Le déjeuner de presse figure parmi les instruments utilisés par les équipes de communication pour tisser de bonnes relations avec les médias. Contrairement à la conférence de presse assez figée, le déjeuner se fait dans un cadre convivial et cherche, au-delà des informations à distiller, à établir des liens de confiance entre le top management d’une entreprise (organisation) avec les journalistes. Le mot déjeuner ne doit donc pas tromper, c’est juste pour créer un cadre plus propice.
Mais apparemment certains qui se disent communicants ne le comprennent pas ainsi. Hier, j’ai reçu par mail une invitation à un déjeuner de presse, mais pas n’importe lequel : un ‘’Dibi Presse’’, avec grand ‘’D’’, s’il vous plaît. L’invitation est ainsi formulée : « Le Directeur général de la Fiara invite votre organe de presse au Déjeuner De Presse "Dibi Presse" à la suite duquel il présentera le Bilan de la 24éme édition de la Fiara, discutera avec la presse nationale et internationale sur l'actualité Agricole et la Souveraineté Alimentaire mais aussi une occasion de remercier tous les organes qui ont contribué aux succès de cet événement et de dégager les perspectives ». Vivement un petit-déjeuner avec les boulangers ! Ce serait sûrement du ‘’Croissant Presse’’.
Pour en revenir à cette invitation, l’initiateur insiste beaucoup sur le mot Dibi Presse. Sur le format Pdf, par exemple, le document a pour objet : ‘’invitation média (Dibi Presse)’’. L’expression est revenue 6 fois entre le mail et le fichier attaché qui l’accompagne. Ainsi, le doute n’est plus permis ; pour les organisateurs de ce Dibi presse, il faut appâter les journalistes par de la nourriture. L’odeur de la viande grillée assurera à coup sûr une bonne présence des médias, se dit-on. Ces pique-assiettes ne manqueront ce rendez-vous pour rien au monde, pense-t-on. On est toujours dans le registre du journaliste mal fagoté, mal habillé et toujours affamé. Et c’est ce qui amène certains à pousser l’indélicatesse au point de mentionner sur les demandes de couverture qu’un cocktail est prévu à la fin d’une conférence de presse ou cérémonie de présentation d’un produit.
Certes, au Sénégal, il existe un groupe d’usurpateurs de fonction qui se disent journalistes. Ils sont surnommés la racaille par mépris. Ces gens-là font le tour des hôtels tous les jours. Ils se font grassement payer leur petit-déjeuner et dîner par les organisateurs des séminaires, ateliers, forums et autres manifestations généralement inutiles, si ce n’est de justifier des dépenses. Mais cela ne fait pas de la presse sénégalaise une corporation affamée. Le mot déjeuner de presse devrait donc suffire largement, peu importe le menu.
La bavure médiatique de Yoor Yoor
Par ailleurs, si toute la presse nationale et internationale y est invitée, le journal Yoor Yoor nous doit des explications avant de se mettre à table. 209 morts lors des manifestations sociopolitiques entre 2021 et 2023 ! Voilà le bilan assez lourd que le journal a prêté à Amnesty. Pourtant, il n’est point besoin d’Amnesty pour savoir qu’il n’y a pas eu 209 décès. Et même si l’Ong l’avait écrit noir sur blanc, le quotidien Yoor Yoor, témoin et parfois acteur engagé dans le combat, ne devrait pas commettre une si grosse bourde.
En voyant 209 morts, on pense d’abord à une erreur de frappe. On se dit qu’ils voulaient dire 29 morts et voilà qu’un zéro de trop s’est glissé. Cependant, le même chiffre figure à la Une mais aussi en page intérieure. Et là, ça devient non pas une erreur, mais une faute grave. Soit c’est le résultat d’une méconnaissance totale du bilan des manifestations, ce qui est inquiétant. Soit, c’est un manque de rigueur notoire qui amène à reconduire à la Une, l’erreur commise en page intérieure, ce qui est tout aussi grave.
Dans les deux cas, il convient de rappeler à nos confrères de Yoor Yoor et des autres rédactions (ils ne sont pas les seuls à commettre de telles bévues) que « le bien le plus précieux d’un journal est sa crédibilité ». Or, sans rigueur, il n’y a point de crédibilité.
Et c’est là qu’il y a lieu de s’inquiéter en voyant la Une du journal, ce matin. Pas l’ombre d’un erratum. L’erreur est-elle passée inaperçue ? Le journal a-t-il décidé de ne pas assumer la faute ? Cette pratique assez répandue dans la presse de faire le mort sur les erreurs est à revoir. Les journalistes doivent respecter l’opinion. Et c’est ce devoir de respect qui leur commande de reconnaître leur erreur et de s’excuser. Mais apparemment, cette règle appartient à un journalisme d’un autre temps.
10 Commentaires
Reply_author
il y a 3 semaines (11:23 AM)Reply_author
il y a 3 semaines (12:53 PM)Eclairage
il y a 3 semaines (11:26 AM)Il s'agit d'une invitation faite par des acteurs de l'élevage et des ressources animales; alors tout être sensé devrait comprendre la portée et le sens de "Dibi-presse".
Maintenant vouloir rapporter ça à des pique-assiettes dont on médirait certains reporters, c'est vraiment avoir l'esprit faible et complexé.
Au contraire, le fait d'inviter la presse à un Dibi montre plutôt la hausse estime que les organisateurs ont pour ce corps et ont compris leur utilité. Surtout si on sait la haute valeur qu'a le Dibi!
Soyez quand même moins susceptibles!
Mor
il y a 3 semaines (11:48 AM)By the way, la racaille n'est pas forcement les pique assiettes qui après un coup d'oeil nocturne du fil actualités APS, squattent hotels pour manger/boire gratuitement et recevoir un remboursement de transport. Y en a beaucoup qui vivent de celà.
Maintenant que les journalistes qui ne prennent pas les remboursments de transport viennent lever la main ici !
Abdou Salam
il y a 3 semaines (11:50 AM)Chaque vendredi , il fait face, voir repousse une meute de lycaons prets en a faire leur Dibi du soir. Ce soit disant Sadikh Ndiaye est peut etre un de ces journaleux stipudes , genre Ibou Fall-iRadio, qui ont raté leur vie et leur vocation et tente de domolir tout confrére adulé par le vaillant peuple du Sénégal . Au lieu de s'occuper de sujets importants ou d'interet général , ils préferent de transformer en mercénaires plumitifs officiant dans des rédactions débridés prets à geuletonner pour quelques roubles destinés à acquérir leur dose de marijuana.
Jamm Rek
il y a 3 semaines (12:00 PM)Nianthio
il y a 3 semaines (12:32 PM)Quand le président a donné la main kalifone,un insulteur, ce type avait écrit un article incendiaire pour attaquer président sall.
Et voilà Azoura qui insulte le président Sall et puis reçu par le pm sonko. Qua dit serigne?
Thé Thruth
il y a 3 semaines (13:55 PM)Participer à la Discussion