par le Front Siggil Sénégal a permis aux Sénégalais de bien se rendre compte de la flambée des prix des denrées de première nécessité au Sénégal.

Evoquant justement la portée du boycott des élections législatives, le Premier secrétaire du Ps, par ailleurs membre du Front Siggil Sénégal, note qu’aujourd’hui, « ce qui est incontestable, c’est que la grande majorité des Sénégalais n’a pas voté ».Ousmane Tanor Dieng est d’avis que non seulement l’impact politique du boycott dément a posteriori tous ceux qui ont pensé que c’était une erreur de ne pas aller aux élections, mais surtout « recrédibilise les partis de l’opposition ». En effet, déclare-t-il, « l’appel au boycott a été le catalyseur qui a cristallisé le mécontentement populaire. Cela a incité les gens à s’abstenir d’aller voter », estime Tanor qui cite la campagne sur la hausse des prix des denrées de premières nécessité. « On a ouvert les yeux aux sénégalais en leur donnant des chiffres précis qui leur ont permis de se rendre compte de la gravité de la situation », explique-t-il. Pour le chef de file des "Verts", les résultats obtenus confirment de façon évidente que le score qui a été attribué à Abdoulaye Wade à la présidentielle a été « préfabriqué ». Ils posent le problème de la légitimité du régime en place et de l’Assemblée nationale. Il serait également révélateur de problèmes « profonds » que vit le Sénégal. Aussi, déclare-t-il, au-delà de la discussion sur le processus électoral, le Front Siggil Sénégal appelle à des assises sur les questions qui touchent la vie de la nation, notamment la cherté de la vie, l’économie, les libertés publiques, le fonctionnement de la Rts etc. Et même si pour l’heure, le Président écarte tout dialogue, Ousmane Tanor Dieng reste lui convaincu que « tôt ou tard Wade va dialoguer avec nous. Il le sait, ses amis le savent. Ceux qui ne sont pas allés voter ont des griefs contre Wade et nous sommes leurs représentants ». Car, « pour trouver des solutions aux problèmes des Sénégalais, le gouvernement a besoin de la dynamique populaire ». Et cela ne peut s’obtenir que par la concertation.

Regrettant cependant les audiences accordées par Wade à certains membres de l’opposition, il prône un Code de conduite au niveau de l’opposition. "On doit tirer des leçons de notre compagnonnage", estime Tanor qui comprend les divergences constatées entre leaders lors de la dernière présidentielle du fait des enjeux au niveau de chaque parti politique. « Mais si les choses s’étaient passées normalement, il y aurait eu un second tour », déclare le Premier secrétaire du Ps qui a aussi laissé que les Sénégalais ne se sont pas détournés de la politique en tant que telle mais d’une certaine façon de la pratiquer. « On ne vend pas sa dignité », confie-t-il au micro de Pape Allé Niang, faisant ainsi allusion aux débauchages qui ont frappé son parti. Tanor fustige dans la même veine la politique du bâton et de la carotte du Président Wade.

Tanor confirme par ailleurs la tenue du congrès de son parti le 28 et 29 juillet prochains. Il espère qu’au sortir de ces rencontres, les structures du Ps seront encore légitimes « pour bien mener d’autres combats ». Evoquant le cas de Talla Sylla qui vient de quitter la scène politique pour cause de maladie, Tanor a laissé entendre que « l’Etat doit prendre des mesures pour le soigner ». Pour lui la sécurité des citoyens est du ressort de l’Etat. Et c’est cette défaillance qui a conduit à son agression qui n’est pas encore élucidée sur le plan juridique.

Source: Sud FM