Robert Sagna accuse : Le régime de Wade est en faillite

Il avait fait volte-face sur les ponctions à faire sur les salaires des fonctionnaires, puis sur l’affaire Asecna et sur le déguerpissement des marchands ambulants. Autant de ‘tâtonnements’ qui sont révélateurs de la faillite politique du régime libéral, selon Robert Sagna, le secrétaire général du Rassemblement pour le socialisme et la démocratie/Takku defaraat Sénégal (Rsd), qui faisait hier face à la presse.

‘Les crises sociales que nous vivons aujourd’hui ne peuvent être réglées en dehors de ceux qui la vivent au quotidien. C’est pourquoi le dialogue est en ce sens une nécessité’. Telle est la conviction du secrétaire général du Rassemblement pour le socialisme et la démocratie/Takku defaraat Sénégal, (Rsd), Robert Sagna qui faisait, hier, face à la presse. Selon le patron des sociaux démocrates, les crises que vit le Sénégal, sont d’ordre multiple, contrairement au propos avancés par le parti au pouvoir qui semble, dit-il, les limiter à l’inflation du baril du pétrole. Il y a, entre autres, une crise des valeurs, une crise de foi dans l’avenir, une crise sociale, mais aussi et surtout une crise politique et économique, explique le secrétaire général du Rsd. Concernant les deux dernières crises, Robert Sagna, faisant allusion à l’affaire Macky Sall, indique que les dirigeants actuels imposent à la nation les incohérences du parti au pouvoir. Et invite à cet effet les Sénégalais à s’opposer de toutes leurs forces à ‘la manipulation de la Constitution pour régler les querelles internes du Pds’.

Toujours dans ce chapitre de la crise politique, le secrétaire général du Rsd dénonce le ‘tâtonnement’ dans les prises de décision du chef de l’Etat, révélateur d’un manque total de vision et de savoir-faire dans la conduite des affaires de l’Etat. Selon lui, le régime de Wade a perdu toute crédibilité en prenant des décisions intempestives qu’il rapporte le lendemain. Et ceci dénote une ‘faillite politique’, aux yeux du maire de Ziguinchor qui cite pour preuve ‘les voltes-face de ces dernières semaines : salaire des fonctionnaires, l’affaire Asecna et celle des marchands ambulants’. De l’avis de Robert Sagna, la révolte qui gronde ne peut pas être imputée à la seule hausse du baril du pétrole, ‘véritable bouc émissaire du gouvernement’. La réalité, selon lui, est que le peuple ne perçoit pas de politique ‘cohérente d’ensemble’. Et en lieu et place, ‘nous assistons à un pilotage à vue qui mène à des hausses inacceptables des denrées de première nécessité comme le riz ou le pain’ a-t-il fait savoir.

Sur le plan économique, l’ancien ministre de l’Agriculture sous Abdou Diouf fustige la politique ‘expansionniste’ du pouvoir actuel qui, explique-t-il, ‘a conduit à un dérapage qui a produit un déficit budgétaire de 6 % du Pib en 2006’. Et Robert Sagna de pointer du doigt ‘les agences créées à volonté et qui engloutissent 10 % du budget de l’Etat’. Si les banques augmentent les taux d’intérêt, c’est parce qu’il y a plus de risques à prêter de l’argent.

Car l’Etat ne paye pas les entreprises qui, à leur tour, ont du mal à rembourser leurs emprunts, a dit le secrétaire général du Rds. Il s’y ajoute, poursuit le maire de Ziguinchor, le manque total de transparence dans les procédures. Et de citer à ce propos comme exemple les marchés de gré à gré, les ressources destinées au sommet de l’Oci, lesquelles ne ‘figure nulle part dans le budget de l’Etat’.

La crise la plus profonde sur le plan politique et qui se répercute sur le plan économique est le fait d’oublier les paysans qui constituent près de 70 % de la population. Ces derniers sont dans le désarroi parce que ‘n’ayant plus d’espoir’, indique Robert Sagna. ‘Leur moyen de survie n’existe plus. Les structures fondamentales capables d’encadrer le monde rural disparaissent’, informe l’ancien ministre socialiste. Il s’agit de la Sonagraine, de la Sonacos entre autres. Ainsi, le monde rural est laissé à lui-même et la filière arachide en décrépitude. Le Sénégal qui produisait près de deux millions de tonnes d’arachides est à peine capable d’en produire deux cent mille tonnes, renseigne M. Sagna. Selon lui, la filière agricole se dégrade depuis l’avènement de l’alternance.

Le régime de Wade a dévié pour concentrer ses efforts vers ce qui pourrait apparaître comme des innovations : culture du manioc, maïs…, en abandonnant ce qui ‘fondamentalement’ constituait la base de notre économie rurale. A Abdoulaye Wade, le patron du Rds explique ‘qu’on ne peut pas se lever un beau matin pour dire que nous ferons du blé, du tournesol… Nous sommes dans une zone économique soudano-sahélienne où nous ne pouvons pas faire pousser tous ce que nous voulons’. Et c’est ce ‘tâtonnement qui a fini aujourd’hui de précariser notre agriculture et par-delà, ceux qui vivent de cette agriculture’.