Le ministre conseiller auprès du président de la République, Christian Sina Diatta, a apporté des éclaircissements sur l’annonce faite à Oussouye, lors de la campagne électorale, par le président de la République, Me Abdoulaye Wade sur l’installation d’une centrale nucléaire au Sénégal. Pour lui, cela n’est point un propos de campagne électorale car le Sénégal s’est inscrit dans le processus d’acquisition d’une centrale nucléaire depuis deux ans et que toutes les grandes puissances nucléaires le soutiennent.
M. le ministre, le président de la République, lors de la campagne électorale, avait annoncé la création d’une centrale nucléaire. Cela a suscité un grand débat. Est-ce une réalité ou un simple propos de campagne ?
C’est le moment de le préciser qu’il y a eu une conférence mondiale organisée par l’Agence internationale de l’Energie atomique (AIEA) à Paris sur les centrales du XXIe siècle et en prenant en compte les problèmes d’environnement. J’y suis allé. On était que quatre pays africains à y être invités. On y a noté la présence de grandes puissances nucléaires. Aujourd’hui, les centrales nucléaires sont sûres, eu égard aux avantages que tout le monde connaît. Car elles constituent la solution pour préserver l’environnement, d’autant que les pays en développement qui construisent un grand nombre de centrales au charbon au pétrole et au gaz contribuent à polluer l’atmosphère, donc à accroître la perturbation de la météorologie. Des méfaits perceptibles par tous de nos jours.
Aujourd’hui, c’est l’énergie qui définit la géopolitique mondiale. Je vous donne l’exemple du gazoduc qui a été construit depuis l’Union Soviétique jusqu’en Europe occidentale pour alimenter les pays d’Europe. L’Iran aussi veut des centrales nucléaires. L’Iran ne maîtrise pas son pétrole et voudrait bien s’affranchir, à l’image des pays comme la France, la Belgique, de la dépendance par rapport au charbon et autres énergies. Pour ces pays cités, 80 % de leur énergie est nucléaire.
Donc l’option du Sénégal de réaliser une centrale nucléaire procède de l’option mondiale. Car les pays les plus avancés dans ce domaine ont pris la résolution d’appuyer les pays en développement à réaliser des centrales. Donc cette conférence a été une occasion ou une sorte de prise de position de soutenir les pays en développement qui pourraient s’engager dans le domaine. Le Maroc est déjà engagé résolument dans ce processus. Il est en train de réaliser une centrale nucléaire orientée, dans un premier temps, vers la recherche. L’Afrique du Sud a déjà deux centrales nucléaires et est en train de réaliser un nouveau type de centrale à but commercial à l’échelle internationale. Le Nigeria est aussi dans cette dynamique. Donc cette option du Sénégal procède d’un double choix : pouvoir progressivement s’affranchir de la dépendance par rapport aux énergies fossiles que sont le charbon, le pétrole et le gaz et l’option de préserver l’environnement.
Est-ce vous qui dirigerez la centrale ?
C’est au président que revient la décision. Pour le moment ceux qui nous assistent c’est-à-dire les sociétés multinationales qui travaillent avec nous sont là pour faire en sorte que la Centrale puisse s’installer le plus rapidement possible soit à l’échelle purement nationale ou en collaboration avec des autres pays. Pourvu que nos réseaux électriques soient interconnectés parce que la première centrale doit avoir une puissance du dixième de la puissance existante. Entendez que notre puissance actuelle sera reconfigurée de telle sorte qu’il puisse avoir une possibilité d’alimentation un grand nombre de zones, de pays et que le réseau soit revu de telle sorte qu’il puisse fonctionner de manière continue.
Avez-vous une garantie des grandes puissances pour réaliser ?
Oui, on a une garantie des grandes puissances nucléaires. J’ai fait une mission à l’Aiea dans ce sens. Auparavant, il y avait des contacts qui ont été pris par le président de la République. Donc ce n’est pas seulement une déclaration qu’il a fait à Oussouye pour des propos de campagne électorale. C’est une option sur laquelle le chef de l’Etat a travaillé depuis un certain temps et il a déjà pris des contacts avec des puissances nucléaires qui sont derrière le Sénégal pour l’appuyer à réaliser cette centrale nucléaire. Également, il fallait répondre, dans le cas où l’option serait rendue publique, aux questions liées au traitement de déchets, des combustibles nucléaires déjà recyclés ou alors stockés quelque part.À cet effet, j’ai aussi fait une mission en France, précisément à la Hague où il y a le plus grand centre de retraitement des combustibles nucléaires. C’est d’ailleurs ce centre qui reçoit des combustibles venant de l’Union Soviétique, du Japon et de partout, sans compter ma mission à Réva, dans une société qui s’occupe de la stabilité du réseau du transfert de l’énergie. Toutes ces structures ont donné leur accord de soutien au Sénégal. Donc, vous constatez que ce n’est pas des propos de campagne. Il s’agit d’une question sur laquelle nous travaillons depuis deux ans environ. Et les sociétés spécialisées sont prêtes à nous accompagner. Car vous savez, sans la maîtrise de l’énergie, il n’y a pas lieu de penser au développement.
L’annonce a été faite à Oussouye. Est-ce à dire que la centrale sera implantée dans le département ?
Non. Une centrale nucléaire ne s’installe pas selon des choix disons géographiques purement ou économique, mais sur la base de critères bien précis. La centrale nucléaire comprend un cœur et des autres éléments de fonctionnement que l’on refroidisse. Pour cela, le sol doit être également stable. Si l’on considère les conditions de toutes les zones du Sénégal, il aura une optimisation par rapport au choix de l’endroit. Je ne pourrais pas dire que ce sera dans tel ou tel endroit. Mais je puis dire que ce n’est pas parce que le président l’avait annoncé à Oussouye qu’elle sera installée à Oussouye. Il a fait l’annonce à Oussouye parce que j’étais là et qu’il me donnait l’occasion d’en parler certainement. Mais le choix sera fait au moment venu et ne je ne suis pas sûr que sera à Oussouye. Mais, dès que le choix se fera, on discutera avec des populations pour qu’elles puissent se préparer à accueillir la centrale et bénéficier de cette centrale comme les populations de la France, de la Belgique, où il y a plusieurs types de centrales. Donc avec cette centrale, le Sénégal va entrer dans une nouvelle ère de modernité pour que son développement puisse être fait dans une perspective de garantir aux générations futures une continuité d’une vie meilleure.
0 Commentaires
Participer à la Discussion