Le séjour parisien de Me Abdoulaye Wade était parti pour être tranquille. Présent dans la capitale française depuis la semaine dernière, le chef de l’Etat s’est replié dans sa Résidence, à l’Ambassade du Sénégal à Paris, sans recevoir les responsables libéraux. Mais avant-hier, cette tranquillité a été perturbée par la visite de jeunes qui ont voulu manifester devant la Résidence de l’ambassadeur du Sénégal en France, pour dénoncer la gestion jugée « catastrophique » des deniers publics du Sénégal. Et la violence s’invita !
Qu’est ce qui s’est réellement passé avant-hier samedi 12 décembre, entre 17 heures et 17 heures 30 minutes devant la Résidence présidentielle à l’ambassade du Sénégal à Paris ? C’est durant cette tranche horaire qu’un rassemblement a été noté, d’une vingtaine de Sénégalais environ, venus protester contre la manière dont le Sénégal est géré. Des jeunes qui ont prononcé des slogans hostiles contre le chef de l’Etat, le traitant de prévaricateur et de détourneur de deniers publics. Des slogans hostiles au régime sont prononcés par des Sénégalais, devant la résidence, alors que le Président Wade s’y trouvait.
Moustapha Diaw, Président de Vision alternative pour le Sénégal : « nous avons enregistré trois blessés »
Mais la manifestation des jeunes, se définissant comme « des cadres sénégalais vivant en France, scandalisés par la gestion de Wade », va très rapidement basculer dans la violence. Selon Moustapha Diaw, Président de Vision alternative du Sénégal, « nous étions en train de manifester devant la Résidence du Président lorsque des militants libéraux, dirigés par le garde du corps de Wade, Baye Moussé Bâ dit « Bro », nous a chargés, usant de violence. Nous avons enregistré trois blessés », déplore-t-il au téléphone. Moustapha Diaw déclare que l’un des blessés, a été traité à l’hôpital Pompidou et les deux autres à l’Hôtel Dieu de Paris. Moustapha Diaw d’ajouter qu’un membre du mouvement, Babacar Mbaye, blessé à l’œil (voir photo) risque de perdre la vue. Mohamadou Badiane, le Secrétaire général, a eu un déboîtement de l’épaule droite, tandis qu’Ibrahima Dieng, le Trésorier, a eu des blessures au visage, à en croire la même source.
Maïssa Touré, Commissaire du Pds à Paris : « les manifestants m’ont agressé »
Réplique de Maïssa Touré, accusé par ces derniers d’avoir participé aux violences contre les manifestants. « En vérité, il y a beaucoup d’amalgames dans cette affaire. Ce que je peux confirmer avec certitude, c’est que nous étions en contact depuis quelques jours. Ils voulaient voir le Président pour discuter avec lui. Mais grande a été ma surprise, lorsqu’on m’a appelé, alors que j’étais en train de monter un secteur à Paris, pour m’informer que ces mêmes personnes étaient devant la Résidence du Président pour manifester. Je suis donc venu sur place vers 17 heures 15 minutes. Et j’ai trouvé des jeunes excités qui proféraient des injures contre le Président et qui voulaient jeter des œufs dans la Résidence. Je me suis interposé avec d’autres militants du Pds et il y a eu bagarre. Ils m’ont agressé », explique Maïssa Touré, qui évacue toute participation de la garde rapprochée du Président Wade, dans les violences.
Le linge sale se lave à la Police
En tout état de cause, cette affaire a fini par atterrir à la Police. Maïssa Touré et Moustapha Diaw ont été interpellés et entendus par la Police, de longues heures durant. Le premier cité a été acheminé le samedi vers 18 heures dans les locaux du commissariat du 16 ème arrondissement qu’il n’a quitté qu’aux environs de minuit. Il a été entendu, comme le Président du Mouvement « Vision alternative pour le Sénégal », sur procès-verbal. Leurs versions respectives sont consignées dans les livrets de la Police française. Parallèlement à cette procédure, les deux camps ont porté plainte, l’un contre l’autre. C’est ainsi que Moustapha Diaw révèle avoir déposé trois plaintes. Une procédure contre Maïssa Touré pour coups et blessures volontaires, une autre contre le garde du corps du Président Baye Moussé Bâ dit « Bro » et enfin une plainte contre le Président Wade pour incitation à la violence.
Le commissaire libéral a lui aussi engagé une procédure. Il déclare avoir lui-même subi des violences des manifestants. « Ils m’ont causé beaucoup de préjudices. J’ai passé d’ailleurs une partie de la nuit à l’hôpital ‘Hôtel Dieu’ de Paris. J’ai fait des scanners. Et j’estime que justice doit m’être rendue. C’est trop facile d’agresser des gens, de venir insulter le Président devant sa résidence et après de se faire passer pour une victime », se défend Maïssa Touré.
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