DELESTAGES RECURRENTS D'ELECTRICITE

Gti toujours out, les pétroliers en mal de jus, Sénélec se dédouane

Journées noires ou plutôt journées dans le noir, les 20 et 21 février derniers pour les usagers sénégalais qui ont dû s'éclairer à la lumière de la bougie. La Sénélec "s'excuse" à travers un communiqué de presse reçu hier à notre rédaction et dans lequel, elle met en cause la panne de la centrale Gti et les problèmes techniques auxquels seraient confrontés deux de ses fournisseurs de combustibles.

La Sénélec assure avoir auparavant pris "toutes les dispositions pour faire face au déficit prévisionnel en attendant la mise en service prochaine de nouvelles centrales, en louant une centrale temporaire de 40 MW depuis mars 2005". Seulement, depuis quelques jours et surtout durant les journées des 20 et 21 févriers derniers, les perturbations constatées dans l'alimentation en électricité du Sénégal se sont exacerbées entraînant un déficit de 125 MW au total de l'offre d'énergie soit le tiers de la demande du réseau électrique, selon le texte du communiqué de la Sénélec.

Cette situation, la Sénélec l'explique d'une part par la panne de la centrale privée GTI qui s'éternise depuis le 26 décembre 2005 et qui devait pourtant fournir près de 50 MW. Comme si cela ne suffisait pas, voilà que d'autre part, les fournisseurs en combustibles de la Sénélec n'ont pas été en mesure d'honorer leur engagement pour cause de problèmes techniques, entraînant ainsi l'arrêt de certaines centrales et occasionnant l'indisponibilité de 75 MW indique toujours le texte du communiqué.

Ce que le communiqué ne dit pas et que l'on apprend par ailleurs, c'est que la centrale temporaire de 40 MW louée par la Sénélec depuis mars 2005 à coup de 1,8 milliards de FCfa par mois à la société Agreco pour parer au déficit de puissance de la Sénélec, est livrée irrégulièrement en combustible depuis 2 jours, tandis que la turbine à gaz de Bel Air (32 MW, la plus grosse consommatrice de combustibles parmi les trois turbines à gaz qui tournent à plein régime), n'a été livrée que partiellement, hier mardi. De même que la centrale au niveau du Cap des biches.

En réalité, même si les responsables de la Sénélec ne les citent pas, on comprend bien qu'en fait de fournisseurs, il s'agit principalement de la Sar(Société africaine de raffinage) qui seraient confrontée à un problème d'approvisionnement et des problèmes logistiques notamment au niveau de la tuyauterie. C'est ainsi que la Sar n'aurait pas été en mesure, le lundi 20 février dernier, de fournir du combustible à la Sénélec. On remarquera la situation plutôt cocasse si l'on considère qu'il y a peu, c'est la Sénélec qui devait quelque 7 milliards de FCfa de dettes à la Sar. Dette qu'elle aurait totalement épongé alors qu'aujourd'hui, c'est la Sar qui lui doit du jus et qui, lui fourguerait d'ailleurs du fuel de mauvaise qualité, information toutefois non confirmée.

Qu'à cela ne tienne, les problèmes de logistique auxquels sont confrontés les pétroliers (Total, Shell) s'étendent au pipe-line au niveau du Port autonome de Dakar(Pad) et qui appartient à ces mêmes pétroliers. Ce pipe-line qui le relie le port à la centrale de Bel Air est aussi en panne depuis belle lurette.

En définitive, si la Sénélec assure dans son communiqué mettre "tout en œuvre pour un retour à la normale dans les meilleurs délais", il semble que les sénégalais peuvent s'attendre à passer encore longtemps, au moins jusqu'au mois d'août prochain, date à laquelle est prévue la mise en service d'une nouvelle centrale de 60 MW, des journées dans le noir.

Au moins un mois?

Depuis le 25 décembre 2005, date à laquelle une panne est intervenue à la centrale de ladite structure sise au Cap des Biches, l'opérateur privé Gti ne fournit plus d'électricité à la Société nationale d'électricité (Senelec). En fait, il s'agissait d'un incendie qui a affecté la centrale qui fournit 50 mégawatts à la Senelec. À l'époque, rappelons-le, les techniciens expliquaient cette situation par le fait que la machine qui sert de relais entre la turbine à gaz et l'alternateur s'est brisé. Depuis, la panne serait toujours en réparation alors que le président de la Commission de régulation du secteur de l'électricité, Ibrahima Thiam, avait dès lors émis le souhait que ces désagréments "soient abrégés le plus rapidement possible avec la réparation rapide de la panne", tandis qu'au même moment, le directeur technique de la Gti déclarait qu'"il faut au moins un mois pour que sa centrale fournisse à nouveau de l'électricité à la Senelec".