Naissance du Prophète Mohamed (PSL) : Tivaouane, carrefour de la foi et des dévotions

La ville sainte est déjà dans une ambiance religieuse sans commune mesure, avant la célébration du Maouloud prévue cette nuit. Les talibés sont venus nombreux célébrer à Tivaouane la naissance du Prophète Mohamed (Paix et Salut sur Lui). La cité sainte est devenue subitement trop petite pour contenir autant de monde.  

À quelques heures de la célébration du Maouloud, Tivaouane refuse déjà du monde. La ville connaît en ce moment une grande affluence de fidèles venus de partout au Sénégal et de l’extérieur du pays, pour célébrer la nuit de naissance du Prophète Mohamed (Psl). Dans les ruelles et les grandes artères de la cité religieuse, des foules nombreuses et compactes vaquent à leurs occupations. Pour certains, c’est l’heure de faire des courses au marché et chercher des provisions et autres marchandises. Pour d’autres, c’est le moment de faire leur ziarra dans les différents mausolées, où l’on note des files interminables qui s’étendent sur des milliers de mètres. L’esplanade des mausolées, un lieu sacré à Tivaouane, est bien gardée par les forces de sécurité dont la présence est visible partout. Il en est de même pour les membres du Comité d’organisation au service du khalife Aboubacar Sy (Coskas), qui se chargent de mettre de l’ordre dans les rangs. Dans la ferveur et dans le recueillement, les talibés Tidianes accèdent aux lieux saints pour faire des prières. En dehors de ce périmètre, on replonge dans les foules grouillantes et nombreuses où le brouhaha se mêle aux chants religieux de feu Mbaye Dondé Mbaye ou d’un autre chanteur Tidiane de renom. 
La ferveur du Maouloud s’est déjà emparée de la cité religieuse qui, en cette période propice, est prise d’assaut par des vendeurs ambulants venus de tous les horizons. C’est le cas de Maguette Bèye, un jeune commerçant de Touba qui est arrivé, la veille, avec son lot de marchandises. Comme lui, ils sont des milliers d’ambulants à proposer des portraits à l’effigie des guides religieux de la tarikha tidiane ou des tee-shirts sur lesquels sont apposés des photos de Seydi El Hadji Malick Sy, Serigne Ababacar Sy ou encore du défunt khalife général des Tidianes Serigne Mansour Sy Borom Dara-yi. D’autres vendeurs se sont installés sur les trottoirs, empêchant de nombreux piétons de se mouvoir à leur guise. À l’intérieur des maisons également, les premiers talibés sont déjà sur place. Ils sont heureux pour la plupart d’être bien accueillis et logés. 
C’est le cas de Mme Fatou Bintou Diouf, une thiessoise venue à Tivaouane, la nuit de clôture du bourde et qui compte rester jusqu’à la fin du Maouloud. « Je viens presque chaque année à Tivaouane et j’assiste souvent à la clôture du bourde pour ensuite rester faire mes prières », explique-t-elle. Mais il faut souligner que la célébration de la nuit de naissance du Prophète (Psl) se fait également dans la réjouissance et la bonne humeur. À cet effet, plusieurs bêtes sont immolées pour permettre aux talibés de passer un bon séjour dans la cité religieuse. Les différents dahiras s’organisent également pour mettre leurs membres dans d’excellentes conditions.

Cloture du bourde : Une nuit de prières et de ferveur totale
C’est toujours la grande affluence à Tivaouane à l’occasion de la clôture du bourde. Les fidèles tidianes sont venus de partout formuler et, en retour, recevoir des prières. Aussi bien à la zawiya d’El Hadj Malick Sy qu’à celle de Serigne Babacar Sy, c’était le recueillement absolu.   
L’esplanade des mausolées est prise d’assaut avant même la tombée du crépuscule. En dépit d’une légère fraîcheur, la zawiya El Hadj Malick Sy ainsi que celle de Serigne Babacar Sy sont pleines à craquer avec des fidèles venus de partout au Sénégal pour faire leur ziarra et surtout, parce que ce lundi soir était très spécial pour eux, parce qu’étant le moment de la clôture du bourde. Les différentes rues et ruelles qui mènent vers l’esplanade des mausolées sont subitement pleines de monde et le déplacement était devenu pratiquement impossible. La plupart des fidèles débarquaient avec leurs bagages à la main cherchant à s’installer sur une place. D’autres, superbement vêtus d’une djellaba et d’un bonnet de Fez, psalmodient des prières. C’est la ferveur totale et le recueillement absolu pour ces fidèles Tidianes qui ne veulent, en aucun cas, rater cette nuit d’action de grâces et de prières au Seigneur. Ceux qui ne peuvent pas accéder à l’intérieur des mosquées s’installent aux alentours, en écoutant religieusement les prières entonnées à l’intérieur des lieux saints. Heureusement que la sonorisation a été parfaite et leur donnait l’occasion de ne rien rater des chants du bourde, mais également des recommandations de guides religieux. Il y avait même un écran géant installé pour eux et qui projetait toutes les images provenant de l’intérieur de la zawiya Serigne Babacar Sy.  Les caméras de télévisions font un gros plan sur Serigne Abdoul Aziz Sy Al Amine, tout de blanc vêtu, devenu avec le décès de feu Serigne Mansour Sy Borom Dara-yi, celui qui préside le bourde dans cette zawiya. Il est entouré de ses jeunes frères et des membres de la famille d’El Hadj Oumar Tall. Cette année, l’absence de Serigne Mansour est fort remarquée, mais Serigne Abdoul Aziz Sy Al Amine est là pour continuer une vieille pratique commencée par son grand-père El Hadj Malick Sy, puis par ses pères et son frère Serigne Mansour Sy. Un de ses frères cadets, en l’occurrence Mansour Sy Djamil, n’a pas manqué de relever le rôle ô combien important que joue en ce moment Serigne Abdoul Aziz Al Amine pour maintenir la cohésion de la famille d’El Hadj Malick Sy. Auparavant, Serigne Abdoul Aziz lui-même aura entretenu les fidèles du sens du bourde et de plusieurs enseignements sur le monde. Non loin de là, à la zawiya El Hadj Malick Sy, la famille de Serigne Abdoul Aziz Sy Dabbakh est autour de leur aîné Serigne Mbaye Sy Mansour pour les besoins de la clôture du bourde. Les prières dites, les chanteurs Abdoul Aziz Mbaye et ses compagnons montent au créneau, en répétant longuement des chansons religieuses qui renseignent sur la clôture imminente du bourde. 
D’ailleurs, ils finiront bien avant que la famille de Serigne Babacar Sy n’achève leur nuit de prières. Comblés d’avoir participé au bourde, les fidèles sortent des mosquées avec le sentiment d’avoir passé une nuit de ferveur. Khady Sy, une habitante de Nguékhokh, dans le département de Mbour, dit avoir prié pour tout le monde et pour elle aussi, afin que Dieu lui donne longue vie et une santé de fer. C’est le cas aussi pour Moussa Guèye originaire de Saint-Louis, qui ressort de cette nuit de prières avec le cœur rempli de bonheur. C’est à quatre heures du matin que les prières se sont terminées et les fidèles ont repris, pour certains, le chemin du retour dans leurs différents foyers.

Mausolée de Serigne Mansour SY : Les fidèles rendent hommage au défunt khalife général des Tidianes
Avec le rappel à Dieu de Serigne Mansour Sy Borom Dara-yi, en décembre dernier, de nombreux talibés profitent du Maouloud pour lui rendre un dernier hommage.  
C’est l’un des endroits les plus fréquentés par les fidèles venus à Tivaouane cette année. Par des files interminables et longues, hommes et femmes, distinctement alignés sur des rangs, veulent accéder au mausolée de feu Serigne Mansour Sy Borom Dara-yi, rappelé à Dieu, le 8 décembre dernier à Paris. A la porte d’accès, c’est un méli-mélo indescriptible sur lequel, policiers et membres du Coskas, essaient de mettre de l’ordre. Tantôt, ce sont les femmes qu’on laisse entrer, la tête bien couverte par un châle, tantôt ce sont les hommes qui passent en trombe, les babouches à la main. «Circulez ! Circulez !», ordonne un des éléments du Coskas, tout en veillant sur le comportement des uns et des autres. Une minute est donnée à chaque groupe pour faire ses prières, afin que d’autres accèdent au mausolée, fraîchement peint et d’où s’échappe une odeur d’encens qui vous frappe aux narines. Dehors, ceux qui ne parviennent pas à entrer dans les rangs, se mettent debout pour prier pour le repos de l’âme de celui que les Tidianes appelaient familièrement «Borom dara-yi», à cause des nombreuses écoles coraniques qu’il avait construites. Aujourd’hui, la perte de cet homme de Dieu est ressentie par ses talibés. Dos au mur, le visage triste, Awa Kébé ne peut contenir ses larmes. «J’aimais beaucoup Serigne Mansour. Il était gentil et prenait toujours la vie du bon côté. J’ai beaucoup pleuré quand j’ai été informée de son rappel à Dieu», sanglote cette jeune fille originaire de Louga. Serigne Cheikh Diagne, un des talibés de Borom dara-yi, témoigne sur l’importance que les talibés accordaient à son guide. «Les fidèles sont très dévoués aux marabouts, en particulier à Serigne Mansour qui, de son vivant, était très apprécié. Bien qu’il ne soit plus parmi nous, il n’en demeure pas moins que notre adoration pour lui s’intensifie. Il était un homme qui faisait vraiment l’unanimité au sein de la communauté», souligne-t-il. Depuis son rappel à Dieu, beaucoup de fidèles n’avaient pas l’occasion de venir à Tivaouane et à son mausolée. 
Le Maouloud constitue, en effet, une occasion pour la plupart d’entre eux de formuler des prières pour le repos de l’âme du défunt khalife. C’est le cas de Mody Sy, un jeune tailleur de Guédiawaye qui ne cache pas sa satisfaction à sa sortie du mausolée. «Je ne pouvais pas venir à Tivaouane et ne pas rendre un dernier hommage à mon marabout, Serigne Mansour qui était l’ami de tout le monde et moi personnellement, je l’adorais de tout mon cœur», explique le jeune homme. Pour la plupart des fidèles, le fait de visiter le mausolée constitue un réconfort moral et un hommage rendu au défunt khalife général des Tidianes, rappelé à Dieu à l’âge de 87 ans. Car, de son vivant il a toujours rappelé les enseignements de son grand-père Seydi El Hadj Maodo Malick Sy et de ses pères Serigne Ahmed Sy, Serigne Babacar Sy, Serigne Abdoul Aziz etc. Aujourd’hui, la plupart des fidèles auraient souhaité le voir à leurs côtés. Hélas, Dieu en a décidé autrement, en le rappelant à ses côtés afin qu’il repose en paix, auprès de ses illustres devanciers.