DEVALUATION DU FRANC CFA - L'aide de Diouf a été ‘'déterminante''

L'aide de l'ancien président sénégalais Abdou Diouf pour la dévaluation du franc CFA en 1994 a été ‘'déterminante et riche d'enseignements'', a révélé Michel Roussin dans son dernier livre intitulé ''Le gendarme de Chirac''. Pour rendre confiance aux investisseurs en assainissant les économies des Etats d'Afrique francophone, il fallait ‘'redonner au CFA une valeur qui ne soit artificielle''.

Dans ce sens, ‘'l'aide du président de la République du Sénégal sera déterminante et riche d'enseignements'', écrit Michel Roussin, ministre français de la Coopération qui a été, à l'époque, à l'origine de la dévaluation du franc CFA.

''Durant les périodes délicates de mes fonctions de ministre, le président Diouf a été l'interlocuteur que j'ai pu solliciter pour lui demander des avis'', a-t-il ajouté dans son livre dont des extraits ont été publiés par l'hebdomadaire francophone parisien ‘'Jeune Afrique''.

''Il aura été l'un de ceux qui m'ont aidé à découvrir, d'une façon peut-être plus subtile, les réalités africaines. Les nombreux entretiens que nous avons eus ont été formateurs. Dans son langage clair et précis, il m'a aidé à accomplir ma mission dans de bonnes conditions''.

''Suivant la grande tradition africaine, a-t-il poursuivi, le président Diouf a constamment pris en compte les remarques des uns et des autres, portant une grande attention aux arguments de ses interlocuteurs. Il est de ceux qu'il faut écouter''.

''Cette dévaluation était nécessaire. Plusieurs fois reportée, il fallait le courage politique de la décider'', estime Michel Roussin, rappelant qu'en fin 1993 déjà, ‘'la dette africaine dépasse le Produit national brut (PNB) du continent (108 pour cent)''.

Alors que l'aide publique au développement représentait à l'époque plus du dixième du revenu national et que les Etats ne finançaient leurs dépenses de fonctionnement courant ''que grâce à l'aide extérieure'', le France assurait ''la couverture des déficits budgétaires, contribue au remboursement pour les Etats des prêts octroyés par les bailleurs de fonds''.

Selon lui, ''objectivement'', l'aide française finançait les salaires d'une fonction publique ‘'pléthorique mais reste insuffisante pour satisfaire les besoins d'investissement de l'instrument productif''.

''Dans ces conditions, la seule solution raisonnable réside dans un réajustement monétaire permettant d'augmenter la compétitivité des productions africaines'', souligne Michel Roussin.

Il a rappelé que l'idée de la dévaluation du franc CFA ''remonte en fait en 1991'', mais une première tentative a été ''un échec cuisant'' en juillet 1992, même si le dossier était ''techniquement mûr'' et avait l'aval des autorités françaises concernées.

''Mais il n'y avait eu aucune concertation préalable avec les dirigeants africains. Trente minutes de conversation entre trois leaders - Abdou Diouf, Omar Bongo, Félix Houphouët Boigny - ont suffi au président Mitterrand pour mesurer la forte réticence africaine. Le projet est enterré'', écrit-il.