L’audit de la Société nationale d’électricité a révélé, en plus de ce qui a déjà été dit dans les médias, des choses très inquiétantes. Le ministre en charge de l’Energie, Karim Wade, qui faisait face mercredi dernier aux acteurs du sous-secteur de l’électricité, après avoir revisité tout le circuit, de l’approvisionnement à la distribution, en passant par le financement des hydrocarbures, l’investissement et la production d’électricité, a indiqué que ‘la situation est grave, encore plus grave que ce que peuvent en dire les médias ou ce que chaque Sénégalais victime des coupures intempestives d’électricité peut légitimement ressentir’.
Elle découle en grande partie, selon le ministre d’Etat, des performances économiques enregistrées par le Sénégal au cours des dix dernières années avec une croissance du Produit intérieur brut (Pib) de 5 % par an qui s’est traduite par une croissance de la demande d’électricité de 10 % par an. ‘En 2000, Senelec avait seulement 398 000 abonnés et près de 3 millions de Sénégalais avaient accès au courant alors qu’aujourd’hui, Senelec a plus de 885 000 abonnés et nous sommes plus de 7 millions de Sénégalais à avoir accès à l’électricité’, note le ministre dans son discours dont copie nous est parvenue. A cela, Karim Wade ajoute l’augmentation de la consommation des Sénégalais en électricité : ‘63 % des clients actuels de Senelec sont dans la tranche des consommateurs de plus de 150 kwh, à savoir la tranche des grands consommateurs’, souligne-t-il.
Pis, sur le plan de la production, le ministre relève que le parc de production d’électricité de Senelec est, en grande partie, obsolète, peu fiable, très coûteux, inadapté et insuffisant en termes de capacité. ‘Il existe un déficit structurel de production de 100 Mw par rapport à la demande, ce qui induit des délestages fréquents (2 950 heures de délestage, soit 40 % du temps) et une détérioration continue de l’outil industriel, un outil de production et de transport vieillissant (12 ans en moyenne), dont 140 Mw ont plus de 20 ans, et le coût de production pour certaines centrales atteint jusqu’à 167 francs Cfa le Kwh alors que l’électricité est vendue entre 108 et 120 francs Cfa au consommateur’, se désole-t-il.
Autre grief décelé par les auditeurs, le non-respect du programme de maintenance. En effet, selon Karim Wade, étalé sur plusieurs années, ce manquement a accru et perpétué le cycle infernal des délestages. Ce qui s’est manifesté, à son avis, comme un abandon prématuré de l’utilisation de certaines centrales de la Senelec.
Un endettement qui dépasse les 200 milliards
Le volet financier a également connu des impairs, qui n’ont pas manqué d’avoir des répercussions sur la production. En effet, Karim Wade signale dans son texte que la Senelec a besoin de 800 millions de francs Cfa par jour pour acheter le combustible nécessaire à son fonctionnement, alors qu’elle va enregistrer pour l’année 2010 un dérapage opérationnel et financier très net, qui devrait se traduire par des pertes estimées entre 50 et 60 milliards de francs Cfa. Conséquence, l’endettement actuel de l’entreprise dépasse les 200 milliards de francs Cfa, avec une part significative de dettes à court terme et de dettes d’exploitation à reclasser en dettes financières du fait de leur durée et des conditions de paiement.
‘La Senelec doit à ses fournisseurs et créanciers près de 78,5 milliards de francs Cfa. Une grande partie des revenus de Senelec sont nantis au profit des producteurs indépendants Gti et Kounoune ou auprès des banques de la place qui financent les approvisionnements en combustibles. Cette situation pénalise gravement la trésorerie de la société’, déclare le ministre qui vient de boucler plus de cent jours à la tête de ce département.
Et comme un malheur n’arrive jamais seul, Wade fils annonce que le retard du programme charbon, en ce qui concerne les investissements, va coûter à la Senelec environ 60 milliards de francs Cfa par an jusqu'à l’entrée en service des centrales à charbon prévues éventuellement en 2014. Ce qui portera les pertes au minimum de 300 milliards, selon le ministre.
Des mesures radicales pour renverser la tendance
Conscient des enjeux que constitue ce secteur névralgique pour la bonne marche de l’économie nationale, le ministre annonce ‘une riposte à la mesure des défis’. Laquelle sera structurée autour de deux volets, dont la mise en œuvre va commencer immédiatement et avec des rythmes de conduite différents pour s’étendre jusqu’en 2015. Ainsi, le premier volet du plan d’urgence verra la mise en œuvre d’un programme de capacité de production d’appoint d’urgence, la mise en place d’un plan agressif de gestion de la demande et la construction de capacités de production permanentes pour l’accélération de la sortie de crise. A cet effet, le ministre entrevoit le lancement immédiat d’un premier programme de réhabilitation, maintenance et entretien des centrales de la Senelec pour récupérer au moins 50 Mw des capacités avant la fin de l’année 2011, pour parer aux délestages, et absorber une partie de la demande cachée. Il prévoit également la location immédiate d’une capacité de production d’appoint de 150 Mw, dont 50 Mw de réserve.
Mais pour sortir définitivement de la crise, Karim Wade ne voit pas d’alternative que dans la restructuration financière de Senelec. Ce qui doit, selon lui, passer par ‘une opération de renforcement des fonds propres, une restructuration de la dette et une injection importante de ressources financières’.
11 Commentaires
Dia Dieuf
En Janvier, 2011 (11:07 AM)Aller Rimka bou dara sédd
Rrf
En Janvier, 2011 (11:07 AM)Eilat
En Janvier, 2011 (11:07 AM)Black_woman
En Janvier, 2011 (11:08 AM)Kilène Di Bègueule
En Janvier, 2011 (11:10 AM)Repenti
En Janvier, 2011 (12:45 PM)Vraiment Momar baal ma axx ! Je t'avait démenti à tort ! Que dieu nous aide !
Faye
En Janvier, 2011 (13:48 PM)Bara
En Janvier, 2011 (14:48 PM)Pif
En Janvier, 2011 (16:11 PM)équilibre
En Janvier, 2011 (16:14 PM)Peter
En Janvier, 2011 (21:33 PM)Participer à la Discussion