Si le combustible suffisant lui était fourni aujourd’hui, la Senelec garantit de pouvoir fournir l’électricité sans problèmes et de faire oublier les délestages. S’agissant de ces perturbations, le directeur de la boîte prétend qu’elles sont provoquées par la rétention de combustible par les compagnies pétrolières.
Samuel Sarr a tenu hier à présenter ses excuses et celles de ses collaborateurs à tous les consommateurs et au peuple sénégalais à propos des délestages. Au cours d’une conférence de presse au siège de la Senelec, le directeur général de la compagnie nationale de distribution de l’électricité reconnaît les «désagréments causés par les interruptions brutales et importantes de l’électricité», et accepte que tout le monde fasse de lui sa tête de turc.
Et pour ceux qui pensent que son limogeage, à défaut de sa démission, est une question qu’indispensable, l’ancien conseiller financier de Me Wade rappelle, faussement fataliste : «C’est la volonté de Dieu qui m’a placé à cette place. Je ne dis pas que je suis la seule personne digne d’occuper ce poste. Je la dois à Dieu et à la confiance du Président Abdoulaye Wade. Donc, si un jour je perds cette confiance, et que le président décide de me limoger, je dirais d’abord : Alhamdoulillah !»
Une manière pour le directeur Samuel Sarr d’affirmer qu’il a, avec son staff, fourni de grands efforts depuis sa nomination, pour faire face à ce qu’il qualifie de «concours de circonstances défavorables que la Senelec ne maîtrise pas». Il s’agit, essentiellement, de la rupture de stocks de carburant et de fuel qui, en mettant à l’arrêt la plupart des turbines, a créé les terribles délestages que connaît aujourd’hui l’ensemble du pays. Samuel Sarr précise même que «le manque de combustible a soustrait de notre parc énergétique, jusqu’à 125 Mw», près du tiers de la production normale, en somme. Pour démontrer ses efforts, la Senelec a initié hier une visite de ses installations par la presse. Il s’agissait de montrer, à Bel Air, où se construit une nouvelle centrale, à Kounoune 1, où le tandem Mitsubishi-Matelec s’apprêtent, dans les jours à venir, à installer trois turbines sur les dix qui doivent former la centrale de 60 Mw, à Mbao, où le transformateur qui doit suppléer celui de Hann est quasiment prêt, l’engagement de l’équipe à combler le déficit d’investissement dont la société a souffert depuis des décennies.
Si Kounoune 1 devrait pouvoir produire ses premiers Mw en août, la seconde phase, elle, ne devrait voir le jour que l’année prochaine. Il n’empêche que M. Sarr affirme que la reprise prochaine de la centrale de Gti, d’une capacité de 50 Mw, qui était tombée en panne, va fortement aider à résorber l’actuel déficit et revenir à une situation moins désastreuse. Si du moins, les pétroliers qui fournissent le combustible acceptaient d’y mettre du leur.
Dans le fond, pour le directeur général de la Senelec, les difficultés actuelles de sa compagnie, comme les malheurs des Sénégalais, proviennent de ses fournisseurs de combustibles, Shell, Total, Mobil et même la Société africaine de raffinage. Shell, suivi après par les autres, a voulu imposer à la société des garanties qui n’existaient pas dans le contrat. Cela reviendrait à mobiliser toutes les finances de la maison au seul profit des fournisseurs. Ce qu’il n’était pas possible à la direction d’accepter. En réaction, Shell a dénoncé son contrat de fourniture et Total et la Sar ont limité leur encours.
Toutes ces difficultés, ajoutées à l’inexistence d’un stock stratégique, ont poussé la société, avec le soutien du gouvernement, à chercher à se doter de cuves de stockage au Port, pour garder son combustible. S’y ajoutent des investissements pour l’acquisition d’une centrale au charbon, qualifié «d’énergie propre dont la matière première est plus disponible que le pétrole».
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