Né et grandi à Kaffrine, Mara Seck est l’un des visages familiers que la région connaît sans forcément toujours mesurer l’étendue de leur engagement. Fils d’un agent de santé venu du Djolof et d’une mère issue de la noble lignée des Beuleup, il est Kaffrinois de naissance autant que par choix profondément enraciné dans cette terre qu’il n’a jamais cessé de servir, que ce soit en salle de classe, sur les estrades officielles ou dans les coulisses des grands événements publics.
C’est dans l’éducation que Mara Seck a posé ses premières pierres. Depuis octobre 2000, il forge sa carrière dans le système éducatif national, à travers les classes de la G6. De Santhie Baba Touré à Nganda, en passant par Mabo ou encore l’école 7 de Diamaguène TP, il a laissé ses marques en tant qu’enseignant et directeur d’école, avant de se voir confier des fonctions administratives au sein de la Mutuelle des volontaires de l’éducation.
Aujourd’hui, il exerce au Centre régional de formation du personnel de l’éducation de Kaffrine, poursuivant son engagement pour une éducation de qualité. Mais son parcours dépasse les murs de l’école.
En 2008, Mara Seck est appelé aux sphères politiques : d’abord attaché, puis chef de cabinet du ministre de la Décentralisation Aliou Sow. À ce poste stratégique, il accompagne la réforme des collectivités locales jusqu’à la fin du régime du président Abdoulaye Wade. Quand son mentor revient au gouvernement sous Macky Sall, cette fois au ministère de la Culture, il le retrouve et prend en main les fonctions liées au protocole. Une expertise qu’il affine au fil des ans.
Parcours d’un enraciné au destin pluriel
Pour Mara Seck, le protocole est une vocation née dans les allées du collège et du lycée Valdiodio Ndiaye de Kaolack. Animateur des Fosco, DJ occasionnel, puis maître de cérémonie reconnu, il développe un style propre, alliant verbe maîtrisé, sens du rythme et connaissance pointue des usages institutionnels. « Être MC, ce n’est pas juste bien parler. C’est une science, un art, une rigueur », dit-il. Depuis 1989, il assure avec brio le protocole du défilé du 4 Avril à Kaffrine, devenu au fil du temps une signature régionale.
Formé à la zone militaire sur initiative du préfet Aliou Badara Mbengue, Mara Seck connaît aujourd’hui toutes les subtilités du cérémonial militaire, mais aussi civil et religieux. Il a collaboré avec des figures emblématiques comme feu Bruno Diatta et a su s’imposer par la rigueur, la loyauté et l’efficacité. Plusieurs autorités lui ont témoigné leur reconnaissance : gouverneurs, préfets, militaires, diplomates… Tous saluent le professionnalisme de cet homme de l’ombre.
Un engagement qui transcende les douleurs. Malgré les épreuves personnelles, Mara Seck a toujours répondu présent. Il se souvient de ce 4 Avril où, malgré le décès de son frère, il a été contraint, par « raison d’État », d’assurer le défilé, ou encore de cet accident de voiture la veille d’un événement majeur où, blessé, il a tenu son rôle jusqu’au bout. Des anecdotes révélatrices de sa fidélité à Kaffrine et à ses engagements.
L’homme des initiatives locales. Derrière le fonctionnaire, se cache aussi un bâtisseur : Mara Seck a investi de ses propres moyens dans la création d’un complexe culturel à Kaffrine, pour offrir aux jeunes un espace d’expression digne de ce nom. « Kaffrine ne doit pas dépendre pour organiser un événement. Il nous faut l’autonomie culturelle », clame-t-il avec la passion d’un visionnaire.
Son parcours est également tissé d’engagements associatifs et religieux. Premier président du Conseil régional de la jeunesse de Kaffrine, délégué au Conseil national de la jeunesse, pionnier en secourisme avec la Croix-Rouge, aide-infirmier, membre actif des navétanes, Mara Seck est de tous les combats utiles. Mouride de confession, il a visité deux fois La Mecque. Le fils du Ndoucoumane incarne une foi vécue dans l’action, ancrée dans des valeurs de vérité, d’honnêteté et de loyauté.
C'est un homme de terrain et de cœur, formé à la géographie et au développement local. Il manie aussi bien la planification que la parole. Fin connaisseur des terroirs, il porte un amour sincère pour la cuisine locale, du «thiakri» au couscous de mil. Un homme simple, mais exigeant, qui croit en l’effort et la dignité du travail.
Au-delà des mots et des cérémonies, M. Seck cultive aussi un amour sincère pour la cuisine locale. S’il devait choisir un plat pour symboliser son identité, ce serait le "mafé", savoureux et populaire. Mais il ne cache pas non plus son goût pour les trésors du terroir : "gnéleng", "mbaxal saloum" ou encore "thiéré ak mboum", des plats enracinés dans les habitudes rurales, qu’il savoure au dîner et au petit-déjeuner. Pour lui, l’alimentation est aussi une mémoire, une culture, un héritage à préserver.
Mara Seck est bien plus qu’un maître de cérémonie. Il est une institution vivante, une boussole dans une région en quête de repères. Son parcours force le respect. Son engagement inspire et son rêve d’une Kaffrine culturellement indépendante est une ambition à soutenir. Car derrière chaque grande région, il y a des hommes comme lui : constant, discret, mais essentiel pour le développement de leur localité.
Commentaires (0)
Participer à la Discussion