Les forces de l’ordre et les étudiants de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad) se sont hier, affrontés sans merci sur fond de jets de pierres et de grenades lacrymogènes, pendant cinq tours d'horloge. Des insultes, des menaces, tous les moyens étaient bons pour tromper la vigilance des forces de l’ordre, armées de Mas-36. Elles avaient pris position devant les portes du campus social, lâchant de temps à autre des grenades lacrymogènes pour disperser et affaiblir les groupuscules d’étudiants. Ces derniers ont recouru à la violence, se frottant ainsi aux forces de l'ordre, afin de pouvoir récupérer leurs pécules. ‘Depuis le début de l'année, nous n'avons pas reçu nos bourses et nous avons épuisé nos stocks de tickets qui permettent d’accéder aux restaurants’, regrettent ces manifestants qui ajoutent : ‘Nous avons effectué de multiples aller et retour devant les guichets, mais en vain’.
Et hier, vers les coups de 11h, les étudiants avaient choisi de durcir le ton amenant les forces de l'ordre à reculer. Mais la réplique sera très dure. En effet, les éléments du Groupement mobile d’intervention vont violer les franchises universitaires pour retrouver les étudiants dans leurs chambres, notamment au niveau des Pavillons des mariés (Pm). Ainsi, ils vont défoncer les portes des chambres pour trouver à l'intérieur des étudiantes qu'ils vont sévèrement ‘corriger’. ‘Les forces de l'ordre ont défoncé la porte de notre chambre, saccagé nos matériels et emporté nos portables et une somme de 22 mille francs Cfa’, se désole Saly Mangane, jeune étudiante logée au 8 Pm 5. Sa voisine de chambre se dit ‘très déçue par ce qui s'est passé ce matin’. ‘J'ai vu des étudiants, qui prenaient leur bain au Pavillon N, qui ont été cueillis à l'intérieur des douches pour être sauvagement battus. Les policiers ne les ont même pas donné le temps de porter des habits. Ils les ont sortis nus et les ont battus comme des animaux’, rapporte l'étudiante.
Abondant dans le même sens, Oumy Khaïry Sall révèle avoir subi le même sort, puisque les policiers ont saccagé tous ses bagages. Amy Codou Bâ, logée au 10 Pm 4 témoigne : ‘J'étais en train de regarder un film sur l'ordinateur portable de ma sœur, quand tout d'un coup j'ai entendu quelqu'un défoncer la porte. A ma grande surprise, des Gmi se sont invités dans la chambre. Et sans aucune explication, ils ont commencé à me battre. Ils m'ont traînée tout au long des escaliers avant de m'embarquer dans leur fourgonnette. J'y ai trouvé d'autres étudiants qu'ils avaient ligotés comme des moutons. Ils nous battaient et nous demandaient de nous taire parce que nous étions des étudiants. Comme si l'étudiant était un animal’. Ces scènes de violence, qui se sont déroulées hier dans le temple du savoir, auront occasionné des blessés graves du côté des étudiants. Infirmier Major du service médical de l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Mara Kaïré informe que neuf étudiants ont été blessés par des coups de matraque et des grenades lacrymogènes. ‘J'ai évacué cinq d'entre eux à l'hôpital Principal, parce que leurs cas étaient un peu graves. Parmi ces étudiants, il y a deux qui sont tombés du 1er étage des Pm’, précise le Major Kaïré.
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