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Economie

DEVELOPPEMENT AGRICOLE ET RURAL : Ces urgences qui attendent la tutelle

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DEVELOPPEMENT AGRICOLE ET RURAL : Ces urgences qui attendent la tutelle

Les statistiques agricoles biaisées de la dernière campagne agricole 2006-2007, les décisions floues du dernier Conseil interministériel sur la présente campagne agricole, l’impréparation de la campagne agricole 2007-2008, le retard pluviométrique, la non atteinte de l’objectif de collecte de 185 mille tonnes de la dernière campagne de commercialisation arachidière, les programmes spéciaux, la cacophonie du plan Reva… Ce sont autant de contraintes qui risquent de compromettre les ambitions du gouvernement pour le secteur agricole. 

« Quand le secteur agricole, secteur vital et essentiel regroupant 70 % de la population et base de notre économie fonctionne bien, des revenus sont distribués car ses effets diffusants sur l’économie sont infinis en tant que base de l’ensemble des activités de notre pays, d’où son importance capitale et stratégique », dixit Amath Sall, ministre récemment élu de l’Agriculture et du Développement rural, lors de la cérémonie de passation de service. Celui qui considère que « les priorités du monde rural sont des priorités stables » a décliné les orientations qu’il s’est fixé, lesquelles tournent pour l’essentiel autour de « la création des conditions de prospérité du monde rural, étant entendu que l’objectif de réaliser notre souveraineté alimentaire qui va de pair avec l’objectif de développement et de prospérité du secteur ». Toutefois, force est de constater que les assurances du ministre butent sur certains facteurs endogènes et exogènes limitants qu’il convient de remédier pour postuler à toute agriculture durable et performante. Et si l’on n’y prend garde, la croissance économique risque de se dissiper en 2007 comme ce fut le cas en 2002 avec les pluies hors saison.

L’équation de la maîtrise de l’eau, des semences, des intrants et du matériel agricole

Cette décélération conjoncturelle de la croissance du PIB sera en bonne partie imputable aux contre-performances du secteur agricole dues essentiellement à l’impréparation des paysans et à la pluviométrie déficitaire et inégalement répartie dans le temps et dans l’espace en cette fin du mois de juillet. Avec seulement 4 % des terres arables, la non opérationnalité du programme Baawan et les limites des bassins de rétention et des lacs artificiels reposent la lancinante question de la maîtrise de l’eau pour toute agriculture qui se veut performante et durable. Déjà au titre de la campagne agricole 2006-2007, le gouvernement s’était fixé un objectif de collecte de 205.000t répartie entre les trois huiliers de la place pour respectivement 185. 000 t pour la Suneor, 15.000 t pour la Novasen et 5.000 t pour le Complexe agro-industriel de Touba (Cait). Au finish, cet objectif n’a pas été atteint. Aussi, la prévision de récolte de 491.000 t au titre de la campagne agricole 2007-2008 risque tout bonnement d’être compromise avec l’impréparation qui a caractérisé la présente campagne agricole. En atteste la distribution inégale des semences et des intrants (engrais et produits phytosanitaires) plus la récurrente question de l’équipement du monde rural, malgré toutes les assurances données sur le matériel indien (tracteurs, matériels d’irrigation et autres équipements) et les stocks résiduels invendus du matériel de fabrication local de la Sismar. Ajouté à cela, la dépendance de l’agriculture sur la clémence d’un ciel qui tarde encore à ouvrir ses vannes, le retard pluviométrique risque fort d’engendrer une chute drastique des rendements et une baisse prononcée des productions agricoles ( céréales, arachide d’huilerie et arachide de bouche). Par ailleurs, malgré l’embellie que connaît la filière oignon local grâce à la mesure d’arrêt des importations par l’Agence de régulation des marchés (Arm) en collaboration avec les commerçants importateurs, la filière tomate industrielle fait les frais du différend entre la Socas et Agroline. Une situation conflictuelle que la fédération des producteurs d’oignons déplore vigoureusement et qui risque de porter un très sérieux coup à la filière. Il en est de même pour la filière cotonnière qui est perturbé par un marché international défavorable.

La problématique des programmes spéciaux

Le lancement tous azimuts de programmes spéciaux (mais, riz, manioc, sésame, bissa, tournesol, biocarburants, blé dur), est venu compliquer une situation agricole qui semblent échapper à la vigilance des techniciens du développement agricole et rural. Et les statistiques annoncées sont loin de refléter la réalité. Si l’initiative des programmes spéciaux pour relancer des filières porteurs est saluée par tous, l’impréparation et la précipitation ayant précédé leur élaboration et mise en œuvre expliquent en grande partie leur échec. Ce que résume bien cet agro-économiste et qui recoupe le sentiment de beaucoup de décideurs approchés, qui estime qu’ « un programme ne s’élabore pas sur un simple coup de tête et c’est dommage que ceux qui ont été formés à bonne école ni les bénéficiaires ne sont associés dans leur élaboration ». D’où la cascade d’échecs qui caractérise tous les programmes spéciaux en cours d’exécution. L’exemple le plus illustratif est le Programme national d’autosuffisance en riz dont 14 milliards 850 millions ont été déjà mobilisé rien que pour la composante équipement agricole, qui devrait être cédé aux riziers de la vallée du fleuve et du bassin de l’Anambé. Malgré la mise en place de deux commissions techniques (Production et Mise en marché et transformation) mises en place pour sa faisabilité, ce programme, qui vise la production de un million de tonne de riz blanc à l’horizon 2012 risque de faire long feu. Et au rythme où vont les choses, la tyrannie du riz ne va pas s’estomper de sitôt pour dire que les importations massives de riz ont encore sans conteste encore de belles années devant elles. Au total, avec ses défaillances tous azimuts, les deux nouveaux ministres en charge de l’Agriculture et du développement rural ont du pain sur la planche.

Le Reva, une politique agricole controversée.

Interpellés sur la politique agricole actuellement en vigueur, nos interlocuteurs ont déploré son inexistence. Arguant que le plan Retour vers l’agriculture (Reva) ne saurait être assimilé à une politique agricole. Ce que semble toutefois ne pas partager ses défenseurs qui avancent que le plan Reva s’inscrit dans le cadre du développement durable et consiste à créer une dynamique nationale de retour massif des populations vers la terre afin de fixer les populations dans leurs terroirs et faire des métiers de l’agriculture le soubassement de l’économie nationale et de l’agriculture le moteur du développement. Ils estiment également qu’il est planifié au niveau national et régional avec comme maître d’œuvre le ministère du plan. Enfin, le Reva vise à ramener le déficit du compte extérieur courant hors dons en dessous du seuil de 5% retenu par la norme communautaire de l’Uemoa dans le cadre du Pacte de convergence, de stabilité, de croissance et de solidarité ; un des huit critères non encore respecté par le Sénégal. Ce qui fera dire à Farba Senghor, le ministre sortant, que « nous avons obtenu les financements et il reste à le réaliser et mes successeurs vont faire le reste ». Pendant la phase pilote d’août 2006 à décembre 2008, le plan Reva prévoyait la mise en place de 550 pôles d’émergence intégrés et de 50 pôles de 1000 ha chacun pour le volet promotion de l’initiative privée dans le domaine agricole à plusieurs niveaux pour un financement global de 237 milliards de F Cfa. A l’heure actuelle, seuls 13 pôles sont crées selon les autorités en charge de l’agriculture. Les plus osés, qui qualifient le Reva « de scandale », demandent d’ailleurs tout bonnement « l’audit de ces treize pôles qu’ils prétendent avoir crées ».

Sur la même lancée, nombre d’observateurs avertis des réalités du monde rural continuent de s’interroger sur la valeur réelle de la Loi d’orientation agrologie pastorale (Loasp) adoptée et promulguée en juin 2004. A les croire, « si la loi reconnaît les métiers de l’Agriculture, il n’en demeure pas moins que l’absence de Décret d’application la rend inutile ». Revenant également sur la tenue du Dakar agricole en Février 2005 pour réduire la fracture agricole mondiale, ils considèrent ce forum comme « une grande messe, un simple show ».



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