La hantise de l’écrivain devant la page blanche ; le même sentiment m’étreint ce matin et pourtant, il faut bien parler de cette tragédie que nous avons tous vécue dans le tréfonds de notre être, dans notre chair. En nous inclinant devant la mémoire de nos morts (repose en paix Khady Diouf), on ne peut ne pas faire une introspection. A-t-on tiré les conséquences de cette catastrophe? Sommes-nous plus civiques? Plus respectueux de l’autre? Plus conscients que notre liberté s’arrête là où commence celle de l’autre? Plus patriotes?
Ne Nous voilons pas la face et osons au moins le pari des réponses. Il faut le souligner pour s’en attrister: on est toujours prompt à décrier les nombreux accidents de la circulation alors que l’on ne réfléchit jamais à deux lorsque la date de la visite technique de notre véhicule est largement dépassée : «on n’a pas le temps, ce matin, une réunion urgente nous attends (la réunionite faut aussi qu’on en parle bien un jour!). On ne rechigne pas à entrer dans un bus hyper bondé de monde alors qu’on a la possibilité d’attendre le prochain, idem pour le « car rapide ou Ndiaga Ndiaye» les marchepieds sont aussi prisés que le «salon» alors que l’autoroute ressemble à un marché tellement les piétons l’empruntent au risque de leur vie en ignorant royalement les passerelles aménagés à leur effet, pour plus de confort à la circulation des personnes et des biens.
Face à cette situation de totale ignorance ou mépris des règles édictées par le législateur, il faut se demander si l’instruction civique fait encore partie des programmes scolaires, le cas échéant, un appel solennel est lancé aux conseillers avisés du Ministère de l’Education pour enrichir les curricula dans cette discipline fort importante, pour ne pas dire la plus importante. Balayer en classe, c’est par exemple montrer à l’enfant, dès le bas âge que la propreté est un élément vital pour toute vie humaine.
Cela nous amène à poser, de manière évidente, la problématique de cet article, en nous gardant bien sûr de donner des leçons; le but étant juste de contribuer à une réflexion sur le changement de comportement : Nous aimons notre cher pays le Sénégal? Alors donnons-nous les moyens de le montrer au quotidien.
Lors de débats, souvent passionnants , jamais passionnés, avec des collègues, amis ou parents, de vive voix ou dan le cadre de réseaux sociaux, nous abordons souvent cette problématique en nous émouvant de la dégradation du sentiment national, de ce patriotisme que nous chantons si bien dans notre hymne national; et il me revient cette douloureuse expression: « mbédou bour» (traduction intelligente: on fait ce qu’on veut dans la rue, elle n’appartient à personne!) Souvent, ces mots ne viennent pas toujours d’analphabètes (c’est-à-dire des gens qui n’ont fait ni les bancs de l’école française, arabe, encore moins les daaras) mais bien de citoyens (?) qui se targuent de la pompeuse épithète «intellectuel»(!) et qui, mélangeant liberté et licence, et abusant de leur prérogative de porteurs de voix, entraînent la masse vers les cîmes de l’incivisme.
Cela se traduit d’abord par une pollution visuelle (où est cet architecte qui, en faisant une boutade, disait qu’il allait organiser un concours des horreurs architecturales, puisque, au nom de la lourde bourse qu’ils détiennent, certains citoyens changent les façades de leurs maisons en défiant les règles les plus élémentaires de construction!). Pire que l’attristement des adeptes de la norme, cela se traduit , souvent, hélas, par des situations tragiques comme l’affaissement de bâtiments dont les fondements ne peuvent plus supporter la construction en hauteur; il est temps que l’on fasse appliquer, dans sa stricte rigueur, le code de l’urbanisme et, par ricochet, réfléchir de manière profonde à l’harmonisation des constructions dans nos capitales régionales et villes et arriver , un jour, à ce que, parlant de Dakar, Saint-Louis ou Rufisque , l’on dise la ville rose, bleue ou blanche tellement l’architecture et les tons y sont maîtrisés.
En attendant une politique hardie sur la question, la rue, notre rue, est devenue bien laide. Elle croule sous le poids de l’inconscience de ses usagers et il est bien loin le temps où nos grand-mères nous disait que balayer devant sa porte attirait à la personne qui le faisait un bonheur éternel puisque soucieuse du bien-être de tous.
La Constitution, qui s’est substituée depuis longtemps au propos bienveillants de grand-mère, garantie pourtant à tous le droit de vivre dans un environnement sain et demande aux Sénégalais, bénéficiaires de ce texte fondamental, de s’en donner les moyens. Le premier moyen, le plus important dont nous disposons dis-je, c’est bien la volonté qu’attendons-nous pour la mettre au service de la propreté ? L’autre ne disait –il pas que la rue reflète l’intérieur de nos demeures? Je veux bien croire que nous nous aimons et aspirons à notre bien-être!
Ensuite, la pollution sonore. Combien de fois n’a-t-on pas été obligé de passer une nuit blanche, faute de ne pouvoir dormir pour une manifestation X ou Y organisée en pleine rue, et dès fois, sous notre propre fenêtre s’il vous plaît. Hors, ces évènements culturels, sportifs, cultuels ou religieux, auraient tout simplement pu être circonscris dans les endroits aménagés à cet effet. A quoi servent nos Centres Sociaux-culturels et nos CEDEPS (Centres Départementaux de l’Education Populaire et Sportive) par exemple? Si des politiques sont dessinées dans presque tous les secteurs, le citoyen a le devoir de participer à leur essor. Tout en gardant à l’esprit nos droits, engageons-nous un peu plus à exercer nos devoirs! J’invite nos sociologues à réfléchir sur les motifs d’abandon, par nos populations, de ces lieux dédiés.
A croire que l’occupation anarchique de l’espace publique est devenu une mode …indémodable sous nos cieux ; sinon, comment expliquer que les propriétaires d’immeuble prennent sur eux de louer de facto les rez-de-chaussée à des commerçants (le pire c’est une boutique de tailleurs qui travaillent toute la nuit. si vous êtes juste au-dessus, c’est insomnie garantie tous les jours parce que rares sont les immeubles bénéficiant d’un système d’isolation). En cas d’incendie, c’est tout frais pour les pauvres locataires!!
Tout ceci doit enfin nous emmener à revoir notre liberté, la manière dont nous la vivons et ce vers quoi elle nous engage ; car, finalement, et pour paraphrase Jean –Paul Sartre, la prospérité de notre Nation en dépend.1
Nafissatou Diouf
Journaliste, Doctorante en Lettres
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