Vendredi 26 Avril, 2024 á Dakar
Vendredi 01 Juin, 2018 +33
Economie

Cherté de la vie : les Sénégalais trinquent

Single Post
Cherté de la vie : les Sénégalais trinquent

La chose la plus partagée de nos jours reste, sans nulle doute, la cherté du coût de la vie qui frappe les Sénégalais de plein fouet et les difficultés de tout genre qu’elle a engendrée. Au point qu’aujourd’hui la société sénégalaise semble entamer une métamorphose sans précèdent. Aucune couche sociale n’est épargnée. Malheureusement ni les uns, ni les autres n’entrevoient qu’une faible lueur d’espoir.

La crise énergétique et alimentaire mondiale qui a éclaté depuis bientôt un an se fait durement ressentir par les sénégalais. Car, en rendant la vie particulièrement chère, cette situation oblige nos concitoyens, quelle que soit leur couche sociale, à consentir encore plus d’efforts pour leur survie. Elle les rend aussi vulnérables davantage, face à un quotidien qui était déjà peu reluisant. Ainsi, qu’il soit Ngoné l’étudiante, Lamine le chômeur, Monsieur Ndiaye le cadre ou Ndeye Faye la ménagère, nous les avons tous suivis et essayé de nous immiscer dans leur vécu quotidien. Nous avons découvert, catégorie par catégorie, des sénégalais qui ont un sort commun : La souffrance.

Héroïnes

A voir le vécu quotidien de ces sénégalaises, on se rend compte de leur bravoure. Car, malgré les grèves répétitives que l’université Cheikh Anta Diop (Ucad) enregistre chaque année, Mme Thiam a pu poursuivre ses études jusqu’en Master en Droit privé général. Résultat, elle perçoit une bourse mensuelle de 60 000 FCFA.Mais n’allez surtout pas lui faire comprendre que cette ressource la met quelque peu à l’abri, car cette jeune étudiante est déjà soutien de famille. Elle consacre le 1/3 de sa bourse, soit20 000 frs, à sa maman, qui est ménagère, et ses deux petites sœurs. Le reste, Mme Thiam le consacre à des dépenses bien ciblées. Etudiante de troisième cycle, elle doit faire des recherches sur le net et photocopier beaucoup de documents. Pour de telles activités, elle doit débourser chaque mois 30 000 frs. . N’étant pas logée au campus, elle doit presque chaque jour quitter la cité SHS où elle habite pour venir à l’université où elle suit ses cours. Cela lui coûte chaque mois entre 7000 et8000 frs. Voilà que les 60 000 FCFA de Mme Thiam s’épuisent presque, alors qu’elle doit régler le problème de la restauration. C’est pourquoi nous confie-t-elle, chaque jour elle se rabat sur un sandwich, un peu d’eau et des jus de fruit, et le tour est joué.

Quant à Ndeye Faye, une ménagère qui habite au quartier Layene à Yoff, les difficultés de la vie et le malheur, ce petit bout de femme en a vraiment connus. En la côtoyant, elle nous fait ce témoignage : « En l’espace de trois ans j’ai perdu mes deux gendres et mon mari. Et tous les trois vivaient ici même, avec moi, dans la maison ». Puis cette dame ajoute que son mari en quittant ce bas monde l’a laissée avec cinq enfants et son propre frère et elle est la seule aujourd’hui à les prendre en charge.

Pour celà, elle quitte chez elle le matin à 7 heures pour se rendre à la plage de Tongor à Yoff.Si elle trouve du poisson, elle en achète pour une valeur de 15000f et en remplit sa bassine. Puis c’est le long parcours qui doit l’emmener dans beaucoup de quartier pour écouler son produit. Elle retourne chez elle vers midi. Avec la maigre somme tirée de ses ventes, cette brave dame essaie de préparer pour sa famille un repas réduit à sa plus simple expression, selon ses dires. Le dîner est aussi pareil. Pour ne rien arranger l’eau comme l’électricité lui sont coupées. Conséquence, elle s’éclaire à la bougie et compte sur la générosité d’une bonne volonté pour trouver de l’eau.

Mourir de chômage

Alioune et Abdoulaye sont deux chômeurs. Le premier est titulaire d’un Bts en comptabilité. Après un stage de 6 mois dans une entreprise de la place, il peine à trouver du travail. Fatigué de faire des demandes de stage sans réponses, Alioune préfère baisser les bras. Chaque jour, il reste au lit jusqu’à 10 h. Le reste de la journée, Alioune le passe devant le petit écran pour zapper entre la soixantaine de chaînes du bouquet. Il prend du thé ensuite, et va faire du sport. Devant une telle situation Alioune souffre de son desoeuvrement et de la culpabilité de demeurer une charge pour ses parents.

Pour Abdoulaye, la situation est encore beaucoup plus compliquée. Ce jeune a eu la malchance d’arrêter ses études en classe de Cm2.Il a quand même appris le métier de mécanique auto. Seulement voilà depuis 2004, des autorités les ont déguerpis de leurs ateliers. Depuis Abdoulaye s’est contenté de quelques emplois journaliers de temps à autre. Mai, il y a à peine un mois, Alioune entreprit de se rendre en Espagne par la mer. L’aventure fut stoppée net par les gardes de la marine nationale. C’est le retour à la case de départ. A 27 ans Alioune qui est fils aîné n’en peut plus de rester célibataire et de voir son père aujourd’hui à la retraite , peiner à l’entretenir lui et ses jeunes frères.

Riches- pauvres

Dans le beau quartier de Nord Foire ou nous l’avons trouvé M. Ndiaye est à l’image de ses voisins : Il est riche. Ce monsieur est un jeune cadre dans une entreprise de la place. L’appartement qu’il occupe est tout ce qu’il y a de plus confortable. Au dîner on sert un plat de macaroni à la viande. Puis c’est le dessert : Orange, pomme…Mais, l’apparence est souvent trompeuse. Rien que pour l’appartement qu’il occupe lui et sa petite famille (sa femme et leur seule fille), il paye 130 000 frs. S’il ajoute à cette somme, le salaire de la bonne la facture d’eau et d’électricité, la dépense quotidienne, l’alimentation et les soins du bébé…, M. Ndiaye doit débourser chaque mois une somme avoisinant 300 000 frs. Pour une famille, de trois membres seulement...

Dans ces conditions M. NDIAYE se voit obliger de refuser le prêt véhicule que son entreprise voulait lui octroyer avec indemnité kilométrique. Car il devait rembourser ce prêt par une retenue de 50 000 frs sur son salaire. Allant plus loin dans ses mésaventures de riche-pauvre, M. Ndiaye nous explique comment il est obligé de se serrer la ceinture chaque jour. « Il nous arrive, au bureau, de ne pas aller manger à midi parce qu’on a épuisé nos tickets de resto, mes collègues et moi » Aussi tient-il mordicus à son opinion : « Dans cette situation, les riches sont devenus pauvres et les pauvres plus pauvres encore ».



0 Commentaires

Participer à la Discussion

  • Nous vous prions d'etre courtois.
  • N'envoyez pas de message ayant un ton agressif ou insultant.
  • N'envoyez pas de message inutile.
  • Pas de messages répétitifs, ou de hors sujéts.
  • Attaques personnelles. Vous pouvez critiquer une idée, mais pas d'attaques personnelles SVP. Ceci inclut tout message à contenu diffamatoire, vulgaire, violent, ne respectant pas la vie privée, sexuel ou en violation avec la loi. Ces messages seront supprimés.
  • Pas de publicité. Ce forum n'est pas un espace publicitaire gratuit.
  • Pas de majuscules. Tout message inscrit entièrement en majuscule sera supprimé.
Auteur: Commentaire : Poster mon commentaire

Repondre á un commentaire...

Auteur Commentaire : Poster ma reponse

ON EN PARLE

Banner 01

Seneweb Radio

  • RFM Radio
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • SUD FM
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • Zik-FM
    Ecoutez le meilleur de la radio

Newsletter Subscribe

Get the Latest Posts & Articles in Your Email