BAISSE DES PRIX DE DENREES ALIMENTAIRES : La rehausse de la démocratie est plus rentable !

Annoncée au moment où la rue tunisienne posait les premiers jalons de la débandade de Zine El Abidine Ben Ali, et réalisée en même temps que s’accélérait le processus d’affaiblissement de Hosni Moubarak en Egypte, la baisse des prix de certaines denrées de première nécessité pour les Sénégalais entre en vigueur ce vendredi 4 février 2011.

Précédée d’une communication de type attentiste destinée à en amplifier l’effet de satisfaction populaire, la mesure, à condition d’être sérieuse et effective, a sa part d’utilité pour des catégories entières de desperados laminés par la précarité. Du reste, au vu de la gravité de la crise sociale qui frappe les couches démunies et restreint les marges de manœuvre d’une certaine classe moyenne, il ne serait pas surprenant que ces baisses de prix passent « inaperçues » !

Mais au fond, le débat est ailleurs. L’énormité des dérapages de gestion auxquels le pouvoir s’est livré depuis sa prise de fonction en 2000 est-elle rattrapable ? La banalité rampante des scandales économico-financiers, les abus d’autorité, les détournements d’objectifs, les enrichissements sans cause de plusieurs personnalités de premier plan, les gaspillages et autres dépenses somptuaires, sont-ils pardonnables dans notre pays ? Si la réponse à ces deux questions est niet, alors le reste, tout le reste, est fondamentalement sans objet parce que l’on est en vrai dans une incompréhension absolument tragique des aspirations et intérêts du peuple sénégalais.

Qu’est-ce à dire ?

Cela veut dire que, au-delà des baisses politiciennes de prix de certaines denrées alimentaires, il y a nécessité de restaurer dans notre pays une démocratie gravement dégauchie par les pratiques politiques despotiques du président Wade. Notre démocratie est malade car elle est tirée vers le bas depuis dix ans par une hyper-présidence aveugle, décidée à rester dans l’histoire comme l’unique grand bâtisseur de ce pays, quoi qu’il doive en coûter de dégâts en chemin. Les principes d’égalité et d’équité entre citoyens, facteurs constitutifs d’une démocratie respectable, étouffent parce qu’il y a des pontes qui, d’une manière où d’une autre, échappent depuis plusieurs années aux sanctions minimales normales que les lois de la République promettent à toute personne prise en faute dans l’exercice de fonctions déléguées par la collectivité nationale.

Baisser les prix de denrées alimentaires

Baisse de prix ? Pourquoi pas. Toutefois, il n’est pas moins noble que le régime wadien se sépare de cette hypocrisie consistant à poser en postulat que « les magistrats ne veulent pas être libres ». C’est plus complexe que cela ! La suppression de la chape de plomb d’un Exécutif qui a droit de vie et de mort sur la carrière des représentants du « peuple souverain » serait la meilleure preuve des saines intentions d’un opposant historique devenu président atypique, hors normes. Baisse des prix ? Pourquoi pas, même s’il est avéré que la dé-patrimonialisation des secteurs lucratifs de l’économie nationale par un groupuscule d’affairistes, d’une part, et un vrai tribunal contre l’enrichissement illicite d’autre part, feraient revenir dans le giron de l’intérêt national ces dizaines de milliards de francs suffisants pour éviter ces décès « idiots » qui surviennent dans nos hôpitaux et centres de santé par manque du minimum tolérable.

En Tunisie et en Egypte, les volontés démocratiques de dernière minute manifestées par Zine El Abidine Ben Ali et Mohamed Hosni Moubarak sont arrivées trop tard pour séduire leurs compatriotes. Au Sénégal, le pouvoir a fait son choix : feindre de ne pas comprendre ce qu’il se passe sous ses bottes !