Au moins 20 personnes sont mortes depuis mardi dans deux incidents intercommunautaires dans une province de l'est du Tchad, selon des sources parlementaires et locales.
Dans un communiqué parvenu à l'AFP lundi, 14 parlementaires de la province du Ouaddaï, majoritairement issus du pouvoir en place à N'Djamena, "condamment avec force ces actes odieux" et appellent les autorités à "multiplier les efforts pour assurer la sécurité des paisibles citoyens".
Les élus annoncent un bilan "de 20 morts et 16 blessés".
Le délégué du gouvernement dans la province, Ismaël Yamouda Djorbo, qui s'est rendu sur les lieux, a employé publiquement le terme de "terrorisme" pour qualifier les faits. En revanche, il n'a donné aucun bilan.
Selon une source locale, qui a souhaité garder l'anonymat, ces violences se sont déclenchées après le vol mardi de la moto d'un membre de la communauté ouaddaïenne par deux jeunes de celle des Zaghawa armés. Une violente altercation armée a suivi et huit personnes ont perdu la vie dont les deux voleurs de la moto, selon la même source.
Le conflit qui oppose les deux communautés s'est intensifié samedi lorsque qu'au moins 12 ouaddaïens ont été tués au cours d'une attaque menée par les Zaghawa.
"Nous dénonçons avec force l'impunité dont jouissent les auteurs de ces crimes dans la province du Ouaddaï (...). Les autorités restent étrangement silencieuses face à ces conflits meurtriers", a dénoncé lundi dans une vidéo Yacine Abdraman Sakine, député de la province du Ouaddaï.
Depuis plusieurs dizaines d'années, l'est tchadien, zone de transhumance et région stratégique à la frontière avec le Soudan, est en proie à des conflits entre différentes communautés: d'un côté, les autochtones ouaddaïens, agriculteurs, et de l'autre, des tribus arabes ou Zaghawa, éleveurs.
Des affrontements meurtriers s'étaient déjà produits en novembre 2018, quand une dizaine de personnes avaient été tuées à une soixantaine de kilomètres d'Abéché, capitale du Ouaddaï.
Ce nouveau massacre intervient moins d'un mois après la mort de 42 personnes à Mandakao dans le sud-ouest du pays, selon un bilan officiel. Un contentieux entre des éleveurs peuls et des agriculteurs Ngambayes autochtones sur la délimitation des zones de pâturage et d'agriculture dans le village de Mandakao en serait à l'origine.
Lundi, la Commission tchadienne des droits de l'Homme a déploré le massacre du Ouaddaï et appelé le gouvernement à "prendre toutes les mesures qui s'imposent pour mettre un terme aux séries de cas d'insécurité caractérisées par des tueries à armes à feu enregistrées au quotidien dans le pays".
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