Les 4 598 cartes supposées perdues entre Dakar et New York sont retrouvées en Italie et expédiées aux Etats-Unis où leur distribution a commencé. Le ministère de l’Intérieur qui les «croit» définitivement perdues en confectionne des identiques et les envoie aux Etats-Unis sans la mention duplicata. Le Consul du Sénégal les réceptionne, mais ne sait pas quoi en faire.
Dans son édition du 19 janvier 2007, Le Quotidien révélait qu’un stock de 4 598 cartes d’électeurs avait mystérieusement disparu entre Dakar et New York. C’était le total des documents destinés aux Sénégalais installés aux Etats-Unis et qui s’étaient inscrits sur les listes électorales en perspective de l’élection présidentielle du 25 février prochain. Moins d’un mois plus tard, des sources dignes de foi nous indiquent que les documents électoraux ont été retrouvés quelque part en Italie et aussitôt acheminés en territoire américain. Dès leur réception, le Consul général du Sénégal à New York, Cheikh Niang, en collaboration avec la Délégation extérieure de la Commission électorale nationale autonome (Decena) et certains partis politiques, entame la distribution des cartes dans les différentes villes retenues pour être des centres de vote comme Minneapolis, San Francisco, Boston, etc. Les inquiétudes des acteurs politiques, principalement, baissent en intensité. Le calme revient même si la période contentieuse légale n’a pas eu lieu.
Mais, un mauvais scénario était déjà en route depuis Dakar. A l’époque, Habib Fall, Directeur de l’automatisation du fichier (Daf) interrogé par nos soins sur la disparition des cartes, avait montré tout son «étonnement» et promis d’entrer en contact avec les autorités consulaires. Sans doute pressé par les événements dont les récriminations des partis politiques, le ministère de l’Intérieur prend la décision de confectionner un deuxième lot de cartes d’électeurs et d’identité pour les Sénégalais des Etats-Unis. Avec un peu plus de soin et d’attention, ces nouveaux documents sont expédiés dare-dare à destination. Obligé de les réceptionner, le Consul s’exécute et procède à leur vérification minutieuse. Après s’être convaincu par lui-même que ce lot qu’il vient de recevoir est rigoureusement identique au lot présumé perdu et déniché en Italie, le diplomate remet ces encombrants cartons dans son bureau sous scellés, comme ils lui sont parvenus. Détail d’importance, la mention «Duplicata» ne figure pas sur les nouvelles cartes arrivées. Ce qui était une exigence de transparence pour certains représentants de formations politiques.
Néanmoins, s’il est maintenant certain que les Sénégalais pourront accomplir leur devoir de vote, il y a qu’une partie du problème reste entière. Le Consul a maintenant entre les mains deux lots de 4 598 cartes d’électeurs chacun, soit un bloc de 9 196 cartes, et la distribution a débuté. Quel sort faut-il réserver à ce lot de cartes devenues inutiles et susceptibles de constituer un support de fraude électorale ? Pour tranquilliser tous les acteurs politiques et institutionnels du scrutin du 25 février, une rapide concertation est sans doute nécessaire entre le ministère de l’Intérieur, la Cena, les services consulaires et les partis politiques. Une incinération publique, et en présence de tous, des lots indésirables consacrerait la bonne foi des autorités quant à leur détermination à organiser un scrutin transparent. L’utilisation du service de la valise diplomatique aurait certainement pu épargner tous ces désagréments.
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