La capitale indienne fait déjà l’objet d’une transformation profonde qui intègre la modernisation de son immense système de transport. Le gouvernement se vante de la construction de nouveaux ponts routiers, de routes, de l’extension du réseau du métro et il a promis plusieurs milliers de nouveaux bus.
Les habitants de New Delhi sont impatients de voir arriver de nouveaux moyens de transport et ils espèrent être débarrassés rapidement des quelque 3 000 bus de la Blueline. Ces bus sont loués à la journée par des conducteurs pour environ 3 000 à 4 000 roupies (50-70 euros). Pour espérer faire des bénéfices et payer l’entretien du véhicule, ces conducteurs doivent embarquer chaque jour environ 500 passagers qui déboursent entre 2 et 10 roupies par trajet.
La concurrence est par ailleurs rude entre les chauffeurs qui n’hésitent pas à prendre des risques pour boucler rapidement leur tournée. Environ 1 000 victimes des bus Blueline ont été répertoriées ces dix dernières années. En cas d’accident, les conducteurs de bus s’enfuient le plus souvent, car ils risquent d’être molestés par les passants s'ils restent sur place. Les habitants de New Delhi réclament le retrait de ces bus "tueurs".
"Quand vous prenez un bus Blueline, vous ne savez pas si vous allez rentrer vivant ou dans un cercueil"
Anurag Agarwal est directeur de magasin à New Delhi.
C’est un enfer pour rentrer dans ces bus. Les chauffeurs s’arrêtent à peine pour laisser les gens monter, il faut alors courir et sauter dedans alors qu’il accélère. Une fois dans le bus, le trajet est terrifiant. Les chauffeurs freinent et font des écarts sans prévenir, parfois ils renversent des voitures ou des vélos mais ne s’arrêtent pas. Et pour couronner le tout, ils sont généralement très grossiers.
Ils conduisent ainsi parce qu’ils veulent gagner autant d’argent que possible. Il n’y a pas de limites journalières, donc ils se battent pour embarquer les plus de passagers possible. Les bus ont des itinéraires précis, mais ils ne les suivent pas toujours et ils s’arrêtent où ils veulent, qu’il y ait un arrêt de bus ou non.
La raison pour laquelle les gens s’accrochent à l’avant et à l’arrière des bus, c’est parce qu’ils sont pleins. Il n'y a de place que pour 42 personnes dans ces bus mais on retrouve à l’intérieur entre 65 à 70 passagers. Pour faire du profit, les conducteurs autorisent les autres à s’accrocher où ils peuvent. Mais ils doivent payer les mêmes tarifs que ceux assis à l’intérieur.
La compagnie Blueline sauvée par la corruption ?
Les promesses du gouvernement sont vaines. Quand les jeux du Commonwealth débuteront dans 90 jours, je suis absolument sûr que les bus Blueline seront encore là. Ni le gouvernement, ni les syndicats de transport ne veulent s’en débarrasser. Il y a beaucoup trop de politiciens corrompus dans le gouvernement qui ont donné des licences Blueline à des conducteurs en échange d’un partage des gains. Même si le gouvernement tente réellement de se débarrasser de ces bus, les syndicats de transport Blueline sont très puissants et ils vont s’y opposer.
Le gouvernement a essayé de faire semblant de s’en débarrasser en introduisant de nouveaux bus. Je dois dire qu’ils sont magnifiques, leurs chauffeurs sont très professionnels. Mais ils ne peuvent pas empiéter sur le territoire des Blueline, donc ils ne desservent que les zones les moins peuplées. La grande majorité des Indiens ne peuvent utiliser que les Blueline.
J’ai acheté une voiture et j'ai donc arrêté de prendre les Blueline pour aller au travail. Quel soulagement ! Quand vous prenez un bus Blueline, vous ne savez pas si vous allez rentrer vivant ou dans un cercueil."
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