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Chronique

Délires monarchiques

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Délires monarchiques

 « Tout prospère dans une monarchie où l’on confond
les intérêts de l’État avec ceux du prince »
LA BRUYERE

 

Le Pds a décidé de se débarrasser de Macky Sall, et de la pire des manières. Si l’on n’y prend garde, il n’aura même pas droit à une sépulture. Ses « frères », c’est ainsi qu’ils s’appellent, ont décidé de lui enlever le petit linceul de dignité qui lui reste : président de l’Assemblée nationale. C’est un mouroir comme un autre, depuis que le président de la République, dans ses dernières volontés, a décidé de faire du Sénat le centre de sa succession. Mais même cette étoffe est de trop, pour ceux qui réclament sa peau. Ils continuent à l’appeler « frère », en le jetant au crochet, avant d’appeler le boucher. La question n’est plus de savoir si Macky Sall va mourir. C’est qui va l’accompagner dans la tombe. Les jeunes libéraux ont décidé hier de lui adjoindre Aliou Sow. C’est très logique, il était de toutes ses batailles depuis trois ans. Ce garçon a mordu tous ceux qui lui ont tendu la main. Wade l’avait préparé dans ses écuries, avant de le monter contre son bienfaiteur Diagne Fada. Le président de la République ne restait jamais un dimanche sans l’appeler. Tous les milliards de la reconstruction de la Casamance, du FNJP passaient par lui. C’était assez pour se liguer contre Fada, qui l’avait imposé à la tête de l’Ujtl, contre Yankhoba Diattara. Macky Sall a fait la même chose avec Idrissa Seck qui, quoiqu’on puisse lui reprocher, a créé la CIS de toute pièce, pour le lui confier, quand tous les cadres du Pds ont suivi Ousmane Ngom en juin 1998. Wade n’a pas tout à fait raison, quand il dit qu’il a créé Idrissa Seck. Quand le jeune homme est sorti de l’IEP Paris, à 27 ans, il a été son Directeur de campagne. Il a été, toute proportion gardée, un grand artisan de sa victoire en 2000. Wade lui devait quelque chose, et il s’est fait, en dehors, et bien avant l’Etat. Mais on ne le démentirait sans doute jamais, s’il disait la même chose de Macky Sall et Aliou Sow. Le premier était un agent de Petrosen, qui n’aspirait à rien d’autre qu’une vie modeste. Le second était étudiant en troisième année d’anglais. Il en a fait, au bout de 5 ans, des hommes riches, avec d’imposantes maisons construites, l’une à Kaffrine, l’autre à Fatick, en l’espace de deux mois. Tous les deux ont poussé l’arrogance jusqu’à l’aveuglement. Pape Diop a fait à Macky Sall à l’aéroport de Dakar, une mise en garde prémonitoire : « Macky, c’est toi qui nous attaques. Tu m’as même fait traiter d’homosexuel, mais ton tour viendra ». Le maire de Dakar avait été, avec Aminata Tall, attaqué par le défunt « Il est midi », que Macky Sall continuait à financer, contre l’avis du président de la République. Son conseiller, un instituteur de brousse transformé en gourou de la communication, rangeait lui-même les plaquettes du journal, avant de les envoyer à l’imprimerie. La rubrique injures, qui n’épargnait plus personne, pas même Abdoulaye Wade et son fils, était logée à la Primature. Il a même eu l’étincelante idée, quand le reste du Sénégal était dans le noir, d’acheter à « Il est midi » un groupe Electrogène de 20 millions, payé par l’argent du contribuable. Le spectacle qu’offre le Pds est assez triste, puisqu’au-delà de la personne de Macky Sall, ce sont nos institutions qui sont fragilisées. Mais il a lui-même participé à la fragilisation de ces institutions, en instruisant à charge contre les anciens geôliers du Sopi. Il a fait insulter tout le monde, jusqu’au sage Mamadou Dia. Il a défait, à dessein, des familles et des ménages, sur la base de la pure calomnie. Il a fini par constituer, sans le savoir, une menace pour Abdoulaye Wade. S’il connaissait celui qu’il dit servir, il aurait compris que les conciliabules prononcés aux funérailles de Fatick étaient un prononcé de sentence, une peine de mort. Il dit servir Abdoulaye Wade. On ne le sert pas, on le vénère !

Ce qui fait la différence fondamentale entre Macky Sall et tous les numéros 2 Pds depuis sa création, c’est qu’il est capable de se mettre à genou pour demander pardon, même quand il n’a pas tort. C’est ce qu’Abdoulaye Wade appelait la loyauté, mais c’est une insulte, pour qui le connait. Ce n’était ni le caractère de Fara Ndiaye, ni celui de Boubacar Sall, encore moins d’Idrissa Seck. Wade croyait son actuel numéro deux incapable de tout, même d’ambition. Les libéraux ont fini par convenir avec leur chef, que si tous les numéros deux nommés à ce poste ont pu avoir des ambitions, ce n’est pas la faute aux numéros deux, c’est la faute au poste : « supprimons donc le poste ». Aussi ridicule qu’elle soit, c’est la conclusion magique à laquelle 33 années de politique et autant de fédérations ont abouti. Reconnaître que c’est le poste qui pose problème et non celui qui l’occupe permet aussi de dédouaner plus facilement Idrissa Seck. La faute n’incombe à personne, elle incombe à la variable 2 qu’il faut extirper, pour que tout le monde dorme tranquille.
Seulement, tous ceux qui ont été accusés « d’ambition » ne l’ont pas été dans le parti. Ils ont été accusés d’ambitions dans l’Etat. S’ils pouvaient laisser le pouvoir à Wade pour toujours, il leur aurait fait cadeau du Pds sans contrepartie. Le parti n’est pas la fin, c’est un moyen. Mais vouloir être président de la République n’a rien à voir avec une ambition de parti, c’est une ambition étatique. Depuis 7 ans, c’est un malentendu sur lequel s’opposent Idrissa Seck et Abdoulaye Wade. Le Pds n’est pas le parti d’une seule personne, ce qu’il a toujours été. C’est le parti en une seule personne. Ceux qui sont autour de lui, et qui ont fini par se substituer à l’Etat, ont deux particularités. Ils n’ont pas d’ambition présidentielle, parce qu’ils en sont incapables. Ils « savent » tous quelque chose, ce qui ne suffit pas. Ils se taisent. C’est ce pacte qui les lie au maître, et qui fait qu’au plus fort du conflit qui oppose Macky Sall aux proches du président de la République, il s’est entendu dire « si quelqu’un doit partir, ce sera toi ».
Mais cette formule avec 5 secrétaires généraux, Abdoulaye Wade n’y a jamais cru. C’était une proposition de Karim Wade, alimentée par Lamine Bâ, à partir de ce qu’il avait vu sur l’international. Wade avait l’occasion de la mettre en application, quand Idrissa Seck est parti. Il a fini par se résoudre au fait que pour créer de la dynamique, il faut créer des rivalités. Et pour créer des rivalités, il faut qu’il ait la possibilité de désigner un numéro deux, et faire croire à tous les autres qu’ils méritent sa place. Cette cannibalisation du Pds n’a d’autre but que d’imposer Karim Wade à la tête du Pds. S’il en faisait un des secrétaires généraux adjoints comme il en a l’intention, il en ferait de fait le numéro 2, devant Idrissa Seck, Pape Diop, Aminata Tall et Ablaye Faye. S’il y a quelque chose à combattre dans cette guerre que se mènent les libéraux, c’est bien cette idée inadmissible qu’un Etat et un parti peuvent se résumer en une seule personne, à l’exclusion de tous les autres. Dire que Macky Sall mérite son sort n’enlève rien au fait qu’il a le droit d’avoir des ambitions, et que la guerre qu’on lui mène, comme celle qu’il a menée hier contre ses « frères » de parti, est une guerre injuste, menée pour une mauvaise raison. Elle consacre un homme et son fils, perpétue des pratiques inacceptables.
Wade n’aime pas qu’on lui tienne tête. Il a pris délibérément la décision de liquider l’Asecna, encore une fois, parce que l’Agence s’est opposée à un projet immobilier qu’il veut ériger dans la zone sécuritaire de l’aéroport, en violation de toutes les conventions internationales. Il s’est dit qu’il peut à la fois élargir l’entreprise familiale, qui fait déjà de l’entretien au sol sur la compagnie Air Afrique, et obtenir son projet immobilier.
On croyait tout Dakar pris, mais c’est sans compter avec son génie. Il y a quelques mois, il a demandé 4500 mètres carrés au Cap Manuel, où se trouvait l’ancien Palais de Justice. « Donnez-moi ça en TF », avait-il exigé, et à son nom. Il s’entendra dire que le domaine maritime ne peut pas être donné en titre foncier. Mais c’était sans compter avec sa détermination. Finalement, il se fera attribuer les 4500 mètres carrés où il les voulait, en face de la mer. Seulement, au bout de 3 mois, il est revenu, pour dire au ministre des Finances « oui, j’ai réfléchi, mais je ne peux pas prendre le terrain, je suis prêt à le céder, mais il faut me dédommager ». Il se fera dédommager par l’Etat, pour plusieurs centaines de millions, sur un terrain qu’il a pris de force. Il a lui-même signé le décret qui l’a dédommagé. L’histoire n’est pas finie. Quand tout le monde croyait le problème réglé, il a rappelé le ministre des Finances, pour lui demander de mettre le terrain qu’il venait de céder, et pour lequel il venait d’être dédommagé, à la disposition d’amis espagnols. Ils vont y construire un hôtel. C’est bien la preuve qu’il est sensible aux problèmes des sénégalais.



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