Réunies autour d’un atelier collaboratif, plusieurs organisations de défense des droits des femmes, dont l’Association des juristes sénégalaises (AJS), Siggil Djigén et le collectif Dafadoy, ont renouvelé leur engagement dans la lutte contre les violences faites aux femmes. Unies par un objectif commun, ces associations entendent mutualiser leurs efforts pour développer des stratégies innovantes et renforcer leur plaidoyer.
"Travailler sur les causes, c’est une chose. Mais ce qui nous interpelle aujourd’hui, c’est surtout : comment faire pour que ça cesse", a déclaré Aminata Fall Niang, présidente de l’AJS. Elle rappelle que les violences touchent tous les aspects de la vie des femmes, qu’elles soient juridiques, économiques, sexuelles ou psychologiques.
Selon les données de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD), issues de la dernière enquête nationale bouclée en novembre 2024, plus de 14 % des femmes au Sénégal ont été victimes de violences au moins une fois dans leur vie. Parmi elles, environ 3 % ont subi des violences sévères, telles que des mutilations, blessures graves ou viols.
Fall Niang : "Même 0,1 %, c’est déjà trop."
Depuis les années 2000, l’AJS et d’autres organisations féminines ont obtenu des avancées notables, notamment la criminalisation des violences conjugales, des mutilations génitales féminines et, plus récemment, du viol et de la pédophilie avec la loi de 2020. Toutefois, l'application de cette dernière reste timide.
"Il y a encore un manque de connaissance de la loi, aussi bien du côté des populations que chez les professionnels du droit. Il faut du temps pour que les magistrats s’approprient le texte, mais en attendant, les violences continuent. Et chaque cas est un cas de trop", a-t-elle déploré.
L’atelier a ainsi permis de poser les bases d’un travail commun axé sur la sensibilisation, l’éducation juridique des citoyennes, mais aussi sur le renforcement des mécanismes de signalement et l’application rigoureuse des lois existantes. Les organisations présentes ont exprimé leur volonté d’intensifier leur présence sur le terrain et d’amplifier leur voix dans les sphères décisionnelles.
Unies, elles réaffirment que le combat contre les violences faites aux femmes est l’affaire de tous, et qu’il est plus que jamais urgent de le mener sans relâche.
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