Ousmane Tanor DIENG à Saint-Louis : ‘Nous n'avons jamais demandé le report des élections’

L'opposition dite significative n'a jamais demandé le report des élections législatives. Ousmane Tanor Dieng en a fait la précision hier à Saint-Louis où, en tant qu'émissaire du Front Siggil Sénégal, il rencontrait les représentants des partis membres de cette entité politique. Et le premier secrétaire du Ps d'en profiter pour rappeler que c'est le président Wade qui est plutôt coutumier de tels faits.

Ousmane Tanor Dieng, est formel : l'opposition a bien le droit de battre campagne durant la période électoral. ‘Tout Sénégalais a bien le droit de voter ou de ne pas voter. A partir du moment où nous avons le droit de ne pas participer aux élections, nous avons aussi le droit d'expliquer pourquoi.

Ensuite, le boycott, c'est la traduction juridique de l'abstention. Or nous nous abstenons, nous ne participons pas aux élections. Enfin, nous sommes un parti légalement constitué, nous sommes dans une coalition et nous avons le droit d'avoir des activités, des manifestations à tout moment, y compris pendant la campagne électorale. Personne ne peut nous l'interdire’. Ainsi parlait l'émissaire du Front Siggil Sénégal qui a rencontré hier, à Saint-Louis, les représentants des partis membres de cette entité politique.

Dans la salle de conférence de la chambre de commerce de la capitale du Nord, Ousmane Tanor Dieng a longuement insisté sur les raisons qui ont guidé le choix de ‘l'opposition significative’ à boycotter les législatives. Le fait est que, pour le socialiste, Me Abdoulaye Wade doit s'expliquer sur certaines fausses notes relevées à l'occasion de la dernière présidentielle et prendre les dispositions qui les rassurent et leur prouvent qu'ils peuvent aller à des élections transparentes et régulières. ’Qu'on ne dise pas : vous ne voulez pas aller aux élections parce que vous allez être battus, laminés de la même manière que pour l'élection présidentielle. Nous disons non. Nous ne voulons pas être volés, comme ça a été le cas pendant la dernière présidentielle.

C'est pourquoi nous voulons que les règles du jeu soient clarifiées, éclairées dans le cadre d'une concertation, en présence de la société civile avant que nous n'allions à d'autres élections. Pour le boycott, nous ne regrettons rien et n'avons jamais demandé le report des élections, c'est Abdoulaye Wade qui est coutumier des faits. Nous saisissons la portée de la décision que nous avons prise et c'est une décision réfléchie que nous assumons’.

Dans la foulée, Ousmane Tanor Dieng, avec à ses côtés l'écologiste El Ali Haidar, de rappeler que ‘depuis 1988, c'est ce qui se fait. Le code Kéba Mbaye a été fait après les élections de 1988. En 1993, 1996, 1999, de compromis en compromis, nous avons abouti à des compromis dynamiques permettant la création de l'Onel avec un général à la retraite à sa tête, la nomination d'un général à la retraite au ministère de l'Intérieur. Et ça avait rassuré l'opposition. Alors, qu'Abdoulaye Wade prenne des dispositions qui nous rassurent. Et puis, si, comme il le proclame, il est majoritaire, pourquoi ne veut-il pas qu'on clarifie, qu'on se rassure les uns les autres, avant d'aller à de nouvelles élections. Chacun doit trouver des réponses aux interrogations que nous mettons sur la place publique au lieu de s'en tenir à dire que les élections se sont passées dans des conditions régulières ; donc si l'opposition ne veut pas aller à des élections, c'est qu'elle est minoritaire’.

Très en verve, Ousmane Tanor Dieng a mis en exergue les tares du scrutin. A titre d'exemple, le leader socialiste de rappeler qu'‘à Malika, en 2001, il y avait 4 000 électeurs, cette année, en 2007, il y a eu 17 000 électeurs pour une population, tenez-vous bien, de 15 000 habitants. Il faut qu'on nous explique, aussi, pourquoi la population qui a voté à Gorée est le double de la population de l'île mémoire. Et si vous parcourez les villes du Sénégal, vous vous rendrez compte que si on fait le rapport des inscrits à la population, c'est aberrant’. De même, Ousmane Tanor Dieng a dénoncé le fait que, ‘sur un fichier de 4 millions 800 mille électeurs, il y ait un million qui soient inscrits sur la base de l'extrait de naissance. Parce que cette histoire d'inscription sur la base de l'extrait de naissance est la porte ouverte à l'inscription des étrangers sur notre fichier électoral. Et nous avons dit qu'il était possible de s'inscrire plusieurs fois, car il n'y avait pas de biométrie. Et quelqu'un de la Cena nous a dit qu'un électeur s'est inscrit 23 fois. Il n'y avait pas d'électeur unique. L'électeur n'a pas été authentifié’.