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Aux enseignants: le droit à des négociations vous donne t il le droit de prendre en otage vos élèves qui en plus sont vos enfants?

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Aux enseignants: le droit à des négociations vous donne t il le droit de prendre en otage vos élèves qui en plus sont vos enfants?

 

J’ai pitié pour mon peuple ! Oui il est l’otage innocent de toutes les humeurs de la République. N’importe quel secteur d’activité peut se lever un beau matin et paralyser tous ses projets.

Si ce ne sont les étudiants qui vous empêchent de circuler paisiblement à travers l’avenue Cheikh Anta Diop, ce sont les émigrés clandestins refoulés des côtes espagnoles qui vous empêchent de passer par l’ancienne route de Rufisque (yarakh) ou alors ce sont les enseignants qui retiennent les notes d’évaluation des élèves. Les exemples sont nombreux, mais je ne m’appesantirais que sur cette forme de grève des enseignants : rétention des notes et boycott (ou sabotage ?) des examens.

Tout d’abord, je tiens à préciser que cet exercice  auquel je m’essaie n’est que le point de vue d’un intellectuel  qui veut tout juste comprendre. A quoi joue t-on ?

Dans une contribution sur l’émigration clandestine parue dans le journal « le quotidien » du jeudi 08 juin 2006, j’avais essayé de poser le débat en terme de responsabilités. Ici encore, j’aborderais la question de la grève des enseignants et des agents de la santé (corps auquel j’appartiens) avec ce même élan.

J’ai autant peur pour ma République ! A mon humble avis, la responsabilité constitue le fondement d’une République. En démocratie, les droits et les devoirs des citoyens vont de pair. S’il est vrai que ma liberté s’arrête là où commence celle d’autrui, il doit également être admis que ma responsabilité s’arrête là où débute celle de mon concitoyen. Dans une société organisée, en démocratie, en République, toutes les forces sont en interactions continues ce qui maintient en équilibre le système en place : elles sont soit antagonistes, soit agonistes. En résumé, les responsabilités sont clairement définies : celles qui m’appartiennent, celles qui appartiennent à autrui et celles qui nous sont communes. Encore faudrait-il pouvoir en déceler les limites de chacune d’entre elles au risque de rompre l’équilibre.

 

Cet équilibre est toujours rompu, lorsque ces différents acteurs ne communiquent pas ou si le dialogue instauré ne satisfait à l’une ou à l’autre des parties en conflit. Il s’en suit une radicalisation. Et c’est la porte ouverte à toute sorte de dérive.

Certainement inspirés par les syndicalistes de la santé, ceux de l’enseignement ont opté à la rétention des notes des élèves et au boycott de la correction des copies d’examen (CFEE et entrée en sixième et Baccalauréat 2006).

Concernant le boycott des corrections, je pense que des solutions peuvent être trouvées pour pallier à cela et le gouvernement s’y est attelé. Notons que ce boycott annoncé n’est que de nom parce que la majorité continue à donner des cours dans le privé, s’ils ne sont entrain de donner des « cours privés » dans les établissements publics avec les moyens de l’Etat (salle de classe équipée, électricité…). Nous reviendrons sur ce phénomène nouveau qui n’honore pas la profession. Cela  ressemble plutôt à du  racket organisé, car tout le monde semble fermer les yeux (Etat, responsables des établissement, APE). C’est l’avenir de vos élèves que vous mettez en jeu, car ils sont à un tournant décisif de leur vie. Cette mauvaise passe pourrait les marquer toute leur vie.

S’agissant la rétention des notes des pauvres potaches, je trouve que c’est extrêmement grave et à la limite révoltant.

En effet, je peux comprendre qu’en toute responsabilité un éducateur refuse de corriger les copies d’examen, c’est sa liberté de choisir, mais de là à exercer une rétention de notes, je me dis qu’ils sont entrain d’empiéter dans les libertés d’autrui. Je m’explique.

Cette liberté de choix ne doit pas être en contradiction avec la nécessité d’un « vivre ensemble » intelligent. Chacun doit dépasser ses propres revendications pour essayer de s’accorder avec les autres pour des solutions qui soient communes, qui permettent de respecter les uns et les autres. La liberté de faire la grève ne doit pas se faire au détriment des libertés fondamentales de l’enfant. Cela nécessite le respect de chacun d’entre nous.

Le contrat qui les lie est clairement défini : l’enseignant apporte le savoir à l’élève et  l’évalue périodiquement. Lors de cette évaluation, l’élève fournit une copie à travers laquelle il est noté. La copie de l’élève n’appartient pas à l’enseignant, encore moins sa note ! J’aurais été élève, j’aurais traîné en justice tout professeur qui aurait gardé par devers lui ma copie après l’avoir corrigée.

Lorsque les agents de santé faisaient une rétention des données, il s’agissait des rapports d’activités intéressant plus la tutelle que le patient qui avait déjà bénéficié des soins, reçu ses bulletins d’analyses et autres services offerts par la structure (poste de santé, maternité, centre de santé et hôpital).  Le conflit se passe entre l’Etat et les agents de santé.

Imaginons un instant, qu’un médecin refuse de communiquer les résultats des examens d’un patient, qu’il est entrain de suivre. La suite est facile à deviner. Comparaison, n’est pas raison, mais à chaque situation sa spécificité et une copie peut ne pas être conforme. Sachons gérer les conflits et ne faisons pas d’amalgames.

Et dans cette gestion des conflits, les associations des parents d’élèves (APE) ont un rôle très important à jouer dans cette affaire. Leur responsabilité est également engagée, si leurs enfants perdaient cette année scolaire. Grand père, grand mère, papa, maman, vous avez payez des fournitures, acheté les feuilles de copie, donné le billet du transport à votre enfant pour qu’il fréquente l’école, ne l’abandonnez pris qu’il est en otage, dans un conflit qui ne le regarde pas.

En négociant avec le gouvernement sur la base d’une plateforme revendicative, des avancées significatives ont été observées sur certains points, ce que les syndicats d’enseignants ont même reconnu de par leurs déclarations dans la presse. L’augmentation du point indiciaire avec toutes les incidences financières y afférant (indemnité d’enseignement, complément spécial de solde, indemnité de résidence entre autres) est un fait. J’ai cru savoir qu’en négociation, il faut savoir engranger des acquis et ensuite dresser entre les différentes parties un calendrier de résolution des points qui restent sans solution immédiate ou sans avancée significative. Oui savoir laisser du lest et ne pas trop tirer sur une corde qui risquerait alors de se rompre. Lorsque les enseignants demandent 20 000F d’augmentation sur l’indemnité de logement et l’Etat leur en donne 15 000F, il n’y a pas de quoi faire souffrir le martyre à ces pauvres élèves. En allant en négociation on ne doit pas prendre comme référence le traitement fait à tel ou tel autre corps professionnel (les magistrats pour ne pas les nommer), mais y aller avec ses propres arguments et savoir convaincre.

Ce n’est un secret pour les sénégalais, qu’à la tête de ces syndicats se trouvent en majorité des membres du PIT et de la LD/MPT, qui ne voient que du rouge. Connaissant leur détermination à saborder toutes les actions du gouvernement, ils prennent ainsi en otage les élèves et les parents d’élèves. Les fuites en avant n’ont jamais résolu les conflits. Sachons raison garder et mesurons la responsabilité de nos actes.

La situation est préoccupante pour que l’Etat, la société civile (très peu entendue dans cette situation de l’école), les enseignants, les amicales écoles, les parents, prennent leurs propres responsabilités devant ces pauvres élèves qui demandent d’aller tranquillement en vacances loin du stress et de l’angoisse des salles de classes.

Dr Talla Diop, Pharmacien

CES Contrôle Qualité des Médicaments et des aliments

[email protected]

 



1 Commentaires

  1. Auteur

    Allons Y Molo

    En Octobre, 2010 (18:36 PM)
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