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Inondations, rapports presse-pouvoir, enseignement privé catholique… : Les vérites du Cardinal Sarr : « Mes relations avec le Président Wade ne sont pas si mauvaises que cela »

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Inondations, rapports presse-pouvoir, enseignement privé catholique… : Les vérites du Cardinal Sarr : « Mes relations avec le Président Wade ne sont pas si mauvaises que cela »

Cardinal Théodore Adrien Sarr, Archevêque de Dakar, prône des solutions durables contre les inondations. Lors d’un point de presse, tenu à l’issue d’une messe qu’il a célébrée hier à l’église Saint-Marcel de Paris, Cardinal Sarr a déploré le niveau de la subvention de l’Etat sénégalais à l’enseignement catholique et pense que le pouvoir doit mettre les journalistes dans de meilleures conditions de travail.

INONDATIONS
«Le directeur de la Caritas de Dakar m’a dit qu’il commencé à  recevoir des interpellations pour voir ce que nous pouvons faire. Nous l’avions déjà fait il y a 3 ans, il m’a dit qu’il est en train de voir comment on peut répondre.
Il faut réagir parce qu’il y a les misères qui sont présentes et des souffrances. Mais, ces problèmes d’inondations sont à mon avis dus peut-être à un manque d’attention au lieu d’implantation des habitations. Quand on connaît Dakar et Kaolack, on constate qu’on a laissé les populations construire des maisons sur des lagons, des lieux inondables. Il faut certainement revoir cette situation. Il est difficile de déplacer les gens qui se sont déjà installés, mais à l’avenir, il faut éviter de laisser les gens construire des maisons dans des zones où l’on sait que dès qu’il y a beaucoup d’eau, il y aura des inondations. Il faut donc réfléchir à des solutions non seulement immédiates, mais aussi à moyen et long terme.»

CRISE PRESSE-POUVOIR
«J’ai été interpellé et je n’ai pas récusé l’interpellation. C’est un journaliste qui a pris l’initiative de dire que cette question est très sérieuse et peut avoir des conséquences fâcheuses. Pourquoi ne pas susciter un comité de réconciliation composé de bonnes volontés ? Il a cité un certain nombre de personnes, y compris moi-même, en me demandant de bien vouloir être à la tête de ce comité. Lorsque nous avons tenu la première réunion, nous lui avons demandé d’exposer les motivations qui l’ont poussé  à la création de ce comité, les objectifs.
Nous avons effectivement commencé à travailler en rencontrant des journalistes, des gens du pouvoir. Mais notre intention était de dire : ce n’est pas seulement éteindre le feu aujourd’hui, mais aussi travailler à ce qu’un nouvel incendie ne s’allume pas demain. Et nous pensons qu’un tel comité, s’il continue à travailler, s’il arrive à faire dépasser les difficultés actuelles, puisse aider, peut-être, à ce que les conditions de travail de la presse s’améliorent. D’un côté, les journalistes eux-mêmes ont une conscience, une déontologie professionnelle à respecter, et peut-être une formation à acquérir pour que le travail soit amélioré. De l’autre côté, il faut que le pouvoir également puisse présenter les conditions les meilleures pour que les journalistes puissent exercer leur métier.»

RAPPORTS AVEC LE PRESIDENT WADE
«(Rires) Disons que nous sommes à Paris, et je ne veux parler du Sénégal qu’au Sénégal. Mais, nos relations ne sont pas si mauvaises que cela. Il m’a reçu quelques jours avant que je ne parte de Dakar, je pense qu’on s’est bien compris.»

DIFFICULTES DE L’ENSEIGNEMENT CATHOLIQUE
«Au Sénégal, la grande difficulté que nous rencontrons, c’est que les subventions de l’Etat sont vraiment trop minimes aujourd’hui. Parce qu’elles n’ont pas été augmentées depuis presque une vingtaine d’années, alors que le coût de vie augmente, et les salaires des enseignants sont censés augmenter. Ce qui fait que dans tous les Diocèses du Sénégal, nous avons des difficultés financières, pour le fonctionnement des écoles, surtout les écoles situées en zone rurale. Or, nous ne voulons pas fermer, car nous pensons que ces populations sont pauvres, et le rôle de l’église c’est d’être à côté des pauvres. Nous souhaitons donc que les subventions de l’Etat augmentent. En fait, ce qui fait que ces subventions sont de plus en plus insuffisantes, c’est que les écoles privées laïques se multiplient et le gâteau à partager est toujours le même.»


L’EGLISE ET LES ENFANTS DE LA RUE
«Nous avons déjà nos écoles qui essayent d‘accueillir tout le monde, non seulement les enfants de familles plus aisées mais aussi les enfants de pauvres. Mais dans les campagnes, nous avons des écoles qui ont beaucoup de difficultés financières, parce que les contributions demandées aux familles sont très faibles. Malgré tout, nous maintenons ces écoles, parce que nous voulons aussi aider à scolariser ces enfants des familles pauvres. Par ailleurs, à Dakar, nous avons de plus en plus de structures religieuses qui sont attentives à ces enfants de la rue. Il y a l’association Point cœur, il y a aussi différentes congrégations religieuses où des frères et des sœurs s’investissent pour aider à encadrer  ces enfants de la rue. C’est des initiatives naissantes. J’ai  chargé un prêtre d’étudier tout ce phénomène, toutes ces tentatives et expériences, et de voir progressivement comment les coordonner pour que nous arrivions à ce que l’action de l’église soit plus significative dans ce domaine.»

MISSION DIVINE
«Ce don (l’élévation au rang de cardinal) que Dieu a envoyé au Sénégal et à l’Eglise du Sénégal correspond à une mission que Dieu nous demande d’accomplir davantage. C’est une espèce de mission supplémentaire que Dieu me donne. Je voudrais donc profiter de cette occasion pour demander à nos frères et sœurs catholiques sénégalais et africains, vivant en France et en Europe, de voir comment eux aussi saisissent ce don que Dieu nous fait, pour mieux vivre en Europe le témoignage de la foi chrétienne.
Mais je l’ai dit aussi au Sénégal à nos frères musulmans qui se sont sentis très concernés par l’événement, que c’est un don que Dieu fait à tous les Sénégalais. Et c’est certainement en référence à tout ce que nous vivons ensemble de beau dans le pays ; je veux dire cette coexistence pacifique, cette entente admirable entre différentes religions, et même leur cohabitation pour construire une société meilleure. Donc, je dis que cela interpelle tous les Africains, tous les Sénégalais chrétiens et musulmans.
Je souhaite, donc, qu’à travers cette messe, quelque chose puisse être enclenché chez les Sénégalais et tous les Africains pour voir comment, étant présents en Europe, nous pouvons apporter à ce monde occidental, par le témoignage.»

DEVELOPPEMENT DE L’EGLISE SENEGALAISE
«Quand vous regardez nos pays, ce n’est pas qu’au Sénégal que les jeunes prêtres sont plus nombreux que les prêtres âgés. En Europe, le clergé est vieillissant. Quand vous avez des prêtres de 60 ans, 70 ans… Avec le  cardinal Hyacent Thiandoum, on disait qu’ici chez nous, nous avons cette difficulté de trouver des prêtres assez âgés pour encadrer les jeunes qui arrivent. Nous étions donc obligés de responsabiliser rapidement les jeunes prêtres. En arrivant à Dakar, en 2000, je me suis dis qu’il y a tellement à faire au niveau du développement de l’église dans la zone de Dakar, qu’il nous faudrait créer, entre 2001 et 2011, dix paroisses. Aujourd’hui, j’en suis à neuf. Donc, ça veut dire qu’il y a une croissance réelle de l’église et qui crée des paroisses et peut trouver des prêtres pour les encadrer.
(…) Nous sommes aussi ouverts aux appels qui nous sont lancés de l’extérieur et nous commençons à envoyer des prêtres à l’extérieur. L’Archevêché de Dakar, par exemple, a aujourd’hui deux prêtres au Diocèse de Moulins. Nous nous préparons aussi avec un autre Diocèse de France pour y envoyer des prêtres. Mais, les Diocèses de Ziguinchor et de Thiès l’ont déjà fait depuis longtemps, comme d’autres d’Afrique qui sont vraiment ouvert, à cet appel du Diocèse français qui manque de prêtres. Nous trouverons cela normal, parce que nous avons reçu l’Evangile des missionnaires européens, donc aujourd’hui si les prêtres manquent en Europe, c’est tout à fait normal qu’à notre tour, nous puissions leur venir en aide.
Pour nous, ce n’est pas une fuite des cerveaux. Par exemple, les prêtres envoyés à Moulins sont partis sous forme d’un contrat de trois ans renouvelable. Ils ne sont pas là pour toujours. Normalement, ça va se renouveler  au bout de deux mandats, trois mandats. Ils ne vont pas s’y implanter définitivement. C’est vraiment une collaboration entre deux Diocèses, de telle manière que les prêtres restent attachés à leur Diocèse d’origine.»
 
UNIVERSITE CATHOLIQUE AFRICAINE
«En Afrique, nous sommes en train de mettre en place une université catholique. Dans un premier temps, nous voulons une seule université pour toute l’Afrique de l’ouest francophone, à raison de l’implantation d’une unité universitaire dans chaque pays, avec des options. Par exemple, au Sénégal, nous avons choisi de prendre l’Unité universitaire des Sciences économiques et de Gestion que nous allons implanter à côté de Ziguinchor. En Côte d’Ivoire, ils ont choisi la Santé en espérant qu’ils pourront l’implanter à côté de la Basilique Yamoussoukoro. Le Burkina a choisi les Sciences de l’agro-industriel, le Bénin, l’Agronomie, le Togo, l’Informatique, le Mali, les Sciences de l’Education et des Arts. C’est une seule université avec un seul rectorat, une sorte d’université décentralisée.»

PROJET DE GRANDE EGLISE A DAKAR
«Ce qui m’a frappé, c’est qu’à Dakar dès que vous avez une grande cérémonie, toutes les églises sont petites. Aux obsèques du Président Senghor, on a essayé de mettre des bâches à l’extérieur de la Cathédrale pour que tous les gens qui viendraient, puissent être à l’aise (…)
A côté des églises paroissiales, qui sont à la dimension des paroisses, il nous faut à Dakar au moins une grande église qui permettra de pouvoir avoir de grands rassemblements de prière et que tout le monde soit à l’aise. A la paroisse Saint-Paul de Grand-Yoff, le cardinal Hyacinthe Thiandoum avait acquis un grand terrain. Vu la dimension de ce terrain, je me suis dis qu’on va en profiter pour créer cette grande église. C’est ça le sens du projet. Alors, le terrain est tellement grand qu’on a créé un collège, le collège cardinal Hyacinthe Thiandoum. Il sera fini, ces temps-ci, et comprendra 52 classes du primaire jusqu’en terminale. Mais, j’espère que d’ici la fin, les travaux du sanctuaire auront commencé. Ce sanctuaire a une double vocation : ça va être la  nouvelle paroisse Saint-Paul de Grand-Yoff, mais c’est une église qui sera modulable. Avec un système de tribunes, quand il le faudra-elle pourra contenir 5 000 places. En plus, on pourra ouvrir les côtés de telle sorte que des personnes pourront se placer sur l’esplanade extérieure et suivre ce qui se passe dans l’église. Ce qui fait que dans les grandes occasions, on  pourra réunir 10 000 personnes.»

DATE DE CONSTRUCTION DE LA GRANDE EGLISE
«J’ai posé la première pierre en janvier 2003. Mais les contributions qu’on attendait ne sont pas arrivées comme je souhaitais. Il y a cette philosophie que j’ai héritée du curé de Grand-Yoff : nous nous disons c’est l’occasion unique de sensibiliser les chrétiens et de dire que nos églises, c’est à nous de les construire et non pas les gens de l’extérieur.
Nous voulions d’abord que les chrétiens de Dakar apportent le maximum de contributions avant qu’on demande de l’aide à l’extérieur.
Un chantier comme celui-là est important. Si vous commencez un chantier et vous l’arrêtez pour recommencer, ça vous coûtera très cher. Donc, nous voudrions d’abord avoir des souscriptions assez importantes avant de commencer. Nous souhaitons disposer du tiers de la somme avant de commencer.
En 2003, l’église coûtait 1,4 milliards. Il nous fallait 500 millions, on ne les a pas eus jusqu’à présent. Mais, on s’est dit qu’il faut commencer parce que ça devient de plus en plus cher. Aujourd’hui ça coûte environ 2 milliards. Mais, il faut qu’on y arrive.
(…) Je voudrais que d’ici la fin 2008, le chantier démarre et que les chrétiens se mobilisent davantage. Après, je commencerai à me tourner vers les autorités publiques et même l’extérieur.»



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