Ils sont dans les champs ou les exploitations agricoles, où ils sont astreints à un travail pendant de longues heures, utilisant parfois des outils conçus pour les adultes. L’agriculture emploie dans le monde quelque 70 % des enfants qui travaillent. Hier, la communauté internationale a accentué le plaidoyer pour que les enfants quittent les champs pour retrouver leur véritable place : l’intérieur d’une classe, avec un maître et un tableau…
Les champs n’ont plus de secrets pour certains d’entre eux. À Pékesse ou Mboro, dans la région de Thiès, au Sénégal, les enfants travaillent dans l’agriculture. Ailleurs, à Tamalé au Ghana, Douala au Cameroun ou Daloa en Côte d’Ivoire, les enfants travaillent de longues heures, « portant même, dès fois, des charges trop lourdes pour leurs petits corps ». D’autres enfants, ici ou ailleurs en Afrique, passent beaucoup de temps soit dans des ateliers, soit dans les champs. Le plaidoyer existe pourtant, porté par la communauté internationale et le Bureau international du travail (Bit) pour que les enfants ne travaillent plus. Pour qu’ils retrouvent enfin leur véritable place : une salle de classe avec un maître. Dans plusieurs endroits du monde, certains légitiment le travail des enfants. Or, il s’agit bien d’un fléau mondial qui persiste malheureusement dans les pays en développement. D’autres, dans ces mêmes pays, le considèrent même comme une réponse à une crise économique persistante qui affecte les populations des zones rurales et périurbaines.
D’où des stratégies de survie quotidiennes qui précarisent les enfants, exposés ici ou là à une vie active décidément précoce. Mais il faut toujours un engagement général pour dire halte ou accentuer le plaidoyer. Ce fut le cas, hier, avec la célébration de la 6e Journée internationale contre le travail des enfants. L’édition de cette année était consacrée à la lutte contre l’exploitation des enfants en milieu agricole. En effet, selon les chiffres du deuxième rapport global du Bureau international du travail (BIT) sur le travail des enfants publié en 2002, il a été constaté qu’un pourcentage important d’enfants travaillait dans l’agriculture. Dans le monde, 69% des enfants âgés de 5 à 14 ans travaillent dans l’agriculture, soit 132 millions de jeunes travailleurs. En Afrique, on compte 49,3 millions des 5-17 ans qui travaillent, dont 30 à 35 millions dans l’agriculture.
Pertinence du plaidoyer
La vérité des chiffres démontre la pertinence du plaidoyer du Bit, des organisations de défense des droits de l’homme et de la communauté internationale, pour que les enfants quittent les champs et aillent à l’école. Selon le Bit, les enfants qui travaillent dans l’agriculture sont confrontés à plusieurs risques dont notamment l’usage des pesticides. Ils peuvent, à terme, souffrir de problèmes respiratoires ou de maladies de la peau. Pire, ils peuvent se blesser très facilement, victimes qu’ils pourraient être de morsures diverses. On relève, selon les indications du Bit, que « l’agriculture est un des trois secteurs les plus dangereux, avec les mines et le bâtiment, en termes de morts et de blessés au travail, et ceci est particulièrement vrai pour les enfants dont le corps est en pleine croissance et qui manquent d’expérience ou de formation ». Au Sénégal, les études réalisées au cours de la dernière décennie ont mis en relief l’importance du travail des enfants. L’enquête sur les Objectifs de la fin de la Décennie sur l’Enfance (Mics-II) de 2000 réalisée par la Direction de la prévision et des statistiques (Dps) sur financement de l’Unicef a montré que 37,6% des enfants de 5-15 ans ont eu à entamer leur vie professionnelle. Aussi, l’Enquête sénégalaise auprès des ménages (Esam-II) de 2001-2002, réalisée par la Dps avec l’appui technique et financier de la Banque mondiale, révèle que 32,5% des enfants de 10-14 ans ont commencé leur vie professionnelle. Toutes ces enquêtes, celles qui ont suivi et celles en cours s’inscrivent dans le cadre des politiques et programmes mis en place par le gouvernement, visant à abolir progressivement le travail des enfants au Sénégal, et surtout ses pires formes.
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