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Emmanuel Macron devait arriver à Kigali trois jours plus tard pour sceller la réconciliation diplomatique entre la France et le Rwanda. A cette occasion, il devait visiter le Mémorial de Gisozi, à Kigali, où sont enterrés les restes de 250 000 victimes du génocide des Tutsi, qui a plongé le Rwanda dans l’horreur au printemps 1994.Pour y être allé cinq ou six fois auparavant, je connais bien ce musée dont le parcours se termine par la très émouvante « salle des enfants ». Une dizaine d’immenses portraits de jeunes gens assassinés pendant les massacres y sont affichés, comme celui d’Ariane, 4 ans, « tuée à coups de couteau dans les yeux », ou d’Aurore, 2 ans, « brûlée vive dans la chapelle de Gikondo ».Encore abasourdi, je décide de prendre un café à l’extérieur avec Paul Rusheka, employé au Mémorial de Gisozi. Pendant plusieurs années, il a pensé avoir retrouvé le corps de son père, tué pendant le génocide et jeté dans une fosse commune, avant de découvrir que ce n’était finalement pas le sien. Une histoire bouleversante, alors que des cadavres continuent d’être exhumés sur les collines du Rwanda.
« Au Cameroun, les Pygmées misent sur l’école pour sauver leurs forêts de la destruction », par Josiane Kouagheu![]()
C’est l’un de mes plus longs voyages de reportage pour Le Monde Afrique. Des semaines sur les routes, à sillonner une vingtaine de villages et campements, à rencontrer des dizaines de populations autochtones de la forêt et, surtout, ces jeunes garçons et filles « prêts à tout pour sauver [leurs] forêts qui disparaissent », comme me l’a répété Romarick Mabally, premier diplômé de sa famille.Le Cameroun a perdu en 2020 plus de 100 000 hectares de forêts primaires humides, soit près du double des pertes enregistrées en 2019 du fait, entre autres, de l’agriculture itinérante, de l’exploitation forestière et des grands projets agro-industriels. Comme Romarick Mabally, de nombreux jeunes « Pygmées » (terme que beaucoup jugent péjoratif) sont convaincus qu’il leur faut étudier, devenir médecin, policier, maire… afin d’avoir les moyens, l’autorité et « les armes juridiques », m’a dit Nellie, 16 ans, de protéger leur forêt.
« Dans les mines d’or de RDC, enfants et femmes s’épuisent à trouver “le bon filon” », par Coumba Kane![]()
Ce reportage est né dans le sillage d’une série d’articles sur les violences sexuelles commises dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC). Dans cette région rongée par l’insécurité, la guerre se fait aussi sur le corps des femmes. Une violence endémique entretenue par la ruée vers les richesses minières – parmi les plus généreuses au monde.Pour comprendre, je me suis rendue à Kadumwa, une localité située à trois heures de route de Bukavu, capitale de la province du Sud-Kivu. Dans cette mine d’or perchée à 2 000 mètres d’altitude, j’ai constaté le travail quotidien exténuant de jeunes hommes, d’enfants, et le calvaire des femmes qui y vivotent en se prostituant. Et l’impossible traçage de l’or, qui disparaît aux frontières du pays dans des filières illégales, contribuant à nourrir l’insécurité et l’exploitation des femmes et des enfants.
« De Lamu à Nairobi, la saga de la lutte anti-charbon au Kenya », par Marie de Vergès![]()
Quand on distingue pour la première fois la silhouette du port de Lamu, avec ses vieilles maisons swahilies bordées par les eaux tièdes de l’océan Indien, on peine à imaginer que ce lieu hors du temps vit émerger l’une des luttes environnementales les plus emblématiques du continent africain. L’une des plus actuelles aussi, dans un contexte mondial de remise en cause des énergies fossiles. C’est pourtant bien ici, dans ce petit coin de paradis de l’est du Kenya, qu’une poignée de militants, déterminés à protéger leur mode de vie et l’écosystème fragile de leur archipel, se sont efforcés d’empêcher la construction d’une gigantesque centrale à charbon.En cette année marquée par l’organisation de la COP26, je suis allée à la rencontre de ces militants qui ont réussi à faire triompher leur cause, avec le relais d’organisations basées à Nairobi et à l’étranger. Une façon de raconter comment l’Afrique, qui subit de façon disproportionnée les conséquences du dérèglement climatique, voit aussi se structurer une nouvelle génération de défenseurs de l’environnement, bien décidée à faire entendre sa voix.
« Au Soudan, la ville de Bahri pleure ses martyrs », par Eliott Brachet![]()
Au Soudan, la révolution a un rythme. Les jours de manifestations ne sont pas décidés au hasard. Ils commémorent des jours de lutte contre les quatre pouvoirs militaires qui se sont succédé depuis l’indépendance. Ces dates sont tracées sur les murs. Indélébiles. Comme le 3 juin 2019, lorsque les mêmes miliciens aux ordres des mêmes militaires ont assassiné une centaine de manifestants pacifiques, le 17 novembre marquera désormais le calendrier révolutionnaire. Cette journée fut la plus meurtrière depuis le coup d’Etat du général Abdel Fattah Al-Bourhane.Dans les cortèges de manifestants opposés à la junte, les visages des martyrs sont imprimés sur des drapeaux blancs. Ceux de Khartoum, Bahri, Oumdurman ou des grandes villes ont un nom. D’autres restent anonymes. Le 17 novembre, alors que toutes les communications étaient coupées, un autre massacre se déroulait à Jebel Moon, au Darfour, dans l’indifférence.
« A Dakar, dans le Studio des vanités du photographe Omar Victor Diop », par Olivier Herviaux![]()
Avec sa nouvelle série photographique « Allegoria », présentée à la foire internationale Paris Photo en novembre, le jeune artiste sénégalais Omar Victor Diop, très prisé des collectionneurs, débute un nouveau chapitre de son travail. Il se saisit de la question fondamentale de l’environnement et de sa portée sur le continent africain.Ses œuvres présentent l’allégorie d’une humanité soucieuse d’une nature qui pourrait n’être plus qu’un souvenir des manuels d’histoire naturelle. L’artiste, qui se met en scène entouré de plantes, d’oiseaux, de poissons ou de mammifères, crée un jardin symbolique d’une beauté troublante. C’est chez lui, à Dakar, dans son Studio des vanités, qu’il m’a donné rendez-vous au mois de mars.
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