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Vendredi 01 Juin, 2018 +33
Chronique

Et si l’on remettait les compteurs à 0 ? (par Oumou Wane)

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Et si l’on remettait les compteurs à 0 ? (par Oumou Wane)


Chienne de vie, chienne d’année qui a vu le chapelet de galères s’égrener à n’en plus finir, long comme un jour sans pain ! Zola, c’est de la blague ! Notre Germinal à nous se passe au XXIème siècle dans un coin de cette planète aux allures paradisiaques mais d’où l’on aperçoit les grilles de l’enfer ! Ce n’est pas l’enfer de Dieu, c’est l’autre enfer, celui dont les hommes ont le secret  et qu’ils créent de leurs propres mains pour se donner un avant-goût du vrai. A la tête de ce petit pays sadomasochiste ? Macky Sall !  Arrivé là après une carrière politique fulgurante, une campagne électorale comme une promenade de santé et un peuple qui l’a plébiscité haut et fort. Oui, mais Macky Sall n’est pas le messie ! Cerné de difficultés de toutes sortes qui n’ont rien d’exceptionnel pour un début de mandat, il encaisse les assauts, déjoue les guet-apens, traque les riches qui doivent justifier de l’origine licite de leurs fortunes… surtout il veut changer la société, la remodeler, lui inculquer certaines valeurs. Cela se fera au forceps s’il le faut ! Des ratés il y en aura, il y en a déjà tant la cible est  réfractaire aux vasodilatations ! Pores bouchés, dynamisme en berne et volonté finie, terminée. La société résiste, s’échappe et recule devant la rupture qui tarde à prendre forme, pourtant pierre angulaire de la politique de Macky Sall. Il traque les autres mais parmi ses partisans tous ne sont pas encore nickel chrome, ce qui fait douter de l’effectivité de la rupture !

La rupture ? Finalement de quoi s’agit-il ?
Terme rude pour dire changement mais derrière les mots, le vague qui persiste ! Dans  son entendement, il s’agit de retrouver la rigueur morale, l’âpreté à la tâche, l’abnégation… et surtout ne pas toucher aux caisses ! Macky Sall veille sur l’os de Mor Lam mais dans ce pays, la caisse on la casse, quel que soit les valeurs morales du gardien, chargé de la protéger, il finit par la casser. Les coupables ? La vie chère, les doléances sociales qui s’abattent sur lui comme une pluie tropicale, le chômage chronique de la majorité de la population, la pauvreté sans nom qui finissent toujours par avoir raison de l’intégrité du gardien. Oui, tout le monde finit par casser la caisse, la topiller, ou par petits bouts la grignoter pour ses propres besoins. Du matin au soir, tout le monde court le fric, le débrouille, fait le tour des bureaux, des connaissances. Nul n’est épargné et tout le monde cherche de quoi vivre, survivre… Ministres, chefs d’entreprises, ménagères, pères de famille… qu’importe, lorsque l’argent est en vue, les valeurs morales baissent pavillon et la CREI n’y changera rien ! Elle punira mais ne découragera pas le vol, il est inscrit dans la société et se source dans cette pauvreté absolue et les tentations multiples qui jalonnent le quotidien. Et même si l’on était par miracle la Suisse, on emporterait les caisses tout de même pour s’offrir la belle vie le temps d’un instant, pour rêver, pour aller au spectacle de Pape Diouf, y distribuer du frais et mater les geishas khéssalissées qui ne connaissent pas la crise ! Oui ! Ces artistes sont comme des cataplasmes sur nos blessures et mal-être et nous font tenir le coup en attendant que les politiques sortent de la glue !

Sous Wade, nous dit-on, c’était factice, l’argent qui coulait sortait d’on ne sait où. Le sorcier Wade avait ses propres canaux de distribution du flouze qui finissait par atterrir dans le panier de la ménagère sans que le FMI et la Banque Mondiale n’y comprennent quelque chose ! D’informel en formel, la route était tracée et tout le monde voyait et mangeait du blé !
Sous Macky, retour de la rigueur ! L’argent a disparu des radars, c’est cela le vrai dit Macky, le factice est mort ! Nous sommes désormais dans la vraie vie, chers amis, débarrassée des fausses images en trompe l’œil. Le futur radieux est à portée de main, même pas besoin de compresser le temps. Néanmoins, permettez un petit bémol sur l’atterrissage dans la vraie vie tout de même ! A t’on vraiment besoin de tant de spasmes pour accoster sur les rivages d’une terre lavée de ses tares, où le sable est blanc, le ciel bleu et la mer verte ? La rigueur, Mesdames, Messieurs, passera sans vaseline. Jusque dans vos derniers retranchements l’on vous poussera et plaira ou pas, vous expérimenterez ! Mais au bout le bonheur !
 La mayonnaise de Macky, Mimi et Amadou Bâ est à plein régime pourtant mais nous sommes encore raplapla… leur faudrait des grues pour aller nous extirper des tréfonds de notre dépression nerveuse parce que deux ans presque que nous attendons les signes salvateurs.
200 milliards pour payer la dette intérieure ? Voilà un beau cadeau de Noël pour les entreprises qui sont encore vivantes. Plusieurs sont passées de vie à trépas, les empreintes de leurs doigts comme à Pompéi, encore visibles sur les sonnettes  en panne de Macky I.

Mimi nous récupère meurtris et nous contorsionnant de mille douleurs de nos plaies suintantes ! Saura t’elle nous soigner ? Espérons-le !

Toujours est-il qu’il lui faudra faire vite ! Très vite ! Les chantiers sont multiples, les réformes urgentes, tous les secteurs en crise, le territoire dans sa globalité tire la langue. Macky porte l’espoir et l’impatience de millions d’âmes qui ne comptent que sur lui pour se nourrir, se vêtir, se soigner et trouver un travail décent ! On perdrait le sommeil pour moins que cela ! Mais là, il lui faudra rester éveillé et alerte car le calendrier politique est tout aussi carabiné.

Son jeune parti, peuplé de guérilleros, de lutteurs du dimanche, de belles et fortes têtes, de virtuoses pluridisciplinaires, de fidèles aussi, lui donnent beaucoup de fil à retordre et nous pompent aussi l’air de leurs sottises et déclarations qui choquent. A ce rythme, l’on en regretterait presque Farba Senghor. Il en fit des tonnes comme un éléphant dans un magasin de porcelaine mais lui au moins était drôle, on ne le prit jamais au sérieux et jamais on eut craint que ses fracas cassassent la porcelaine qu’est la République.

Les alliés de Macky Sall, ses adversaires, ses futurs soutiens et futurs ennemis bouillonnent comme un volcan en fusion dont il s’agit de garder un contrôle permanent, un monitoring serré à 360° pour lui éviter de commettre le faux pas qui le ferait trébucher dans le cratère.

Et ce n’est pas tout, les grèves d’étudiants, notre future belle élite, allaitée au biberon de la lutte avec frappe, elle-même engraissée par des opérateurs qui ont opté pour l’obscurantisme des masses afin de mieux servir leurs comptes de résultats, font trembler les murs de la société. La violence est de règle. Feu, sang, caillasse, vandalisme sont les moyens utilisés par ces mutants pour faire passer leurs plateformes revendicatives à des autorités qu’ils jugent autistes. Oui, la société a déraillé ! Elle a dévissé et cette mentalité en cours obstrue les canaux de notre développement. Parce que l’émergence n’arrivera qu’aux méritants, dans la discipline, la ferveur, la volonté et le travail. Oui, le développement c’est une mentalité, un état d’esprit et les choix qui sont les nôtres aujourd’hui nous en éloignent. Nos étudiants, faut-il les accabler vraiment ?  Et si on regardait du côté de nos élites ?

Notre Président est sous haute tension mais nous ne lui laisserons pas beaucoup de temps. Nous voulons tout, tout de suite c’est cela qui fait notre charme et notre singularité ! Peuple récalcitrant, attachant et beau jusqu’au bout de son boulfalé !
Avec nos 1000 fêtes et obligations culturelles et religieuses, nos désidératas permanents, nos marabouts que l’on vénère et dont on n’applique guère les recommandations ! Heureusement qu’ils sont muets, le vacarme vient surtout du sol, de ceux-là postés à leurs pieds et qui utilisent leur proximité pour arracher des faveurs. Le Khalife Général des Mourides ou celui de Tivaoune, comme la Reine d’Angleterre, le Roi d’Espagne…ne sont guère bavards et s’intéressent davantage à Dieu qu’à nos futilités mondaines au ras des pâquerettes.

Et puis il y a nous la presse ! Monde singulier, pétri de charme et irrévérencieux… cela s’arrête là ! Une fois par an, nous attendons notre aide à la presse dont la distribution révèle toutes nos tares. Nous donnons des leçons à longueur d’année et empochons notre chèque tranquillement même si la répartition n’a rien d’honnête et de juste. Elle n’est pas pathétique, elle est devenue comique presque ! Le ministre de la communication qui a eu l’honneur de gérer le partage de l’aumône cette année y a laissé des plumes à jamais, plumes d’or acquises en 2011 sur les grilles de l’assemblée pour protéger notre constitution. Derrière des commissions opaques il s’est calfeutré pour se mettre à l’abri. Pourtant, lorsque ses intérêts sont menacés comme à Saint-Louis dont la mairie lui glisse inexorablement entre les doigts, il sort du bois balai à la main pour chasser ceux qui veulent nettoyer sa ville bouffée par les saletés ! Comme quoi !

Nous sénégalais, avouons-le, sommes tentés par une élection présidentielle tous les ans. Le docteur élu, on ne peut plus lui laisser du temps, il a quelques minutes pour poser le diagnostic, soigner les plaies, faire disparaitre nos cicatrices pour nous donner peau neuve comme au cinéma. Nous sommes usés de toujours espérer pour désespérer ! Oui, nous voulons tout, tout de suite mais ne nous demandez rien, nous n’avons que l’énergie de la langue jusqu’à nouvel ordre !

L’ordre nouveau ! Cela se passe au Port Autonome de Dakar ! L’escalade entre Baidy Agne et sa majesté Cheikh Kanté, Directeur du Port de Dakar. Son Altesse Kanté a son port à lui ! Il y règne en Dieu, en maître absolu et ne rend compte à personne d’autre qu’à lui-même, même pas à sa conscience à plus forte raison à ses sous-fifres ! Le seigneur Kanté, rendons lui grâce, distribue les faveurs à ses sujets du Port lorsqu’ils sont obéissants et paient leur dime en temps voulu. Les mauvais payeurs sont punis et vilipendés urbi et orbi. Seulement il est tombé sur un morceau qui n’entend pas être un de ses sujets et l’a chassé de ses terres du CNP pour non respect des règles qui régissent cette instance. En effet, le seigneur inonda de ses grâces une société française pleine d’euros du nom de Necotrans devant un conseil d’administration à la place de l’autorité de régulation des marchés publics. Si ce marché de Necotrans doit être validé par l’ARMP et ne l’est pas, alors ce marché est réputé ne pas exister. Pourquoi tout ce tintamarre et cette fureur alors ? Les dettes de la Somicoa de Baïdy Agne n’ont rien à voir, nous sommes tous criblés de dettes Monseigneur ! Nous les portons dignement et ne la fermerons pas et Macky Sall d’ailleurs ne nous en demande pas tant ! Même Mimram râle à plus forte raison nous autres, pauvres hères englués dans les difficultés de nos pauvres bécanes qui n’avancent plus !
A sa Majesté Kanté, que Dieu lui rende grâce, rappelons lui ceci au cas où. Le dress code en Mackyland c’est la rupture, la transparence et les mains propres. Nous sommes tous grimés pour plaire au chef alors il ne peut y avoir deux poids deux mesures ; vous ne pouvez tordre le moule dans lequel nous sommes tous encastrés par respect de la parole du chef. Vous ne pouvez avoir votre moule à vous tout seul ! Et lorsque Mr Agne lâche certains mots sur les raisons de ce marché que vous avez octroyé de votre propre chef, alors nous nous bouchons le nez !

Ce que nous aurions voulu nous boucher aussi c’est les oreilles lorsque Macky sévit sur Nafi Ngom !
Quelle mouche a donc piqué cette grande dame, nourrie aux valeurs du secret, pour s’épancher en public sur ses difficultés à mettre en place l’OFNAC dont elle est chargée ? La réplique fut sévère et impitoyable, à la hauteur de la déception de celui qui la choisit pour gérer cette institution !
Le linge sale se lave en famille Madame, vous le savez sans doute. En parler à une tierce personne est vue par Niangal comme une trahison, pas seulement basse, c’est à dire en dessous de la ceinture, mais haute, très haute,  une sorte de délation publique...! En ce moment, le vase de Niangal est plein à ras bord disons et une seule larme suffit à le déborder. Nos militaires tombés au Mali et au Darfour, Wade depuis Abidjan qui le titille, ses ministres pas tous au top et au maximum de leur rendement , les tracas divers et variés !… en effet tout ça c’est trop et il n’a point besoin d’autres mauvaises nouvelles. Il en attend une bonne de Paris en février, d’ici là épargnons –lui nos états d’âme pour vivre en paix nous aussi.
Mais bon, on vous comprend bien, la presse vous  accuse d’organiser vos réunions dans votre salon, de nommer des amis comme membres… c’est injuste n’est ce pas ?
Ce n’est pas si grave mais l’époque n’est pas à la complainte, tout le monde se tient à carreaux ! C’est du marche ou crève et ce n’est que le début de la cadence ! Mettez de bonnes chaussures et raccrochez vous aux branches si ce n’est pas trop tard déjà ! Parce que la confiance c’est comme l’amitié elle est réciproque ou n’est pas ; c’est aussi du cristal, ça se casse vite et se paie cash chez Niangal !

Oumou Wane
Présidente africa7




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