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Economie

Absence de missions, déficit de contrôle, mesures correctives couteuses…: L’Anoci manage des échecs

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Absence de missions, déficit de contrôle, mesures correctives couteuses…: L’Anoci manage des échecs

A quelques heures du démarrage de la rencontre des ministres, en prélude à la tenue du sommet de l’Organisation de la conférence islamique (Oci), à Dakar, sur fond d’un constat et d’un aveu quant à des retards ou à une absence de livraison à date échue, de certains travaux d’infrastructures routières et hôtelières, le doute, ce «sel de l’esprit» pour reprendre le philosophe Alain, commande et recommande d’essayer d’entrer dans l’intelligence du pilotage, pendant près de quatre ans, de ce projet confié à l’Anoci (Agence nationale pour l’organisation de la conférence islamique). Loin des controverses politiques ou politiciennes, souvent sujettes à des postures subjectives et à des polémiques stériles, nous sommes allés à la rencontre d’un expert en Management pour confronter ses éléments d’analyse avec les faits, les réalités, les actions et autres initiatives développées par l’Anoci, en tant qu’organisation chargée de manager les travaux prévus dans le cadre du sommet de l’Oci, à Dakar. Ancien membre du Bureau organisation et méthode (Bom) mis en place par le Président Senghor, Directeur général de la Lonase sous le régime socialiste, Abdoul Aziz Tall possède des connaissances avérées dans le domaine du Management. Son expertise en la matière vient d’être confirmée par sa nomination depuis janvier 2008 comme ambassadeur des diplômés Hec Montréal au Sénégal. Avec Abdoul Aziz Tall, «le Sénégal rejoint, indique une correspondance du président du Comité international-Réseau Hec Montréal, les 25 pays qui comptent des ambassadeurs». C’est dire donc que, pour ce dossier relatif au Management, par l’Anoci, des travaux prévus en direction du sommet de l’Oci, nous sommes allés à la rencontre d’une source autorisée.

Abdoul Aziz Tall, expert en Management, s’évertue ici à fixer le préalable pour toute organisation qui veut s’engager dans un projet et le réussir. Pour lui, la première étape en la matière consiste à opérer des choix entre plusieurs options. C’est ce que les managers appellent les «demandes en compétition». En effet, comme il l’a déjà fait ressortir, il est nécessaire pour un manager de bien maîtriser le sens de sa mission, «faute de quoi, il navigue comme dans un bateau sans gouvernail ; un bateau qui, même s’il a un capitaine, n’arrivera probablement pas à bon port». En matière de choix, parmi les demandes en compétition, le Sénégal aura sacrifié beaucoup de secteurs stratégiques pour le développement, en faveur des travaux de l’Anoci.

Abdoul Aziz Tall, spécialiste en Management, insiste beaucoup sur la définition d’une mission. S’il en est ainsi, c’est surtout parce que c’est là, comme il le souligne, le point de départ du processus de prise de décision par rapport aux objectifs qu’on cherche à atteindre. Par essence, les organisations ont des ressources limitées face à des demandes en compétition. Voilà pourquoi «un manager doit prendre de bonnes décisions et dégager des priorités», fait-il remarquer. Le Manager doit s’évertuer à réduire la marge d’erreur dans les décisions qu’il est appelé à prendre. C’est la raison pour laquelle certaines grandes sociétés se font assister par tout un système d’aide à la prise de décision qui a souvent recours à des modèles mathématiques très complexes. La capacité à prendre de bonnes décisions est un des baromètres d’appréciation de la qualité d’un leader, de la crédibilité du Manager. Elle permet de distinguer le leader au style informel de celui qui est formel, ou si l’on préfère l’amateur du professionnel. Peter Drucker d’ajouter que «rares sont les managers qui prennent des décisions au rythme des rafales d’une mitrailleuse et qui arrivent à atteindre la bonne cible». Pour Abdoul Aziz Tall, le manager est un peu à l’image d’un père (ou d’une mère) de famille face à son salaire. Ce dernier n’utilise pas son revenu mensuel n’importe comment, car il a des priorités, des arbitrages entre, par exemple, l’achat de la ration alimentaire, la facture d’eau, celle de l’électricité et du téléphone, la scolarité des enfants etc.

Donc, on peut assimiler «les demandes en compétition», aux différentes rubriques auxquelles on utilise, par exemple, un salaire. En tout état de cause, il est impératif pour un manager de se fixer des priorités, de «faire un choix par rapport à des demandes en compétition» ; donc de «sélectionner selon l’ordre de prescription et l’intérêt accordé à tel ou tel secteur : quand on n’a pas les moyens de se payer en même temps un costume neuf et honorer son loyer, on risque gros de se voir expulser de son logement si l’on choisit de s’habiller d’abord», conclut M. Tall.

Essayons un peu de voir si dans sa démarche managériale, l’Etat, notamment l’Anoci qui en est une structure organisationnelle, s’est conformé à ces exigences en termes de demandes en compétition. Quelle est l’option qui a été prise par rapport à des demandes en compétition au Sénégal qui ambitionne de rentrer dans le club des pays émergents ? On remarquera, alors, que face à des secteurs «demandeurs» comme l’Agriculture, la Pêche, la Santé, l’Education, le Tourisme, l’Energie etc., le régime dit de l’alternance, le Président Wade, précisément, a pris l’option de privilégier la création de l’Anoci à partir de laquelle, le Sénégal se dotera d’infrastructures dites de la dernière génération (réaménagement et/ou création de routes, de ponts, construction d’hôtels). Il y a là, si on se réfère à la problématique des demandes en compétition, analysée par l’expert en management, Abdoul Aziz Tall, un choix manifestement déconnecté des réalités et des exigences d’un Sénégal, appartenant aux Pays pauvres très endettés. Il y a donc quelque chose d’erroner dans le choix de prioriser la construction d’infrastructures concentrées dans une partie de Dakar (la Corniche, la Vdn, la route de l’aéroport, les réceptifs hôteliers) par rapport à des secteurs comme l’Agriculture, la Pêche, le Tourisme ou la Santé qui font vivre plus de la moitié de la population sénégalaise.

Quoi donc d’étonnant que ces secteurs vitaux de notre économie nationale soit, aujourd’hui, chacun, frappé d’un malaise incontestable. Le monde rural, au-delà des dérisoires et futiles querelles sémantiques sur l’existence d’une famine ou d’une disette, est plongé, aujourd’hui, dans une désespérance à la limite du supportable. Les industries, autrefois fleurons de notre économie, comme les Ics, la Sar, ne résistent plus que sous l’effet de perfusions financières sporadiques. Les manifestations criardes de la crise dans l’Education et la Santé se traduisent par l’enlisement de ces secteurs dans des grèves récurrentes. Les négligences coupables des secteurs de la Pêche et du Tourisme ont conduit des milliers de jeunes à emprunter les routes éphémères et suicidaires des océans, pour un hypothétique Eldorado européen. Sans que l’on ne s’interroge sur ce qui apparaît là comme un signe éloquent d’illusions perdues après des promesses trahies.

Au regard de l’état général de ces secteurs, il apparaît nettement qu’en matière d’option par rapport aux demandes en compétition dans la situation de notre pays, il y a eu là un manque de perspicacité et d’ambitions pour mettre le Sénégal sur l’orbite de l’émergence. On aurait même pu admettre que l’Etat misât sur les infrastructures routières pour favoriser à l’intérieur du pays le désenclavement de zones aux potentialités agricoles, halieutiques, touristiques à même de booster la circulation des marchandises, des biens et des personnes. Mais là, le choix du manager a été peu inspiré puisqu’elle a consisté, après la définition d’une mission confuse, en une déclinaison de travaux pour les besoins d’un Sommet qui durera moins d’une semaine et dont l’organisation présage déjà d’une ardoise lourde de dettes et de délestages au niveau du Trésor public. Et au fond, tout renvoie à la problématique de l’efficacité et de l’efficience, selon l’approche managériale (lire ailleurs).

 



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