(Correspondance) - Rien ne prédisait un tel accueil vendredi dernier à l’université de Ziguinchor. Surtout que ce sont les étudiants eux-mêmes qui ont invité Moustapha Sourang à venir visiter l’établissement. Et pourtant, ce qui devait arriver arriva. Ce sont des étudiants en colère qui ont accueilli le ministre de l’Enseignement supérieur. La visite des lieux s’est faite dans un concert de huées qui ont rythmé le séjour de Moustapha Sourang à l’université de Ziguinchor. Cette ambiance fiévreuse a même imprimé un nouveau cours à une manifestation qui était censée apaiser les esprits, surchauffés des étudiants qui, après une longue grève, ont décidé de reprendre les cours pour ne pas perdre l’année. Cet incident inattendu a mis les autorités dans une mauvaise passe. Un état d’esprit qui a nécessité une séance d’explications. C’est à cet exercice auquel s’est soumis samedi dernier le recteur qui, dans son face à face avec la presse, a exprimé toute son indignation.
Pour Amadou Tidiane Bâ, rien ne peut justifier un tel comportement qui porte atteinte à la bonne réputation de l’université de Ziguinchor. Toutes les questions soulevées, à en croire Amadou Tidiane Bâ, ont trouvé des solutions ou sont en passe de les trouver. La principale doléance des étudiants, confie le recteur, reste l’ouverture du campus social. Une question qui appartient au passé, puisque les bâtiments, qui abritent les locaux, ont été réceptionnés vendredi dernier. ‘La seule chose qui pourrait peut-être expliquer la réaction des étudiants sans la justifier, c’est les deux sessions qu’ils réclament’, note-t-il. Or, à en croire Amadou Tidiane Bâ, cette préoccupation, posée en termes de souhait, pourrait bien être prise en charge par les professeurs. ‘J’attendais la fin du baccalauréat pour convoquer l’assemblée de l’université pour statuer sur la question’, confie le recteur qui révèle que même le ministre s’est employé à convaincre les professeurs pour qu’ils accèdent à cette demande des étudiants.
Hélas, c’est au moment où toutes les divergences, qui sont des causes du cycle de perturbations à l’université de Ziguinchor, ont été aplanies que les étudiants se sont encore une fois illustrés par un comportement qui a ulcéré le recteur. Ce dernier, aussi surpris que le ministre lui-même, ne semble jusqu’à présent pas comprendre les raisons qui ont poussé les ‘gosses’ à agir comme ils l’ont fait vendredi dernier. Un tel comportement, de l’avis de Amadou Tidiane Bâ, est contraire à toutes les traditions. Pour lui, quelles que soient les raisons, qu’on peut avoir, la courtoisie aurait voulu que lorsque quelqu’un vient vous rendre visite, de l’accueillir et de l’écouter. Surtout qu’à en croire le recteur, le ministre était venu remettre un cadeau à l’université de Ziguinchor. Il s’agit d’abord de la réception officielle du campus social, de la pose de la première pierre de deux nouveaux pavillons et d’une bibliothèque de mille places, mais aussi de l’augmentation sensible du budget de l’université qui va passer l’année prochaine de 500 millions à un milliard. ‘Comment peut-on exprimer un sentiment hostile vis-à-vis de quelqu’un qui vient vous apporter tout ça’ ? , se demandent les autorités universitaires.
L’absence d’une réponse logique à cette question fonde la conviction du recteur qui crie au sabotage. Les délégués des étudiants vont même plus loin en soupçonnant la main invisible de Farba Senghor derrière le comportement de leurs camarades. Surtout qu’en même temps qu’ils huaient Moustapha Sourang, les contestataires scandaient le nom du ministre de l’Artisanat et des Transports aériens. Quoi qu’il en soit, les autorités universitaires ne sont pas prêtes à pardonner aux coupables de ces agissements qui rajoutent à la confusion qui règne déjà au sein de l’institution. Elles ont d’ailleurs promis l’ouverture d’une enquête pour identifier les fauteurs de troubles qui ont osé perturber la visite du ministre de l’Enseignement supérieur. Et lorsqu’ils seront identifiés, les coupables seront soumis à des sanctions disciplinaires, a promis ferme Amadou Tidiane Bâ.
Mamadou Papo MANE
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