EN REPRESAILLES A L’AUGMENTATION DES PRIX - Les commerçants boycottent le sucre de Mimran

A partir de ce jour, jeudi 28 juillet 2006, les commerçants sénégalais vont boycotter le sucre de la Compagnie sucrière sénégalaise (Css). La décision a été rendue publique hier, mercredi 26 juillet 2006, lors d’une conférence de presse, tenu au siège de l’Union nationale des commerçants et industriels pour le développement économique et financier du Sénégal (Unacoidefs). La hausse des prix du sucre est à l’origine.

Ils avaient déjà exprimé vivement leur désaccord face à l’augmentation intervenue sur les prix du sucre commercialisé par la Compagnie sucrière sénégalaise(Css). Les commerçants-grossistes spécialisés dans la vente du sucre franchissent aujourd’hui un nouveau palier et décident de tourner le dos au sucre fabriqué et commercialisé par la Compagnie sucrière sénégalaise(Css) en ne le distribuant plus sur le territoire national. La mesure prend effet ce jour même, jeudi 27 juillet 2006, si l’on en croit les responsables de l’Unacoidefs qui ont tenu, hier, un point de presse à cet effet.

Sous la coupole des organisations comme l’Unacoidefs, l’Unacois, le Ges et les associations consuméristes, les commerçants comptent ainsi croiser le fer avec la Css face aux «agissements» de cette dernière, éructent-ils. Le secrétaire général de l’Unacoidefs, Ibrahima Lô a annoncé que : «à partir de demain (Ndlr : aujourd’hui), aucun grossiste ne va plus s’approvisionner à partir de la Css». Une mesure qui, selon lui, «sera en vigueur jusqu’à ce que la compagnie sucrière revienne sur sa décision d’augmenter le prix du sucre». Une vaste campagne de sensibilisation est envisagée envers leurs confrères établis dans les régions. Conscients de la pénurie et des spéculations qui vont découler de cette mesure, les commerçants ne doutent pas de la réussite du mouvement qu’ils comptent débuter ce jour. Le secrétaire général de l’Unacoidefs affirme d’ailleurs que «certains de leurs membres ont déjà débuté le boycott depuis l’annonce de la mesure d’augmenter le prix du sucre par la Css».

Outre l’augmentation du prix du sucre, l’ire des commerçants est accentuée par la péréquation exigée sur le transport qui, selon eux, était gratuit. Yankhoba Doumbia, grossiste à Dakar, assimile cette décision à du «vol». A l’en croire, «la Css importe du sucre qu’il revend au niveau du port de Dakar tout en prélevant le coût du transport Dakar à Richard Toll». Alors que, a t-il ajouté, «avec cette nouvelle mesure, un camion de sucre acheté à 14 millions de F Cfa ne rapporte que 50 mille F Cfa de bénéfice». Mouhamadou Wagué, grossiste établie au Plateau, lui, ajoute que : «le manque de considération affiché par la Css qui ne négocie même pas avec les acteurs, est inconcevable». Pour montrer l’incidence du coût du transport sur leur activité, Ibrahima Lô affirme que «l’augmentation de la péréquation sur le transport entraîne une hausse de 36 F Cfa sur le kilogramme du sucre en poudre et 35 F Cfa sur celui en morceau». Ce qui, à l’en croire, «porte le coût du transport à 457 000 Fcfa, de Richard Toll vers Dakar». Cette mesure va, selon lui, «porter le coût du camion de sucre transporté vers Kédougou à 1,178 millions de F Cfa, et vers Vélingara, plus de 37 mille F Cfa sur le prix idéal».

Cette rencontre avec la presse a été aussi une opportunité pour les commerçants de déverser leur bile sur la Css qu’ils ont traitée de tous les noms. Pour enfoncer le clou, en disséquant les «carences» de la société, Mame Tamsir Niane, grossiste à Dakar, a soulevé «les problèmes de qualité que causent les produits de la Css». Selon lui, «l’emballage de la Css est de mauvaise qualité car le sucre ne peut plus être stocké plus de deux semaines». Dans ce même cadre, son compatriote Yankhoba Doumbia, fustige le fait que : «la compagnie n’accepte plus les retours qui constituent les paquets de sucre endommagé».