Le président de la République, Me Abdoulaye Wade, veut se rattraper après avoir sacrifié Moussa Touré pour le poste de Président de l’Uemoa au profit du Mali. Par conséquent, il compte aller jusqu’au bout pour le poste de Président de la commission de la Cedeao. Poste pour lequel, le Burkina a proposé un candidat. Mais d’ores et déjà, le Président de la Côte d’Ivoire et son homologue de la Guinée Conakry affichent leur soutien pour Blaise Compaoré. Mais, le numéro 1 Sénégalais compte sur le soutien du Mali et de la Gambie ainsi que sur la consigne de vote du Nigeria, premier contributeur de la Cedeao. Les femmes de l’organisation sous-régionale (Afao), de leurs côtés, invitent de leur côté Me Wade et Compaoré au consensus et au dialogue.
C’est au mois de février prochain que le sommet des chefs d’Etat de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao) doit se réunir pour élire le Président de la Commission de la Cedeao. Un poste pour lequel deux candidats francophones sont en lice : le Sénégalais Aziz Sow et le Burkinabè Jean De Dieu. Et, le choix risque d’être difficile pour les chefs d’Etat. Surtout que l’élection oppose deux pays de la Francophonie. Le Burkina Faso qui a été surpris par la candidature du Sénégal ne compte pas lâcher le morceau. Même si le poste de vice-président est occupé par un Burkinabè. Déjà, le Président Blaise Compaoré a réussi à décrocher le vote de la Côte d’Ivoire et de la Guinée Conakry. Deux voix qu’il a pu obtenir grâce à la médiation qu’il est en train de mener pour le retour de la paix et de l’ordre institutionnel dans ces deux pays. Contrairement à la Côte d’Ivoire qui ne changera pas de position à cause des relations heurtées entre Laurent Gbagbo et Wade, la Guinée pourrait retourner sa veste du fait de la diaspora guinéenne établie au Sénégal.
Le Nigeria «faiseur de roi»
La position de quatrième contributeur de la Cedeao derrière le Nigeria, la Côte d’Ivoire et le Ghana donne également de fortes chances de prendre le poste de la Présidence. Du fait qu’il n’a jamais occupé le fauteuil de Président depuis 1975. Il s’y ajoute qu’il peut compter sur le vote des pays anglophones qui n’hésiteront pas à suivre les recommandations du Nigeria, premier contributeur, sans oublier les voix acquises du Mali et de la Gambie. Du côté du Nigeria, des sources renseignent que, si le Président nigérian Yar Adu’a n’était pas cloué au lit pour des raisons sanitaires, «un consensus allait être trouvé entre le Sénégal et le Burkina Faso». Néanmoins, le candidat du Sénégal, Aziz Sow, a le profil requis pour prendre le fauteuil. Car, il a été ministre de l’Intégration africaine, ministre de la Communication et Porte-parole du gouvernement du Sénégal. D’autant plus qu’il a eu à représenter le Sénégal dans plusieurs sommets de la Cedeao. Des raisons qui ont poussé le président de la République, Me Abdoulaye Wade, à porter son choix sur lui. Bien vrai que Pierre Sané a été une fois pressenti comme candidat du Sénégal pour le poste, mais il n’a jamais été ministre. Une fonction obligatoire pour pouvoir postuler à la Présidence de la Commission de la Cedeao. C’est pour cette raison qu’il a été écarté, d’autant plus qu’il est en fonction à l’Unesco. Me Abdoulaye Wade, qui fait face également aux nombreuses critiques de l’opposition du fait de l’absence des Sénégalais dans les institutions internationales, veut se rattraper en prenant le fauteuil de la Cedeao. «Il a sacrifié le Sénégal au poste de l’Uemoa au profit du Mali. Le Sénégal est absent dans les institutions internationales. Au plan international, Mme Ndioro Ndiaye va bientôt quitter l’Oim, sans oublier Assane Diop, directeur exécutif du Bureau international du travail (Bit), chargé de la Protection sociale, qui va aussi bientôt terminer son mandat», regrettent des cadres sénégalais.
Les femmes de la Cedeao appellent au consensus
Pour éviter que le Sénégal ne boude une deuxième fois les instances de la Cedeao, les femmes de la Cedeao réunies autour de l’Ong international Afao appellent les Présidents Wade et Compaoré au consensus et au dialogue. En fait, le Sénégal avait boudé le poste de Commissaire chargé du genre et du développement humain, occupé présentement par Adrienne Diop. Et, c’est Khady Fall Tall, présidente régionale de l’Afao et président de l’Afao-Sénégal qui prend les devants pour inviter le Sénégal et le Burkina au consensus. «J’appelle les Présidents Wade et Compaoré au consensus et à la discussion. Et, si la Cedeao en arrive à faire voter des pays, ce serait un échec. Nous, en tant que femmes, notre rôle social c’est de garder le temple. Et celui que nous gardons s’appelle la Cedeao. C’est ce qui nous oblige à nous mobiliser à chaque fois que la Cedeao traverse une situation assez délicate comme on n’est en train de le constater. Et la position des femmes est importante dans le dispositif de la Cedeao. Et, ce serait dommage que seulement entre Francophones que la Cedeao aille au vote. Parce que, quand on perd, il y a des conséquences. Actuellement, dans le dispositif de la Cedeao, ni le Burkina, ni le Sénégal n’a intérêt à aller au vote pour des raisons objectives.»
Pourquoi la candidature de Aziz Sow ?
«Le Sénégal occupe un poste de commissaire qu’il a tardé à prendre, parce qu’il n’était pas content. Nous tous sommes mobilisés pour que le poste soit occupé. Cette fois-ci encore, si le Sénégal est frustré, ce n’est pas bon. Et que le Président Wade est critiqué à cause de l’absence des Sénégalais dans l’échiquier sous-régional. Parce que la Cedeao a toujours remplacé son premier Secrétaire exécutif dans le système et son Président dans le consensus», dit Khady Fall Tall. Cette dernière qui ne cache pas son soutien pour Aziz Sow reconnaît que son organisme se trouve dans une position délicate. «Que nos chefs d’Etat, comme d’habitude, n’aillent pas au vote pour choisir un candidat. Nous, c’est ça notre problème. Le Burkina est positionné, il a sa raison. Nous, nous avons été informés plus en détails de ce pourquoi le Sénégal a un candidat. Peut-être que je suis Sénégalaise, mais nous, nous pensons que la candidature de Aziz Sow est appropriée pour qu’au moins le Sénégal puisse avoir les leviers pour montrer ce qu’il peut apporter à la politique de l’Intégration», souhaite la présidente de l’Afao. Toutefois, l’Afao qui s’active dans le domaine de la santé, de l’agriculture, de la distribution des moustiquaires dans les 15 pays de la Cedeao invite les Etats à prendre beaucoup plus au sérieux leur politique d’intégration en imposant un ministère de l’intégration dans les pays de la Cedeao.
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