[Entretien] Maleine Amadou Niang : « Il faut relancer l’économie sur la base du potentiel, pas seulement sur la fiscalité »
Alors que le Sénégal entame la mise en œuvre de son ambitieux Plan de redressement économique et social, l’expert en finances publiques Maleine Amadou Niang partage son analyse ce 9 août 2025. Dans cet entretien accordé à Seneweb, il salue l’effort de planification du gouvernement, tout en plaidant pour une approche plus réaliste et fondée sur le potentiel économique national, au-delà d’une dépendance exclusive à la fiscalité.
Vous avez suivi la présentation du plan de redressement économique par le Premier ministre. Quelle est votre première lecture ?
D’abord, je salue le fait que l’action du gouvernement soit planifiée, ce qui constitue un point positif qu’il convient d’apprécier. Cependant, une réflexion critique s’impose. Sur le plan fiscal, le plan s’inscrit dans la continuité des documents budgétaires élaborés cette année, comme les rapports d’exécution trimestriels ou le DPPB, avec un effort notable de mobilisation des recettes.
Mais vous émettez quelques réserves…
Oui, je voudrais insister sur la dimension économique du plan. Financer 90 % du plan avec des ressources internes est extrêmement ambitieux. Pour que cette mobilisation de recettes soit réaliste, il faut une économie suffisamment dynamique. Or, compte tenu des chiffres actuels des finances publiques et de l’état de notre économie, cet objectif me semble difficile à atteindre sans des leviers économiques solides.
Quels leviers économiques faudrait-il activer alors dans ce cas ?
Il faut insuffler un message d’espoir. Le Sénégal est un pays jeune, doté de riches ressources naturelles. Il est essentiel de remobiliser le secteur privé, de stimuler l’entrepreneuriat, notamment dans les secteurs agricole et industriel, et surtout de décentraliser la production de richesse. On ne peut pas espérer des recettes fiscales significatives si la richesse reste concentrée à Dakar. Par ailleurs, une gestion ciblée et structurée des dépenses publiques est indispensable.
La réduction du train de vie de l’État serait donc un bon levier ?
C’est une mesure positive. Réduire la taille du secteur parapublic, souvent gourmand en ressources budgétaires, est nécessaire. Cependant, cela ne suffit pas. Il faut changer de paradigme en développant une culture entrepreneuriale forte et en restaurant une relation saine entre l’État, les citoyens et le secteur privé, ce dernier devant être reconnu comme un pilier du développement, et non un acteur marginal.
Faut-il donc comprendre que la relance économique doit forcément passer par l’investissement public ?
Absolument. La relance doit s’appuyer sur la commande publique, mais aussi sur un investissement public structurant. Elle passe également par l’industrialisation, la formation technique et professionnelle, et la valorisation de notre jeunesse. Ce sont ces gains de productivité qui généreront la valeur ajoutée et, par conséquent, les ressources fiscales nécessaires.
Vous évoquez aussi la question de la diaspora. Que peut-elle apporter au plan ?
La diaspora représente une manne financière potentielle, mais elle n’investira pas sans conditions. Il faut établir un lien de confiance, proposer des projets bancables, garantir leur rentabilité et honorer les engagements. Trop souvent, des membres de la diaspora ont été victimes d’arnaques, notamment dans l’immobilier. Pour mobiliser leur épargne, un cadre clair, transparent et sécurisé est essentiel.
Autre point souligné, et non moins important, il s’agit de la renégociation des contrats stratégiques. Êtes-vous favorable ?
En principe, oui. C’est un droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Toutefois, il faut rester réaliste : la plupart de ces contrats incluent des clauses de stabilisation, limitant les marges de renégociation sur 20 à 25 ans. Ces accords, régis par le droit international, relèvent de juridictions arbitrales, et leurs ressources ne sont pas mobilisables à court terme.
Et sur le renforcement de la transparence, avec la publication des rapports ?
C’est une excellente initiative. Cependant, publier les rapports ne suffit pas. Ils doivent être utilisés par l’Assemblée nationale, la Cour des comptes, la presse et la société civile. Un pays atteint sa maturité quand le débat public repose sur des informations ouvertes, fiables et régulièrement exploitées. La redevabilité passe par une exploitation rigoureuse de ces outils.
Les ressources publiques du Sénégal sont limitées. Pour les optimiser, il faut des analyses objectives menées par des acteurs compétents. J’invite donc la société civile et les médias à se renforcer, notamment en finances publiques. C’est par cette intelligence collective que le redressement profitera véritablement aux Sénégalais.
Commentaires (5)
Ce mec n'a même pas terminé ses études.
grand c'est à quel niveau on termine ses études ? Bayil thiakhane bi.
S'il vous plaît arrêtez de raconter des histoires. Ce gars est un expert en finances publiques qui dirige depuis plus de 15 ans une organisation non gouvernementale. Un gars très pertinent. Et c'est ce que le pays a besoin actuellement des hommes qui renforcent le débat public.
Il est le fils du DG de la SONES lui même ex conseiller de Serigne MBaye Thiam
Rien de nouveau dans ce pays
Quel demeuré ! Nékal nit té diang ci limou diokhé comme khalat
Vous en n'êtes sûr ?
Le genre de contribution que l'on aime voir.
Reconnaitre les ambitions et les efforts du régime en place et surtout propose de pistes de solutions.
Il faut lire et apprendre. Ce gars est pertinent, il a donné des pistes de solutions et je pense que le gouvernement va en profiter pour le bien de tous les sénégalais
merci beaucoup Mr niang le senegal a bsoin des hommes dignes et intègres comme vous machalla ❤️❤️❤️
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