Un manuel envoyé à des écoles par un think-tank américain controversé est semé d’affirmations trompeuses concernant la science du climat. Une tentative, selon des militants, “d’infecter” les jeunes esprits.
Suscitant l’indignation des militants et des enseignants, mais applaudi par les climatosceptiques, le Heartland Institute a envoyé cette année le livre à plus de 8.000 enseignants américains pour “présenter des faits”, selon eux ignorés ou déformés par les experts et les médias.
“Le Climat en un coup d’oeil pour les enseignants et les élèves”, fact-checké par l’AFP, fait suite à un autre envoi en masse de livres en 2017, démontrant une volonté de semer le doute concernant les preuves scientifiques sur la crise qui menace la planète. “Il est scandaleux qu’une telle propagande ait été envoyée [...] dans le but d’infecter les esprits des enfants”, a déclaré à l’AFP Susan Joy Hassol, directrice de l’association Climate Communication.
Les 80 pages du livre, qui s’appuient sur des données, des graphiques et des notes de bas de page citant des sources conventionnelles comme des agences gouvernementales et internationales, apparaissent comme une référence légitime.
Suscitant l’indignation des militants et des enseignants, mais applaudi par les climatosceptiques, le Heartland Institute a envoyé cette année le livre à plus de 8.000 enseignants américains pour “présenter des faits”, selon eux ignorés ou déformés par les experts et les médias.
“Le Climat en un coup d’oeil pour les enseignants et les élèves”, fact-checké par l’AFP, fait suite à un autre envoi en masse de livres en 2017, démontrant une volonté de semer le doute concernant les preuves scientifiques sur la crise qui menace la planète. “Il est scandaleux qu’une telle propagande ait été envoyée [...] dans le but d’infecter les esprits des enfants”, a déclaré à l’AFP Susan Joy Hassol, directrice de l’association Climate Communication.
Les 80 pages du livre, qui s’appuient sur des données, des graphiques et des notes de bas de page citant des sources conventionnelles comme des agences gouvernementales et internationales, apparaissent comme une référence légitime.
Mais selon des scientifiques qui ont parlé à l’AFP, le livre est truffé d’affirmations trompeuses. Il insinue notamment que la hausse du niveau de CO2 a un impact positif sur les cultures et les récifs coralliens, que le déclin de la neige est négligeable, que la montée des eaux ne s’accélère pas et que les vagues de chaleur sont moins importantes. “Nous avons confiance en nos données”, a assuré à l’AFP son éditeur, le climatologue en chef du Heartland Institute Sterling Burnett.
Soupçons de liens avec l’industrie fossile
La publication du livre fait suite à une hausse du déni climatique aux Etats-Unis depuis juillet 2022, alors que le président Joe Biden avait obtenu le soutien nécessaire à un important projet de loi de dépense sur le climat. M. Biden, qui encourage les Américains à adopter les voitures électriques et les énergies renouvelables, provoque le mépris des sceptiques qui considèrent leur style de vie et leurs valeurs menacées. Des études montrent pourtant que de nombreux Américains admettent la réalité du changement climatique.
L’opacité du financement de l’institut Heartland, fondé en 1984, amène les militants à soupçonner que celui-ci agit dans l’intérêt de l’industrie fossile. S’il ne divulgue pas ses principaux financeurs, il a déjà déclaré en 2012 avoir reçu des fonds de la branche caritative du géant du pétrole Koch Industries.
Le secret est aussi gardé sur les 8.000 destinataires du livre. Interrogé par l’AFP, Burnett a affirmé “ne pas être chargé des envois”, et a transféré la demande à la direction de la communication de l’institut, qui n’a pas répondu.
La publication du livre fait suite à une hausse du déni climatique aux Etats-Unis depuis juillet 2022, alors que le président Joe Biden avait obtenu le soutien nécessaire à un important projet de loi de dépense sur le climat. M. Biden, qui encourage les Américains à adopter les voitures électriques et les énergies renouvelables, provoque le mépris des sceptiques qui considèrent leur style de vie et leurs valeurs menacées. Des études montrent pourtant que de nombreux Américains admettent la réalité du changement climatique.
L’opacité du financement de l’institut Heartland, fondé en 1984, amène les militants à soupçonner que celui-ci agit dans l’intérêt de l’industrie fossile. S’il ne divulgue pas ses principaux financeurs, il a déjà déclaré en 2012 avoir reçu des fonds de la branche caritative du géant du pétrole Koch Industries.
Le secret est aussi gardé sur les 8.000 destinataires du livre. Interrogé par l’AFP, Burnett a affirmé “ne pas être chargé des envois”, et a transféré la demande à la direction de la communication de l’institut, qui n’a pas répondu.
“Je parierais que les envois ont été stratégiquement répartis dans certains districts électoraux pour appuyer certains politiciens qui continuent à nier ou tromper au sujet du changement climatique”, soupçonne Kate Cell, responsable de la campagne climat pour l’Union of Concerned Scientists.
“Comment ne pas assembler des données”
L’ampleur de l’envoi est moindre par rapport aux centaines de milliers d’exemplaires envoyés en 2017. Glenn Branch, directeur adjoint au National Center for Science Education, y voit un “aveu tacite” de l’inefficacité de la stratégie de Heartland. Les enseignants en sciences sont devenus “mieux préparés pour expliquer le changement climatique, et deviennent d’autant plus méfiants à l’égard des contenus climatosceptiques”, a déclaré M. Branch à l’AFP.
Pourtant, les avis sur le site de commande en ligne Amazon sont en écrasante majorité positifs. “Tous les grands-parents devraient en acheter un pour leurs petits enfants, tous les enseignants devraient en prendre un pour leurs élèves. Le ciel ne nous tombe pas sur la tête, faites passer le message!”, a écrit un lecteur. L’AFP n’a pu confirmer que ces commentaires étaient indépendants de l’institut.
“C’est très triste, au bas mot”, a déclaré à l’AFP Jeffrey Grant, un enseignant en sciences dans l’Illinois. “Je compte utiliser leurs graphiques pour montrer à mes élèves comment ne pas assembler des données pour appuyer leurs démonstrations scientifiques.”
L’ampleur de l’envoi est moindre par rapport aux centaines de milliers d’exemplaires envoyés en 2017. Glenn Branch, directeur adjoint au National Center for Science Education, y voit un “aveu tacite” de l’inefficacité de la stratégie de Heartland. Les enseignants en sciences sont devenus “mieux préparés pour expliquer le changement climatique, et deviennent d’autant plus méfiants à l’égard des contenus climatosceptiques”, a déclaré M. Branch à l’AFP.
Pourtant, les avis sur le site de commande en ligne Amazon sont en écrasante majorité positifs. “Tous les grands-parents devraient en acheter un pour leurs petits enfants, tous les enseignants devraient en prendre un pour leurs élèves. Le ciel ne nous tombe pas sur la tête, faites passer le message!”, a écrit un lecteur. L’AFP n’a pu confirmer que ces commentaires étaient indépendants de l’institut.
“C’est très triste, au bas mot”, a déclaré à l’AFP Jeffrey Grant, un enseignant en sciences dans l’Illinois. “Je compte utiliser leurs graphiques pour montrer à mes élèves comment ne pas assembler des données pour appuyer leurs démonstrations scientifiques.”
0 Commentaires
Participer à la Discussion