Dans le Hip-hop sénégalais ces dernières années, la frontière entre engagement politico-artistique et militantisme partisan est de plus en plus ténue. Jadis, les rappeurs sénégalais se servaient de leur musique pour dénoncer les dérives des régimes, les injustices sociales et les inégalités. Mais ces dernières années plusieurs rappeurs ont franchi le Rubicon en affichant de manière ostentatoire leur appartenance politique.
Une pratique que Didier Awady, l’un des pionniers du rap au Sénégal, ne comprend pas. Panéliste dans une plénière sous le thème « Art et culture, vecteur de richesse et d’emplois », dans le cadre du festival international Saint-Louis Jazz, le rappeur panafricaniste déclare : « En 1992 on a enregistré notre premier morceau dans une compilation qui s’appelait Dakar 92’. C’était la première fois qu’on rappait un texte 100% Wolof et on disait : Dougnou Ps, Dougnou Pds, gnoune gnoy PBS (Nous ne sommes ni du Ps, ni du PDS. Nous sommes le PBS) ».
« Vous ne nous verrez jamais dans un Parti politique », souligne avec insistance l’artiste qui lance à l’attention de ses collègues rappeurs : « on doit rester à équidistance, parce qu’une fois que tu perds ton indépendance tu deviens faible et on te manipule ».
Le fondateur du studio Sankara devenu un label incontournable dans l’industrie Hip-Hop au Sénégal et dans la sous-région, invite ses confrères rappeurs à être plus entreprenants afin de tirer pleinement profit de leur art.
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