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Economie

AFRICAMER, SENEMER, SOCHECHAL… Quand la Pêche fait naufrage

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AFRICAMER, SENEMER, SOCHECHAL… Quand la Pêche fait naufrage

Pilier important de l’économie du Sénégal en termes d’entrées de devises, le secteur de la pêche ploie aujourd’hui sous des difficultés sans précédent. Pourvoyeur d’emplois, avec en moyenne plus de 500 000 actifs, 12% du Pib du secteur primaire et 2,5% du Pib total, la pêche traverse une zone de tempête qui oblige les industriels à mettre la clé sous le paillasson. Senemer, Africamer, Sochechal, Interco, entre autres entreprises de pêche, ont fini de se noyer dans les eaux troubles d’une gestion gabegique dépourvue de tout système de contrôle. Le secteur de la pêche se noie. Les sociétés de pêche ferment à la pelle. Déversant dans la rue plus de 500 000 travailleurs. En dépit des 21 ateliers, 31 unités de transformation, 4 unités de valorisation de sous-produits, 2 conserveries et 2 unités de transformation artisanale et un entrepôt frigorifique que l’on dénombre sur l’ensemble du territoire, la pêche marche aujourd’hui avec des béquilles. De 2000 à nos jours, pas moins d’une dizaine d’entreprises ont fermé boutique. Sochechal a jeté en 2002 ses 1 600 employés dans les rues de Ziguinchor. A Dakar, Senemer a lâché ses 800 travailleurs. Africamer a contraint ses 2 500 employés au chômage. A cela s’ajoutent les 1030 travailleurs de la Pêcherie frigorifique du Sénégal (Pfs), sans oublier les 1 300 employés de Interco. Et la liste est longue pour un secteur occupé à 80% par les femmes. Une catastrophe sociale causée par une combinaison de plusieurs facteurs, notamment la gestion opaque et laxiste de certains chefs d’entreprise, mus par leur cupidité au détriment de l’intérêt de leur société. Pour le secrétaire général du syndicat national des travailleurs des industries alimentaires, Lamine Fall, «les difficultés que rencontre le secteur de la pêche découle d’un manque de vision politique de nos gouvernants». Ce secteur devrait selon lui, «être traité comme celui de l’agriculture, notamment l’arachide qui bénéficie d’un fonds de calamité». M. Fall, par ailleurs secrétaire général adjoint de la Confédération nationale des travailleurs du Sénégal (Cnts), estime qu’en plus du manque de vision politique dont font montre les autorités, «le plus grave réside dans le pillage de nos eaux. L’Etat a signé des accords de pêche avec l’Union européenne. Ces accords donnent le droit à cette institution de pêcher dans nos eaux avec des bateaux congélateurs qui n’ont aucune valeur ajoutée sur l’économie nationale. L’argent de ces accords ne contribue pas à soutenir les entreprises de pêche».

La gabegie érigée en règle de gestion

La gestion calamiteuse est la chose la mieux partagée dans le secteur de la pêche. Une gestion gabegique dépourvue de tout système de contrôle. «Les chefs d’entreprise détournent l’argent. Ils vendent des conteneurs à l’étranger et bloquent l’argent dans des comptes extérieurs. Une situation que nous dénonçons depuis 2002 au sein de notre syndicat (le syndicat national des travailleurs des industries alimentaires, ndlr)». Le cas de Africamer est un exemple assez illustratif. «Africamer n’a même pas de comptes certifiés», déplore Lamine Fall.

Africamer : une référence tire sa révérence

Africamer, naguère une référence dans le secteur de la pêche, a perdu son lustre d’antan. L’entreprise dirigée pendant longtemps par l’actuel ministre des Sports, El Hadji Daouda Faye, agonise aujourd’hui si elle n’a pas fini de tirer sa révérence. La société se débat dans une situation chaotique. Plus de 2500 employés désormais occupés à raser les murs. Des pères et mères de familles en détresse. Leurs enfants exclus du système scolaire pour non-paiement, sans oublier les centaines de foyers détruits. Les permanents sont restés 13 mois sans salaires. Les journaliers pour leur part, n’ont pas vu la couleur de leur argent depuis plus de 15 semaines. Ils accusent leur directeur d’être responsable de la faillite de l’entreprise. Nos tentatives pour joindre M. Georges Gabrielli sont restées vaines.

Les «péchés» de la Pêche

Le secteur de la pêche n’est pas exempt de péchés, en ne respectant pas certaines normes sanitaires. De l’avis du directeur des Petites et moyennes entreprises (Pme), Ibrahima Diouf, les entreprises de pêche ne respectent pas les normes sanitaires. «Ceci a un impact sur la productivité du travail. Par conséquent, les pays asiatiques qui sont nos concurrents sur le marché extérieur, ont un rendement plus élevé. Ils ont donc plus de productivité dans le travail, plus de revenus distribués et leurs produits sont plus compétitifs», dit-il. Il s’y s’ajoute la cherté des facteurs et coûts de production comme l’eau, l’électricité, le carburant. «Une entreprise de pêche qui paye cher ses facteurs et coûts de production ne peut pas être compétitive. En 2002, le gaz-oil était à 105 fcfa pour les armateurs. Il est passé aujourd’hui à 300 fcfa. Et seul l’Etat peut trouver une solution à ce problème», confie le secrétaire général du Syndicat national des travailleurs des industries alimentaires.

Faiblesse de la taille des entreprises

L’une des principales raisons de la crise du secteur de la pêche résulte de la faiblesse de la taille des entreprises. «La principale contrainte de ce secteur se résume à l’émiettement et à la faible taille des entreprises. L’émiettement est défavorable à la compétitivité des produits sénégalais sur le marché extérieur, notamment les marchés américains. Il s’agit de produits transformés, tels que le sole, les espèces nobles comme la dorade, le mérou, les crevettes, les langoustes», explique le directeur des Pme. Ibrahima Diouf ajoute : «L’autre contrainte, c’est la question du financement des entreprises de pêche. Ces entreprises n’ont pas accès aux financements à cause du caractère aléatoire de l’activité de la pêche. Les captures sont irrégulières, les banques ne financent pas et la situation n’est pas favorable à la réalisation d’investissements productifs.» Le patron des Pme rappelle : «Pour la pêche artisanale, en 2003, le rapport du Groupe de grappe de la stratégie de croissance accélérée fait état de 6 700 unités de pêche exploitant les stocks démersaux côtiers (une variété de poisson). De 1988 à 2003, les captures totales de la flotte nationale pour les espèces démersales côtières se situent en moyenne autour de 100 000 tonnes».

Un Conseil présidentiel pour une «rédemption» du secteur ?

Le président de la République a émis l’idée d’organiser un Conseil présidentiel qui devra plancher sur tous les problèmes qui gangrènent le secteur de la pêche. Une rencontre au sommet qui pourrait être «l’arche de Noé» pour un secteur qui fait naufrage de jour en jour. Des solutions urgentes sont attendues et non des projets qui sortiront de terre en 2007. «L’Etat a proposé une fusion entre la Société d’exploitation des conserveries du Sénégal et la Pêcherie frigorifique. Une solution intéressante qui tarde à se réaliser. Il faut que l’Etat accélère la procédure», recommande le secrétaire général du Syndicat national des travailleurs des industries alimentaires. Dans le cadre de la congélation comme à Africamer, Lamine Fall appelle l’Etat à appuyer «financièrement et techniquement le secteur, mais surtout en termes de restructuration». Par rapport aux accords signés entre l’Etat du Sénégal et l’Union européenne, le responsable syndical répète : «Nous ne voulons plus de licences pour les bateaux congélateurs. Il faut privilégier les bateaux glaciers qui peuvent approvisionner correctement les entreprises à terre». Des recommandations que le Conseil présidentiel sur la pêche, devra prendre en compte pour la relance des entreprises en difficulté dans le secteur de la pêche et des industries halieutiques.



1 Commentaires

  1. Auteur

    Ndong Lamine

    En Juillet, 2019 (16:57 PM)
    Je suis marié
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