Si l’on en croit le porte-parole des ex-travailleurs de Ama Sénégal, Cheikh Tidiane Diagne, «ce qu’a dit le ministre Habib Sy ne tient pas du tout la route». M. Diagne et Cie relèvent une contradiction dans les propos tenus par le ministre. «Le ministre dit que l’Etat ne doit rien à Ama/Sénégal, et en retour, il nous invite à continuer les négociations. Il y a quelque chose qui ne cloche pas», souligne le porte-parole des ex-travailleurs de la société de nettoiement. Dans tout cela, ajoute-il, le ministre nous renvoie au tribunal du Travail qui dépend de son ministère, alors qu’il a déjà donné son verdict sur cette affaire. M. Diagne et ses camarades refusent de suivre la démarche du ministre consistant à enclencher une procédure judiciaire. Pour eux, les procédures de juridiction de la première instance, en passant par la Cour d’Appel jusqu’à la Cour de Cassation, peuvent durer entre 10 et 15 ans. Ce qui ne fait pas leur affaire, disent-il. «Même si le tribunal nous donnait raison, l’Etat peut refuser de s’exécuter. Habib Sy et Cie veulent nous orienter vers une fausse piste», soupçonne Cheikh Tidiane Diagne. Les ex-employés de Ama/Sénégal évitent ainsi le piège qui leur serait tendu par leur autorité de tutelle. Non sans dénoncer l’attitude de l’Etat qui a préféré négocier à l’amiable avec les Italiens, responsables de l’ex-société de nettoiement, en acceptant de les dédommager. «Les autorités étatiques refusent de négocier avec nous qui sommes des Sénégalais, afin de nous payer, alors que cet argent que l’on gagnera, on va le dépenser dans le pays pour qu’il génère des recettes fiscales pour l’Etat», poursuit M. Diagne.
L’arbitrage de Wade sollicité
Convaincus que l’attitude «irresponsable» du ministre du Travail est loin d’aider à trouver un dénouement heureux à leur situation, les ex-travailleurs de Ama/Sénégal disqualifient purement et simplement leur ministre de tutelle. Habib Sy, répètent-ils, «est incapable de régler notre problème pour avoir fermé toutes les portes». Les camarades de Cheikh Tidiane Diagne réitèrent leur refus de négocier avec le ministre d’Etat, ministre de la Fonction publique, du Travail, de l’Emploi et des Organisations professionnelles. Il n’est plus question d’aller autour d’une table de négociations avec Habib Sy, insistent Cheikh Tidiane Diagne et ses camarades. En grève de la faim depuis le 21 juillet dernier, ils appellent au président de la République, Me Wade, à se saisir de leur dossier afin que «la page sur cette affaire soit définitivement tournée». Ils sont plus que jamais déterminés à se barricader en observant un mutisme total, en guise de protestation contre la sortie du ministre. Ils se disent même prêts à passer les fêtes de Noël à la Cathédrale de Dakar où ils ont élu domicile depuis bientôt une vingtaine de jours. «Nous n’allons pas quitter la Cathédrale tant qu’il n’y a pas un règlement définitif de notre situation», se braquent-ils. Cheikh Tidiane Diagne tient, toutefois, à préciser «qu’il ne faut pas que les gens croient que la méthode de la grève de la faim utilisée est une manière pour (eux) de chercher à se suicider». C’est un moyen d’expression de notre désarroi, précise-t-il. Et d’ajouter : «Pendant trois ans, nous avons usé de toutes les formes de manifestations légales et personne n’a daigné résoudre notre problème. C’est comme si c’est un terrain miné, et qu’il faut attendre le Général pour venir à notre secours», se désole-t-il.
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