Les avocats du président du Niger Mohamed Bazoum, renversé le 26 juillet par un coup d'Etat, ont rejeté vendredi les accusations de la junte sur sa tentative d'évasion, l'armée française assurant qu'elle aura quitté le pays au 31 décembre.
Jeudi soir, le régime militaire avait affirmé que Mohamed Bazoum avait "tenté de s'évader" avec sa famille et d'autres personnes, en voulant emprunter en périphérie de Niamey des "hélicoptères appartenant à une puissance étrangère" en direction du Nigeria.
Il a précisé que cette tentative avait échoué et que "les principaux auteurs et certains de leurs complices" avaient été arrêtés.
"Nous rejetons énergiquement ces accusations montées de toutes pièces contre le président Bazoum", a déclaré dans un communiqué transmis à l'AFP Mohamed Seydou Diagne, coordinateur d'un collectif d'avocats du président renversé.
Il a également affirmé que M. Bazoum, "sa femme et son fils sont détenus au secret, sans accès aux avocats ni au monde extérieur". Vendredi matin, "le médecin s'est vu refuser l'accès alors qu'il apportait de la nourriture à la famille", a-t-il précisé.
Selon Me Diagne, l'entourage de M. Bazoum n'a plus de nouvelles de lui "depuis la nuit de mercredi à jeudi".
Vendredi soir, le président français Emmanuel Macron a exprimé "sa vive inquiétude quant à la situation incertaine" de Mohamed Bazoum et appelé "à sa libération immédiate ainsi qu’à celle de sa femme et de son fils".
Me Diagne a estimé qu'"avec cette détention au secret, c'est une nouvelle ligne rouge qui a été franchie par une junte qui continue à violer les droits fondamentaux de notre client. Elle aura à répondre de ses actes", a-t-il affirmé.
M. Bazoum était jusqu'alors séquestré par des militaires dans sa résidence présidentielle à Niamey depuis le coup d'Etat.
"Non seulement les autorités militaires doivent nous apporter la preuve que le président Bazoum et sa famille sont bien en vie, mais surtout elles doivent les libérer immédiatement", affirme un autre avocat du collectif, Reed Brody.
Le 18 septembre, M. Bazoum avait saisi la justice ouest-africaine pour demander sa libération et le rétablissement de l'ordre constitutionnel au Niger.
- Entente entre militaires français et nigériens -
Parallèlement, le régime militaire continue d'encadrer aux côtés de l'armée française le retrait des troupes tricolores du Niger et les relations entre les deux armées sont bonnes.
Vendredi, le commandant des forces françaises au Sahel, le général Eric Ozanne, a affirmé à Niamey que l'objectif d'un départ des 1.400 soldats français d'ici la fin de l'année serait "tenu", comme annoncé par le président Emmanuel Macron fin septembre.
Une déclaration faite lors d'une conférence de presse commune avec le colonel nigérien Mamane Sani Kiaou, chef d'état-major de l'armée de terre, qui a précisé que 282 militaires ont déjà quitté le Niger "à la date d'aujourd’hui".
Selon le général Ozanne, "deux gros convois avec des véhicules militaires qui étaient en zone nord" sont partis et "après il va y avoir beaucoup de convois qui ont commencé et qui vont transporter des conteneurs avec du matériel non sensible dedans", sans "armement" ni matériel "de transmission".
"Les gros flux logistiques vont véritablement commencer la semaine prochaine", a-t-il précisé, en indiquant que 2.500 conteneurs doivent être acheminés hors du pays.
Chassée du Niger après l'avoir été du Mali et du Burkina Faso, l'armée française doit évacuer hommes et matériels en majeure partie par voie terrestre vers le Tchad puis probablement le Cameroun, avant leur rapatriement en France.
Un parcours de plus de 3.000 km dont une partie qui traverse des zones hostiles où des groupes jihadistes sont actifs par endroits. N'Djamena, la capitale tchadienne, abrite le commandement des opérations françaises au Sahel avec environ un millier de militaires français.
"Le Tchad n'est qu'un pays de transit, ce n'est pas une ré-articulation de notre dispositif du Niger sur le Tchad", a indiqué le général Ozanne.
Un premier convoi de militaires français a quitté ses bases au Niger par la route et est arrivé jeudi à N'Djamena après dix jours de trajet.
Après des mois de bras de fer entre Paris et Niamey, le ton est à l'apaisement entre les chefs militaires.
"Le désengagement se passe de manière coordonnée, on a le même objectif, on n'est pas toujours d'accord sur tout mais on se parle", a assuré le général Ozanne.
"On a travaillé ensemble pendant des années, on a demandé qu'ils quittent (le pays) donc on voudrait que tout se passe bien", a affirmé de son côté le colonel Mamane Sani Kiaou.
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